Hicham Naciri n° 1 au Top 50 de Jeune Afrique

février 22, 2018

Toute proportion gardée, Pascal Agboyibor a connu le même sort que Robert Mugabe et Jacob Zuma si l'on en juge par le dernier classement de Jeune Afrique qui l'a détrôné au profit d'un autre fils de ministre (band one chez Chambers) qui règne (tout comme lui) sans partage dans son pays.
Là encore, il faut faire preuve de retenue puisque le PIB du Maroc est 10 fois supérieur à celui du Togo dont le rayonnement économique en Afrique ne tient pas, un seul instant, la comparaison avec celui du royaume chérifien.
Autre différence (de taille), Hicham Naciri (n°1) dirige son cabinet éponyme solidement ancré à Casablanca, partenaire d'Allen & Overy tandis que Pascal Agboyibor (n°2), est global head de l'Africa desk d'Orrick, une US law firm dont il est associé. Cette distinction amplement méritée coïncide avec le retour du Maroc dans l'OUA après son retrait en 1984.
Doté d'une intelligence et d'une élégance que l'on retrouve plus chez le “renard du désert” que chez le “bélier noir”, le lauréat de cette 6ème édition est l'un des managing partners les plus en vue de ce magic circle présent dans 31 pays à travers 44 bureaux dont la bannière est celle de l'Union Jack et non du Stars & Stripes. Un détail (comme d'autres) qui a échappé aux auteurs de ce classement dédié aux meilleurs avocats couvrant l'Afrique francophone. Si de l'avis général, ce palmarès a le mérite d'exister, il est perfectible.
En tout cas, sa lecture ne laisse pas indifférent. Comparé au précédent, ce millésime est de moins bonne facture.
En dehors des immanquables “tchip” de réprobation qu'il déclenche par son manque de sérieux, il en rend plus d'un euphorique. Si certains ne peuvent s'empêcher de rire (parfois jusqu'à se décrocher la mâchoire), d'autres plus sérieux ont du mal à se contenir.
Surtout pour celui qui se retrouve dans la même position que Stéphane Caron lors des JO de Sydney commentant (tant bien que mal) le 100 mètres nage libre d'Eric Moussambani, courageux représentant de la Guinée Equatoriale.
En devenant, 17 ans plus tard, le 1er dirigeant africain condamné en France (3 ans de prison et 30 M€ d'amende avec sursis avec confiscation des biens saisis) dans le volet pénal des “biens mal acquis”, Teodorin Obiang, le vice et fils du président de ce petit pays coincé entre le Cameroun et le Gabon, est également entré dans l'histoire pour des raisons beaucoup moins louables.
Exercice (celui de commentateur pas de candidat à la noyade) d'autant plus difficile quand l'un des auteurs de ce classement porte (bien malgré lui) phonétiquement le nom du “Père la Victoire”, un ancien journaliste devenu homme politique puis sauveur de la France. En tout cas, la confiance qu'inspire son patronyme a certainement aidé à collecter auprès de 350 lawyers des informations sur 1300 deals.
Vu l'usage fait de cette récolte présentée par Jeune Afrique comme “un record qui en dit long sur l'importance accordée à notre palmarès par la profession”, certains contributeurs sont en droit de se demander s'ils n'ont pas “donné de la confiture aux cochons”. Et ce, en pleine campagne Me Too et Balances Ton Porc, des “affaires de blancs” dont l'Afrique semble être immunisé.
S'agissant d'un continent où les disparitions prêtent souvent à suspicion, on ne peut que s'inquiéter de l'absence de François Krottof. Plus de peur que de mal, cet “éléphant blanc”, pilier de sa practice, a pris sa retraite début 2018.
A la différence de Chrisptohe Asselineau, spécialiste mining et infra avec une prédilection marquée pour l'Algérie, intervenant régulier à la conférence Indaba de Captown, toujours en activité que Jeune Afrique a oublié comme d'autres. Norton Rose, son cabinet, est représenté par Anne Lapierre (n°17) et Alain Malek (n°23). En revanche, son ex-collaborateur, Yves Baratte (n°3) de Simmons & Simmons semble être beaucoup mieux apprécié si l'on en juge par la place flatteuse qu'il occupe aux dépens d'un confrère plus méritant.
