FCCF : Le grand bond en avant

août 4, 2018

Pour la poignée de ceux qui suive le FCCF depuis ses tout débuts, ces fidèles ont pu constater avec satisfaction que le 1er évènement culturel chinois en France avait franchi une nouvelle étape. Comme les toiles de Zao Wou-Ki où l'espace est silence, exposées au MAM de la ville de Paris, certains détails ne trompent pas.
Et ce, dès la conférence de presse qui a précédé la cérémonie d'ouverture de la 8ème édition. Laquelle, cette année, s'est d'abord tenue pendant le Festival de Cannes où le cinéma asiatique a brillé. Lors de cette 71ème édition, le cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda s'est vu décerné la Palme d'or pour son film “Une affaire de famille” dont le titre original Manbiki kazoku signifie “La famille des vols à l'étalage”.
Pourtant, bien moins connu que Fan Bing Bing qui l'a précédée, l'an passé, comme invité d'honneur, Liu Ye a bénéficié de la présence, cette année, de plusieurs chaînes du groupe Canal à la fois partenaire officiel et média. Celui découvert par le public français dans “Balzac et la petite tailleuse chinoise” (2002) qui donna la réplique, la même année, à Gong Li dans “La Cité Interdite” et à Meryl Streep dans “Dark Matter” (2006), film inspiré de la fusillade perpétrée par un étudiant chinois sur un campus américain, a plutôt fait bonne impression.
A la fois chevalier des arts et des lettres (2013), ambassadeur du tourisme de la Côte d'Azur en Chine (2016) et citoyen d'honneur de la ville de Nice (2018) dont il a épousé, en 2006, l'une des habitantes avec qui il a eu 2 enfants élevés dans le respect des 2 cultures, cet ami de la France a tenu son rang.
En tout cas, il a été bien mieux disert que Donnie Yen, aussi à l'aise, 2 ans plus tôt, dans ce rôle que Jean Reno lors de la 1ère édition. A sa décharge, l'acteur du “Grand Bleu” avait vu rouge, préférant “se faire porter pâle” après avoir essuyé les plâtres de l'organisation, capable de mettre les nerfs à vif à n'importe quel “dur à cuire”.
Depuis beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Yin Fu (que personne ne regrette) n'est plus le directeur du CCC, le Zen Garden (désormais fermé) n'organise plus le cocktail VIP qui se déroule au Meurice, partenaire du festival du cinéma chinois en France depuis la 2ème édition. Après le Gaumont Marignan, c'est dans ce palace du groupe Dorchester Collection que se termine la soirée d'ouverture où logent les stars chinoises.
Cette année, les discours des officiels ne se sont pas éternisés comme à l'acoutumé. Toujours aussi concis, Jérôme Seydoux a rappelé la vétusté de la salle 1 comme il l'avait déjà fait, 7 ans aupraravant, devant SEM l'Ambassadeur Kong Quan. Qui s'en plaindra du moment que Pathé restaure ses vieux films comme par exemple “Le Monocle noir” (1961) adapté d'un roman du Col Rémy. Sans oublier “Le Monocle rit jaune” (1964), dernier opus de cette trilogie dont l'intrigue se déroule à Hong Kong.
Avec (comme le titre le suggère) des propos parfois déplacés comme “Une fumerie d'opium ! Cela va enfin sentir la Chine” ou bien “Elle est morte? Non elle attend que ça mord”. Sans parler de l'interruption d'un opéra chinois au son de "J'irai revoir ma Normandie" et de la fin du film susceptible, de nos jours, de créer un incident diplomatique si l'on en juge par la polémique créée par le black face d'Antoine Griezmann dont Huawei s'est attaché les services. Et dire que certains se verraient bien donner des leçons de bonne conduite aux chinois, mais dans quel monde vivons-nous ?
En attendant de voir, un jour, dans ce festival un film chinois tourné en France, le successeur de Kong Quan, SEM Zhai Jun, a remis au président de Pathé un certificat (au format d'une affiche de cinéma 80x60) en lieu et place d'une décoration pour le remercier pour sa contribution au rayonnement du FCCF. Par délicatesse et pour ne pas froisser les autres officiels présents, Costa Gravas, Virginie Ledoyen, Li Fang Fang et Liu Ye ont eu le droit au même signe de reconnaissance.
Si l'absence d'Anne Fontaine est passée inaperçue, celle de la pétillante Lucie Liu a surpris les habitués. En reportage en Chine, la rédactrice en chef et présentatrice vedette de Phoenix TV Europe en a profité pour suivre l'Ambassadeur de France, Philippe Faure, élevé à ce rang honorifique par François Hollande. Devenu président d'Atout France et à ce titre chargé de promouvoir à l'étranger le tourisme en France, ce diplomate considéré comme la “bête noire” de Nicolas Sarkozy, animait une conférence intitulée “gastronomie et diplomatie, nouveau soft power”.
Avec l'accident survenu au n° 2 d'HNA dans le Lubéron que la blogosphère chinoise a interprété à sa manière (façon roche Tarpéienne), notre ancien ambassadeur au Mexique et au Maroc où il avait refusé de prêter sa résidence pour une réunion de l'UMP, “a du pain sur la planche”.
