EY joue avec le feu

avril 7, 2015

Connu pour son club running entraîné avec brio par MMSport, le réseau alumni d'EY qui n'est pas à son 1er coup d'essai, a lancé un club d'art contemporain.
Pour son second rdv, après l'exposition Bill Viola au Grand Palais, ce jeune club frappe (très) fort.
Consacrée à la rétrospective Jeff Koons à Beaubourg, la salle exclusivement réservée au plus de 18 ans va être placée au cœur de cette visite particulière.
Cet alcôve accueille des photos (très) explicites des ébats sexuels de l'artiste et de la Cicciolina, l'une de ses ex-femmes. Même s'il faut vivre avec son temps, on est très loin de ce que Boucher et Fragonard suggéraient et plus près de nous Courbet dans l'Origine du monde, non sans talent.
Exposée en 1990 à la Biennale de Venise, cette série intitulée Made in Heaven avait poussé un désaxé à lacérer l'une des photos. Heureusement qu'en 2008, cette série ne faisait pas partie de l'exposition au château de Versailles consacrée aux 17 des œuvres les plus emblématiques de l'artiste américain.
Déjà que cette initiative n’avait pas manqué de déchaîner les foudres des mères de famille (collier de perles-carré Hermès) et d'autres habitués des lieux, on n'ose imaginer avec effroi qu'elle aurait été leur réaction.
Ne parlons pas de celle des sympathisants de Christine Boutin. En tout cas, après avoir découvert la ”force créatrice” dégagée par cet adepte de Savaldor Dali aussi perturbé par ses obsessions sexuelles que son appât du gain, les convives d'EY sont invités ”à poursuivre cette expérience chaude, concrète et conviviale, autour d'un déjeuner”. A moins d'être myope comme une taupe, ceux qui n'auront pas eu l'appétit coupé, risquent d’attirer la suspicion. Idem pour ceux passés à côté de l'admiration de l'artiste US à Marcel Duchamp pour son goût du ready-made, et celle pour son compatriote, Andy Warhol, le pape du pop art.
En 2012, au Grand Palais, Linklaters avait organisé un cocktail pour ses clients autour de l'exposition Helmut NewtonPaul Lignières et d'autres convives avaient été surpris à s'attarder devant certains clichés.
Deux ans plus tôt, Jean-Michel Darrois avait convié plusieurs de ses proches à dîner après l'exposition aux allures BDSM de Bettina Rheims intitulée Rose c'est Paris à la Bibliothèque Nationale.
Mais là, avec le focus sur Made in Heaven, EY a fixé la barre très haut. La provocation est un style à manier avec beaucoup de précaution au risque d'être facilement surpris par son effet boomerang. A moins que cette captation crépusculaire de l'art contemporain n'ait pour but recherché de créer le buzz pour se distinguer des autres clubs alumni ?