PAI Partners : Opération résurrection

octobre 24, 2009

Imaginer Lionel Zinsou suivre un jour les pas de Jacques Foccart peut paraître quelque peu incongru ! Mais à y regarder de plus près, tous deux ont (à leur manière) contribué au retour d’un grand homme.
Avant de devenir le “Monsieur Afrique” de la Vème République, ce dernier fut l’un des principaux artisans du retour, en mai 1958, du Général de Gaulle au pouvoir à la faveur des événements d’Alger.
En organisant le retour d'Amaury de Sèze pour tenter de rassurer les 150 LP's du fonds PAI Europe V (5,4 Md€), au 1er rang desquels figurent BNP Paribas, Axa, CPPIB, Lionel Zinsou, président de PAI Partners (depuis 3 mois) a également mené son “opération résurrection”.
Pourtant les LP's du fonds PAI Europe III (1,8 Md€) ont récupéré plus de 3 fois leur mise notamment grâce aux sorties d’Elis, Saur et Vivarte.
S'il est légitime que les fonds “largecap” de la taille de PAI Europe V méritent discussions entre LP's et GP's pour adapter le modèle à la conjoncture, dans le cas présent les enjeux sont plus importants.
Composée de 60 professionnels répartis entre Paris, Londres, Madrid, Milan, Münich et Luxembourg, la nouvelle équipe attend l’issue d’un vote qui va décider de son sort. Désormais placé sous la responsabilité de Lionel Zinsou, le comité d’investissement a été remodelé pour mieux refléter l’équilibre entre les équipes régionales et sectorielles. Y figurent 3 représentants du bureau de Paris dont Michel Paris et Frédéric Stevenin. Les 3 autres membres sont les responsables des grands bureaux européens : Raffaele Vitale (Milan), Ricardo de Serdio (Madrid) et Mirko Meyer-Shönherr (Münich).
Conséquence du départ précipité de Bertrand Meunier et de Dominique Mégret, ce remake de “Petits meurtres entre amis” a déclenché la clause "key man” contenue les statuts du fonds.
Avec cette disposition, les LP's sont en mesure de se libérer de tout engagement sous réserve de réunir plus de 70 % des votes. Mais cela va plus loin. Egalement souscripteurs des précédents fonds dans plus de 90 % des cas et en particulier de PAI Europe IV (2,7 Md€), le plus exposé à la crise, les LP's peuvent aussi décider de confier la gestion des participations en cours à un tiers. Cette issue pour le moins radicale, signerait l'arrêt de mort de PAI Partners.
Du coup pour éviter d'en arriver là, son nouveau président a pris son baton de pèlerin pour négocier au mieux une réduction de la taille de PAI Europe V. Appelé à rejoindre PAI Partners, en mai 2008, qu'il avait conseillé, 10 ans plus tôt, sur le rachat de BSN Epicerie, l'ex-associé gérant de Rothschild & Cie ne serait pas étranger à l'incendie qu'il va tenter de circonscrire.
Pour assurer ses arrières, sentant le vent tourné, il se serait rapproché, avant l'été, de Baudoin Prot, inquiet de l'exposition de BNP Paribas sur l'equity et la dette de Monier. Ce dossier qui a fait perdre 256 M€ à PAI Europe IV, a servi à catalyser les griefs à l'encontre du binôme qui a succédé à Amaury de Sèze.
La rancœur de l'ex-patron de Volvo France, l'un des artisans de la tentative de fusion entre le groupe scandinave et Renault, à l'encontre de ses 2 anciens collaborateurs, commençait à animer les diners en ville. En désignant Didier Martin pour défendre ses intérêts, le binôme incriminé, au main de 60% du capital de la société de gestion, n'a pas dit son dernier mot.
Les performances de PAI où les dossiers distress ne sont pas légions, témoignent en sa faveur. Parmi les rares échecs, on recense l’italien Saeco payé 880 M€ en décembre 2003, et cédé à Philips, en juin 2008, pour 170 M€. Outre la perte de l’equity (200 M€), la dette d’acquisition dont BNP Paribas était MLA, a fait l’objet d’un write off de 65 % correspondant à une perte de 75 M€.
Sur Kaufman & Broad repris, en mai 2007, au plus haut du cycle immobilier, la valeur d’entreprise de cette participation de PAI Europe IV a été ramenée de 2 à 1,1 Md€ avec 800 M€ de dettes.
Autre sujet de controverse, la mise à jour lors du rachat d’Amec Spie de la facturation à la cible d’honoraires de montage de LBO. Sans parler de la position de BNP Paribas, principa LP's des fonds de PAI que l’on retrouve comme conseil à la vente et préteur de plusieurs LBO cédés ou menés par son ex-filiale. Avec la crise, cette situation a fini par créer d’inévitables tensions entre l’équipe leveraged finance et celle de PAI Partners.
Après s'être tiré d'affaire de façon magistrale, reste à savoir comment Lionel Zinsou va s'y prendre pour sortir le fonds dont il a hérité de la présidence, de ce mauvais pas ?