Fait du hasard, l'invitée d'honneur française porte le nom d'un célèbre restaurant où officie Yannick Alleno *** qui a bien connu Le Dali. Là, en parallèle au FCCF, était organisé sur 2 jours, un festival gastronomique avec 2 chefs, Lan Minglu et Ren Jingping, venus du Sichuan faire découvrir aux clients du Meurice, la cuisine épicée de cette région dont Deng Xiaoping est originaire aussi réputée pour le piquant de ses natives.
Honorant de sa présence, cet évènement, l'Ambassadeur de Chine en France a été aperçu à une table où régnait une bonne ambiance, entouré de plusieurs officiels chinois et sponsors du FCCF. Même si la France est le 1er importateur de films chinois en Europe et la Chine, le 1er marché étranger des films français, les discussions animées n'ont pas tourné autour du 7ème art. Loin de là.
La veille et comme à son habitude, ce fin diplomate ne s'était pas déplacé au cocktail où les invités ont pu apercevoir les 2 chefs chinois. Par mimétisme, Costa Gravas qui a regretté, en public, que trop peu de films français soient diffusés en Chine,  l'a imité.
Chamboulant le protocole, le président de la Cinémathèque française, manifestement grand fan de Zhang Ziyi, a préféré assister à la projection de “Forever Young” réalisé par Li Fang Fang. Au risque pour Constantin, grand admirateur de “La 317ème section” (1965) réalisé par son ami Pierre Schoendoeffer, de trouver le temps long comme cette diplômée de l'Institut de la Diplomatie de Pékin et membre du PCC, de passage à Paris.
Parmi la sélection, toujours aussi éclectique, destinée à faire découvrir au plus grand nombre la diversité du cinéma chinois, “Chasing the Dragon”, un film sur l'ascension d'un chef de gang de Hong Kong avant sa rétrocession, sort du lot grâce à l'interprétation des 2 grandes stars Andy Lau et Donnie Yen.
Chacun dans son registre, les autres films de la sélection ont fait bonne figure avec une mention particulière pour “Wolf Warrior 2”. Ce film qui a établi un record historique (580 M$ de recettes) au box office chinois, en dit long sur les relations sino-africaines vues de Pékin. En France, il faut remonter loin pour retrouver ce genre de préjugés mais peut être pas jusqu'à l'exposition coloniale de 1931.
Mais ne nous fâchons pas, au risque comme Antoine Beretto d'être la perpétuelle victime de l'esprit querelleur de nos contemporains. Aussi, pour s'aventurer à commenter ce regrettable incident qui n'a heureusement pas gâché le FCCF, nos amis chinois avaient certainement besoin d'informations fiables sur la DGSE pour réaliser (dans le plus grand secret) une série s'inspirant du succès rencontré par “Le Bureau des légendes”.
D'où l'impérieuse nécessité pour le Qingbao ou un autre oeil (ou monocle) de Pékin, soucieux d'apporter une aide sincère et désintéressée au SARFT, de s'attacher les services de collègues de Théobald Dromard ou d'Hubert Bonisseur de la Bath. Sur le tard, les 2 ex-agents incriminés recherchaient peut être une nouvelle vie, propre, saine et vouée au 7ème art ? Un fâcheux précédent a bien conduit à la réalisation d'une pièce, “M.Butterfly”, adaptée à l'écran par David Cronenberg.
Egalement amateur d'Opéra chinois, Buon Tan a lui aussi fait la Une de l'actualité non sans rencontrer quelques tracasseries. N'écoutant que son courage, le député LREM de la 9ème circonscription de Paris a tenté, en vain, de raisonner, les occupants qui ont saccagé l'Université Paris I Tolbiac et empêché les étudiants de passer leurs examens. En retour, il a essuyé des jets de projectiles et on lui a confisqué (plutôt dérobé) son IPad.
Félicité pour son initiative par celui qui arpenta, avec la Légion Etrangère (6e REG), “La Voie royale” si chère à André Malraux, l'ex-adjoint au maire PS du 13ème arrondissement de Paris était (comme chaque année) présent au cocktail mais sans Jérôme Coumet.
Ce dernier était avantageusement remplacé, aux côtés de ce fils de commerçant chinois né à Phnom Penh devenu un membre influent de la diaspora chinoise, par Na Na. Volant la vedette, sur la photo (il s'entend), à Virginie Ledoyen où l'on reconnait Zhang Jing, le coordinateur général du FCCF, cette homonyme d'une héroïne d'un célèbre roman d'Emile Zola, fille-mère à l'âge de 16 ans d'un petit Louis né d'un père inconnu, est médecin urgentiste à l'AP HP.
Preuve que les échanges franco-chinois sont fructueux et couvrent de nombreux domaines. Cette relation privilégiée peut se révéler fort utile quand on est aussi téméraire que Buon Tan sans avoir été formé à l'art du Bokator comme Jet Li et Donnie Yen à celui du Wushu.