Quand on est dénué d'éducation et de bon sens, remercier ses clients et ses fidèles amis s'apparente à un véritable casse-tête chinois. Pour d'autres, cette règle élémentaire de savoir-vivre est l'occasion de se démarquer de la concurrence en laissant un (bon) souvenir (si possible) impérissable à ses convives.
A l'occasion du vernissage des 40 ans de la FIAC, Clifford Chance qui fêtait l'an passé ses 50 ans au même endroit, en a fait la magistrale démonstration.
Alors que le tout Paris de la mode (Chantal Thomas, Zahia), des arts & des lettres (Marc Dugain, PPDA), du cinéma (Mireille Darc, Clovis Cornillac), des affaires (Xavier Niel, Marc Simoncini, Jean Raby), de la finance (Grégoire Chertok, Christophe de Backer, Nicolas Paumier) de la politique (Aurélie Filippetti, Nicolas Dupont-Aignan) et de la télé réalité (Nagui, Nabilla), tentait de se frayer un chemin devant le Grand Palais, les invités de la law firm évitaient la cohue en empruntant un accès qui leurs était spécialement réservé.
Rien que pour cela - la satisfaction d'entrer par derrière - , se lisait déjà sur le visage de certains des happy few. Ce passage par le square Jean Perrin, ressuscité pour l'inauguration de la dernière Biennale des Antiquaires, avait été, pour l'occasion, soigneusement fléché jusqu'au 2ème étage où les invités étaient ensuite bagués (au poignet) en rouge et noir avant de se rendre à l'un des péristyles réservé à Clifford Chance où l'on accédait en descendant le grand escalier d'honneur d'Albert Louvet.
Les célèbres couleurs de Stendhal que SG s'est approprié ont attiré plusieurs représentants de cette banque qui dispose de sa propre collection d'art moderne. Par mimétisme, Jean-Luc Parer en a fait autant avec ce goût qui le caractérise si bien. Pour le moins honorable, sa collection ne soutient pas la comparaison avec celles de Philippe Meunier (grand amateur de Joan Mitchell) et d'Olivier Diaz et encore moins avec celle léguée par Jean-François Prat.
S'accordant un moment de répit avant l'épreuve des league tables M&A, Thierry Dargent et Hubert Preschez se sont déplacés. Le 1er filant comme le surfeur du même nom visiter les galeries (Gagosian, Denise René, Perrotin) exposant les œuvres les plus emblématiques en compagnie d'un guide hors pair facilement reconnaissable à son look inimitable. Patrick Sandray et Lydie Aymé autre Head et Deputy Head de SG à s'être déplacés, ont passé la soirée à échanger avec leur alter ego de CA-CIB, BNP Paribas et d'HSBC. Dissertant après avoir découvert parmi les œuvres exposées une Ferrari Dino en mauvais état, qu'il était plus facile en cas d'accident de donner une 2ème vie à une voiture plutôt qu'à un LBO en difficultés.
Très entourée par Thibery Gleizes, Laurent Chenain, Florent Cassabois (de loin le plus inoffensif) avant son départ pour Shanghai, la future senior banker en charge pour Main China des corporates tous secteurs confondus, était littéralement ”marquée à la culotte” par son mari. Nul doute, qu'une fois installée dans l'ancienne perle de l'Asie, elle lui ”rendra la monnaie de sa pièce”.
Chère aux monde du football, cette expression imagée n'aurait certainement pas déplu aux représentants du ballon rond invités par Clifford Chance. En dépit du match Anderlecht-PSG comptant pour la Ligue des champions qui se jouait au même moment, Yves Wehrli, le maître de cérémonie, était entouré du CFO de la FFF et d'Alain Cayzac, l'éphémère (2006-2008) président du PSG. Capable de débarquer à de grandes occasions (un mariage) très casual (en tenue de cycliste dégoulinant de sueur), le publicitaire, ce soir là, avait fait des efforts vestimentaires. Imité en cela par Gilles Vanel, moins endimanché que la veille à la remise de la légion d'honneur d'une grande figure respectée de la finance ayant également convié un digne héritier d'Albert Londres. Sans oublier ce discret mais efficace associé M&A de Clifford Chance absent à la FIAC. Semble-t-il dépité, un autre associé emblématique du cabinet, aurait été aperçu au musée Rodin, rodant autours des ”Bourgeois de Calais”. Craignant d'être reconnu, un autre, apparemment plus accablé, par un mail, a préféré se laisser pousser la barbe.
Les observateurs ont pu remarquer que chez les Barbizet, on se partageait les invitations. Mme était à la cérémonie de l'Interallié tandis que Mr était à la soirée Clifford Chance non loin des banquets dressés par Saint Clair. Tout comme ce banquier distress de BNP Paribas, en charge du restructuring de Saur, qui ce soir là n'était pas à l'eau.
Sans surprise, cet appétissant buffet n'a pas manqué d'attirer les nombreux ”crèves la faim” tournant en rond comme des vautours dans les allées de la FIAC. Les plus affamés ont usé de stratagèmes plus ou moins avouables, les plus téméraires et aussi les plus inconscients n'ont pas hésité à usurper (sans succès) le nom d'avocats de Clifford Chance. Vu l'accoutrement et le comportement pour le moins suspect de certains convives collés au buffet, le filtrage a, semble-t-il, été quelque peu perméable. Ce mot aurait certainement déplu à l'ayatollah du bankrupcy remote. Mais aussi réputé pour être muet comme une tombe, Laurent Haïk aurait eu du mal à se muer en délateur. En tout cas, parmi les (très) nombreux acteurs de la titrisation présents ce soir là, il était de loin le plus expérimenté tout comme Anh Thai en export finance.
la présence remarquée et enviée de Clifford Chance à la FIAC n'est pas le fait du hasard. C'est le fruit d'un travail de longue haleine qui prend sa source à l'étranger (Londres, New York, Milan, Francfort…) où la law firm entretient une longue tradition de mécénat culturel. Après une 1ère expérience, en 2005, avec la FIAC initiée par le bureau de New York, partenaire de l’Armory Show et du MOMA, Paris décidait de renouveler l'opération en 2008 après sa mémorable implication dans la World Cup de Rugby dont les maillots sont devenus des collector.
Correspondant au retour de la FIAC au Grand Palais après 15 ans d'absence, une 1ère convention triennale était signée pour la période 2008-2010 puis reconduite pour une période identique. Dans ces conditions, il parait difficile de vouloir succéder à Clifford Chance. Cela reviendrait à passer derrière Rocco Siffredi dont plus d'une des 184 galeries présentes cette année, n'a pas hésité à exposer des œuvres s'inspirant des exploits de cet acteur atypique! A la FIAC, on ose tout avec plus ou moins bon goût comme l'ont appris à leurs dépends, à l'occasion des 40 ans de la foire, plusieurs galeries devenues personæ non grata.