Raffles Royal Monceau : Le bar qui en dit long

décembre 12, 2015

Certes ”Errare humanum est” mais le responsable du bar du Raffles Royal Monceau ne risque pas d'être nommé ” l'employé modèle du mois, après s'être soustrait à ses devoirs, avoir manqué de discernement (inhérents à sa fonction) et tenté d'impressionner un habitué de La Cuisine.
En tenue décontractée, casual day oblige, ce dernier venait découvrir le bar à l'occasion d'un déjeuner light et informel convié par un associé M&A d'un magic circle.
En effet, la carte du Bar Long ne propose que des salades, des clubs sandwich, des croq et burgers, vraiment pas de quoi se taper la cloche”. Mais n'oublions pas que dans la Sainte Eglise catholique, le vendredi est ”jour maigre”.
Aussi retrouver un commissaire aux comptes du CAC 40 très soucieux de sa personne et toujours élégant en train de picorer une salade niçoise (44 €) en buvant une Chateldon (11 €) n'avait rien d'incongru. Déjeunant seul et installé à proximité (1,20 m) de la table incriminée, il n'était pas concevable d'y rester pour d'élémentaires raisons de confidentialité.
Dans pareil cas, il suffit de demander de changer de place pour que tout rentre dans l'ordre avant de passer commande.
Mais ce jour là, c'était sans compter sur la présence du maître des lieux qui tel un coq de basse-cour exige un minimum de déférence en particulier des nouveaux venus, histoire de bien marquer son territoire. S'en est suivi une conversation qui n'a pas lieu d'être dans ce genre d'établissement où cet endroit est pourtant présenté comme un lieu d’échanges et de rencontres où l’on s’arrête, converse, lit, se restaure des grands classiques des bars de palace ou de tapas chics.
Il parait concevable lorsqu'on désire changer de table de pouvoir dire que la nouvelle que l'on vous propose, ne vous convient pas sans s'entendre répondre sur un ton agacé ”mais vous pouvez le dire avec politesseManifestement la réplique ” souffrez que je ne me mette pas à genoux pour m'adresser à vous n'a pas du plaire à ce diplômé de l'école Vatel avec 4 ans d'expérience au compteur dans l'hôtellerie de luxe dont la moitié dans un resort à Bora Bora.
Prenant la mouche, cet impétueux butler (nom bien connu en restructuring) a aussitôt tourné les talons pour aller chercher la sécurité de l'hôtel, histoire de se donner encore plus d'importance qu'il n'en n'a. Peine perdue, ces 2 clients étaient déjà en train de quitter les lieux pour aller voir ailleurs. L'histoire se répète puisqu'un an auparavant, la présence (un mois durant) d'un bruyant piquet de grève devant l'entrée de l'hôtel avait dissuadé l'un des 2 convives à déjeuner au Il Carpaccio.
Comme le rappelle si bien Denis Courtiade, illustre maître d'hôtel qui n'a de cesse de redorer le blason du service à la française, directeur du restaurant Alain Ducasse au Plaza Athénée, ”C'est bien connu le talent ne s'invente pas”. Preuve est de constater qu'en matière d'accueil, Frank Abecassis n'échappe pas à cette règle. Nul doute qu'une célèbre nouvelle de Léon Tolstoï parue en 1895, mériterait de figurer en bonne place dans sa bibliothèque. Encore faudrait-il qu'il en ait une !