Autre oubli de taille celui de Barthélémy Faye, cet associé de Cleary Gottlieb considéré comme, de loin, le plus brillant des avocats africains, incontournable sur les dossiers du Club de Londres et de Paris. Idem pour ce grand avocat en droit public d'une autre autre US law firm, gendre d'un grand ami de l'Afrique qui a activement participé à la refonte du code douanier d'un ex-pays du “pré-carré”. Mais à la décharge de Jeune Afrique, cette mission (menée en catimini) par une équipe où figure une collaboratrice de la trempe d'Alina Zagitova, n'a pas “transpiré”.
Attention, à ne pas tirer de conclusion trop hâtive et penser qu'il s'agit du Burkina Faso. Pays où Emmanuel Macron fraîchement élu, a tenu, à Ouagadougou, un discours (1 h 30 min) sur sa vision pour le continent africain devant 800 étudiants dans un amphi chauffé à blanc où son humour à l'endroit de Roch Marc Christian Kaboré “parti réparer la clim”, a fait mouche sur son auditoire. Beaucoup moins dans l'opinion publique toujours abasourdie par le discours de Nicolas Sarkozy à l'université de Dakar, au tout début de son quinquennat. Ecrit par Henri Guaino, son passage de triste mémoire sur l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire” sert de couvert à ceux toujours prompts à accuser les blancs d'avoir pillé leur pays. A ne pas confondre avec ceux se plaignant que les blancs leurs volent leurs femmes. Encore moins avec certains enfants d'immigrés affirmant que leurs pères ont construit la France. 
Après les oublis dont celui de Jacques Naquet-Radiquet partner chez Davis Polk, impliqué sur plusieurs cessions de Millicom en RDC, Ghana et Sénégal, passons aux anomalies qui ne manquent pas.
Évacuons au plus vite la “tentative d'extorsion d'Eric Laurent et Catherine Graciet” égratignant, en l'état de la procédure même si elle est bien avancée, la présomption d'innocence. Autre passage, “même les groupes chinois ont recours aux avocats d'affaires”, des propos maladroits susceptibles de passer pour insultants auprès du quart de la population mondiale connue pour sa susceptibilité à fleur de peau.
Voir Stéphane Brabant (n°46) relégué dans les profondeurs du classement précédé par 2 associés d'Herbert Smith (HSF), Nina Bowyer (n°34) et Bertrand Montembault (n°42) qui lui doivent tout, pourrait faire penser, de l'avis même de Gérard Depardieu, que le sens du respect se perd.
L'inoubliable interprète de Cyrano de Bergerac qui s'apprête à s'installer au Maghreb l'a rappelé à sa manière "Les algériens qui vivent à Marseille ne pourraient pas se comporter comme ils le font à Marseille en Algérie" provocant une levée de boucliers. Et que dire de l'absence de Jean-Jacques Essombé arrivé chez Bird & Bird comme head banque & finance mais également de l'Afrique dont le cabinet est représenté par Sophie Pignon (n°38), associée en droit public, transfuge d'Ashurst.
Juste derrière, Michel Lequien (n°39) dont elle a, un temps, dépendu, doit sa présence dans ce classement (soulignée avec à propos par Jeune Afrique) à l'appel d'offres remporté à un prix défiant toute concurrence sur le projet Gas to Power (5 Md$) lancé par l'ONEE, destiné à réduire la dépendance du Maroc au gaz livré par la Sonatrach. A noter, l'absence persistante et inexpliquée dans ce Top 50 de Samy Laghouati, managing partner du bureau de Gide à Alger. Celle de la Tunisie, chère à la famille Ben Yahmed, est plus compréhensible depuis le retrait du cabinet installé (pour peu de temps encore) Cours Albert 1er. De retour à Paris, Kamel Ben Salah se consacre désormais à plein temps aux financements immobiliers dont plusieurs “Sharia compliance”.
D'abord présenté comme (toujours) associé de Gide (grand absent du millésime 2017), puis chez Jones Day qu'il a rejoint, en juin 2015, Rémy Fékété (n° 26) fait partie des 7 privilégiés qui ont leur photo. Mais la place qu'il occupe ne reflète pas son poids en Afrique et encore moins sa proximité avec plusieurs acteurs y compris des dirigeants, bien plus important qu'il n'y parait.
A la surprise générale, DLA Piper est la law firm la mieux représentée avec Michael Ostrove (n°4), Eric Villateau (n°6), Alexander Brabant (n°20) simple homonyme du head Afrique et co-head mining group d'HSF et Christophe Bachelet (n°29) qui n'est pas apparenté à l'auteur de l'hymne du RC Lens, “Les corons”. En tout cas, bon nombre aimerait comprendre les raisons de ce traitement de faveur.
