A la lecture du palmarès des Trophées d'Or, il est toujours difficile de garder son sérieux voire son calme pour d'autres quand ils le découvrent repris dans Les Echos tôt le matin au Shangri La où ils s'étaient rendus pensant bien débuter leur journée.
Bien établi depuis 13 ans, le prix organisé par Leaders League fait désormais partie des moments forts du barreau de Paris au point de concurrencer la revue de l'UJA pour ceux qui préfèrent en rire qu'en pleurer. Daumier qui n'hésitait pas à caricaturer les avocats, n'aurait pas fait mieux.
Se déroulant au Pavillon d'Armenonville dans le Bois de Boulogne où toutes sortes de prestations sont tarifées, repartir avec sous le bras un trophée dont les critères d'attribution sont impénétrables comme les voies du Seigneur, n'a donc rien d'infamant.
Importé d'Angleterre, ce concept qui n'aurait pas déplu au corbeau de la fable de Jean de La Fontaine, récompense sur des critères qualitatifs les banques mais avant tout les law firms. Aussi ne gâchons pas notre plaisir de jouer à chercher l'erreur de ces Trophées d'Or dont le maître de cérémonie aurait mérité de s'appeler Matthieu.
Ainsi en droit public des affaires qui couvre les PPP, Frêche & Associés a été préféré à Willkie Farr Gallagher, Clifford Chance, Allen & Overy, Jones Day. En contentieux commercial, August & Debouzy ex-aequo avec Cotty Vivant éclipsent Freshfields, Shearman & Sterling sans parler de Darrois Villey, Bredin Prat et Davis Polk.
Le prix du smid LBO a le mérite de nous faire découvrir l'existence de LL Berg (totalement) inconnu au bataillon. En smid M&A, le surprenant vainqueur, De Gaulle Fleurance suscite l'émoi et pour certains la compassion vue le budget alloué pour arriver à ce piètre résultat.
Déjà primé en LBO large cap, Latham & Watkins remporte aussi le trophée en tax et crée du coup la suspicion en bénéficiant d'un tel traitement de faveur.
Fidèle soutien depuis les débuts des Trophées du Droit, Orrick Rambaud Martel hérite en énergie-matières premières d'un prix qu'Herbert Smith aurait pu lui contester. Mais comme cette practice semble se limiter à l'Afrique, vu l'énoncé de la catégorie, cette récompense revient naturellement à la seule law firm dont le managing partner vient du continent noir où sa notoriété ne se limite pas aux frontières du Togo.
En restructuring (tout comme en LBO large cap), nul risque de voir Weil Gothsal remporter le prix (qui lui revient pourtant de droit), Pierre-Etienne Lorenceau y a fait chou blanc.
Beaucoup plus conciliant avec Leaders League, Willkie Farr Gallagher aurait pu le recevoir à la place de Santoni & Associés dont le binôme avec Allen & Overy lui permet de faire partie des poids lourds du secteur.
Comme du temps des purges en URSS où les photos étaient retouchées, le nom de ce magic circle ne figure pas au palmarès. Et pour cause, à trop tirer sur les cordons de la bourse, les pratiques de cette publication ont fini par indisposer son managing partner.
Enfin que penser de ces lauréats qui mettent leurs trophées en évidence à la réception de leurs locaux après les avoir chèrement acquis? A vaincre sans péril on triomphe sans gloire!