Baptisé son restaurant à impérial ’’La Bauhina’’ du nom de la fleur qui orne le drapeau de la RSA de Hong Kong et placer sous la coupole de verre, une vasque remplie d'orchidées pourpres, annonce d'emblée la couleur au client averti. Ouvert depuis 2 ans, l'un des 3 restaurants du Shangri-La Paris réservé au petit-déjeuner, tient son rang sans pour autant atteindre la qualité de service, sans pareil, réservée à ses clients en Asie. Exception faite de la présentation des quotidiens du matin (Les Echos et le Financial Time) dont la lecture vous distrait plus qu'elle ne vous informe, quasi pliés comme des chemises repassées. En revanche, l'impasse est faite sur la traditionnelle serviette à vapeur. Sur demande, elle vous est rapidement apportée - passée sous l'eau chaude - sans quelques entorses aux règles de l'art. Mais la place d'Iéna n'est pas Makati comme le Musée Guimet n'est pas l'Ayala Museum. Choses qu'Alain Borges, directeur général du Shangri-La, sait mieux que personne. Pour calmer le jeu, il a succédé, au pied levé, au ’’meilleur directeur d’hôtel du monde’’ décerné par les hospitality awards 2006 dont l'appétence à mener le personnel à la baguette (pas chinoise) lui a value d'être remercié par Robert Kuok en personne.
Très agréable,’’La Bauhina’’ est idéal pour prendre un B&B (business breakfast) en toute discrétion et encore plus si l'on se trouve à l'étage de cette élégante rotonde. Ce qu'apprécie ce managing partner d'un grand fonds de private equity aux qualités humaines et professionnelles indiscutables.
Le pianiste n'étant pas du matin, le piano à queue se fond dans la tapisserie. En son absence, le lieu où règne une ambiance feutrée et distinguée, est bercé de musique classique contribuant à préserver la confidentialité des échanges que l'espace, entre les tables, facilite d'autant.
D'un standing dépassant de loin celui du Raffles Royal Monceau où les nappes ne font pas partie du décor, supérieur au Bristol - apprécié d'un ancien président de l'AFIC parti s'exiler au Portugal - et avec un service moins ampoulé que celui pratiqué au Four Seasons Georges V, c'est une adresse à ne pas négliger. Même pour les habitués du Plaza Athénée confrontés à la perspective de se retrouver en galerie et de ne pas bénéficier de la même qualité de service du restaurant gastronomique quand celui-ci affiche complet. A moins qu'il ne s'agisse, pour les plus dépressifs, d'éviter comme à la ’’roulette russe’’ de tomber sur le breitzel, un croissant d'une simplicité déconcertante à vous rappeler, pour bien commencer la journée, les carottes Vichy servies comme plats de résistance à nos grands-parents. Néanmoins, ce croissant salé arrive à tirer son épingle du jeu avec une omelette au jambon-fromage.
Avec un dress code ’’chic décontracté’’ suggéré par la direction du Shangri-La et un service qui débute dès potron-minet à 6.30 AM, on risque plus de croiser des ’’bonnets de nuit’’que d'apercevoir la ’’facétieuse’’ princesse Maha al-Sudaïni connue pour ses check out mouvementés en plein milieu de la nuit et encore moins une bimbo slave dont l'opulence n'a rien à envier à la corbeille de délicates viennoiseries posée sur sa table où deux brioches rouge et marron font, souvent, office de décoration.
Pour les amateurs de thé, ’’La Bauhina’’ se distingue par la qualité de sa sélection comportant des grands crûs chinois qui fait défaut à ses pairs. A l'instar du jus de mangue frais, la touche exotique, accentuée par une orchidée posée sur une nappe étriquée, est au rendez-vous. Côté confitures comme pour les viennoiseries (croissant, pains au chocolat et au sucre) avec comme surprise du jour, un chausson aux pommes, le choix est réduit. Rien à voir avec la famélique sélection du Meurice (croissant, pain au chocolat) - et dans une certaine mesure celle du Bristol où le service est souvent let, très loin de l'extrême qualité dont l'hôtel se vante - agrémentée de simples confitures Fauchon. Décevant pour ce Palace dont le sistership offre pourtant à ses clients, outre un service d'exception, le meilleur choix - tant en diversité qu'en qualité - de viennoiseries, de confitures et de miel de la Place.