Outre le lauréat de cette édition, le Maroc est à l'honneur avec Mustapha Mourahib (n°15) qui passe devant  Delphine Siino Courtin (n°45), son associée de Clifford Chance en recul de 31 places contre 28 pour Kamal Nasrollah (n°33) de Baker McKenzie classé, l'an passé, devant Hicham Nacery.
En revanche, nulle trace de Laila Slassi d'Afrique Advisors créditée par Leaders League, sous les couleurs de Mayer Brown, du trophée d'or (une récompense souvent lourde à porter) dans la catégorie best team in Morocco. Immanquablement, le lauréat a ensuite été assailli par l'organisateur qui comme à l'accoutumée, lui a proposé divers services payants.
Rien d'étonnant pour un prix qui se tient dans le Bois de Boulogne où tous types de prestations sont tarifés. En tout cas, il a échappé à la vigilance de Jeune Afrique pourtant très au fait des tarifs du “plus vieux métier du monde” dans les capitales africaines.
Passé par HSF, Freshfields, Dewey Leboeuf puis Orrick, Olivier Mélédo (n°28) était présent aux côtés de Laila Slassi à la cérémonie au Pavillon d'Armenonville. Aussi à l'aise en Afrique qu'en Amérique Latine et bientôt aux Caraïbes, ce proche de Sydney Domoraud parti d'Orrick Abidjan pour créer EMIRE Partners, n'a pas été oublié. Face à cette défection, celui dont les initiales sont également celles du pistolet automatique n'a pas dégainé. Il s'est contenté de confier la destinée du hub africain de l'US law firm à Didier Boua Doux, un associate (ndlr à ne pas confondre avec un associé) formé à bonne école par Christophe Asselineau. Surveillé comme le lait sur le feu, à lui de saisir sa chance pour se faire un nom comme Dédé d'Anvers en son temps et devenir le Gentleman de Cocody.
En découvrant la prépondérance du litigation dans ce classement où le mining et l'infra dominent en amont, impossible d'éluder le poids (le fardeau pour certains) du risque pays que les afro-optimistes ont tendance à minorer.
Pas moins de 8 avocats dont l'incontournable Emmanuel Gaillard (n° 9) représentent cette practice dominée par l'arbitrage international dont le recours est lié à la confidentialité des dossiers mais également à l'errance du système judiciaire de plusieurs pays africains. Une lacune que l'on retrouve ailleurs dans le monde des affaires.
Dentons représenté par Patrick Larrivé (n°13) qu'a rejoint Leïla Hubeaut, transfuge d'HSF venue renforcer la practice énergies renouvelables et Afrique, en a fait l'amère expérience sur le gisement minier de Simandou en Guinée. Négocié par un avocat américain basé à NY, cette law firm attend toujours (et pour longtemps encore) que Conakry lui règle ses 15 M$ d'honoraires sur la revue des contrats BSGR. Autre cause d'émoi, la place réservée aux femmes dans ce palmarès où comme leurs confrères d'Afrique noire, elles sont sous-représentées.
Toutefois avec l'initiative d'HSF de prendre (en partie) en charge les frais des opérations (chirurgicales) engagés par ses employés transgenres, on peut s'attendre à un rééquilibrage dans les prochaines éditions.
Daniel, ce spécialiste infra d'une banque française, devenu Hélène n'a pas bénéficié de cette largesse. En revanche, son employeur a pris soin d'offrir un suivi psychologique à ses collègues.
Pour terminer sur une note positive, passons en revue ces avocats qui semblent avoir fait leur trou avec leur sac à dos et leur couteau. Denis Bandet (n°8) que Jeune Afrique semble l'apprécier plus que de raison si l'on en juge pas le rang qui lui est attribué, en est le parfait exemple. Cet ex-HSF puis Jones Day couvre l'Afrique à partir de Dubaï où il s'est installé. Sans oublier, Mohamed Sidiki Sylla (n°19) basé à Conakry comme son confrère Baba HadyThiam (n°27), ex-Gide passé par Dechert, Mouhamed Kebe (n°36), compatriote de Barthémély Faye qui a posé sa plaque à Dakar. A coup sûr, Gérard Collomb n'aurait pas manqué de saluer leur parcours !