Quand on nait comme le ”Roi soleil” un 5 septembre et qu'un des arbres de l'Allée royale porte son nom, on ne peut que se féliciter de l'initiative d'Hermès. Au demeurant LVMH aussi !
Si l'une des familles de la HSP honore ainsi l'oeuvre majeure de celui qui révoqua l'Edit de Nantes (1685), tous les espoirs sont permis. Mais pour les descendants de Bernard Arnault, il faudra certainement attendre quelques générations.
Déjà mécène d'expositions d’art contemporain à Versailles, Giuseppe Penone (2013) et Lee Ufan (2014), la maison du 24 faubourg a franchi une nouvelle étape avec la sortie du carré ”Promenade à Versailles”.
De fait, cette action qui coïncide avec le tricentenaire de la mort de Louis XIV, s'inscrit dans ses traditions. Depuis le lancement en 1937 du 1er carré ”Jeu des omnibus et des dames blanches”, Hermès met un point d'honneur à soutenir des causes diverses et variées.
Ainsi parmi les 1580 foulards dessinés à ce jour, figurent ”Retour à la terre” (1942), illustrant de façon bucolique l'un des préceptes du régime de Vichy ou encore une édition spéciale, sous forme de clin d’œil, pour la sortie du ”Parrain” (1972) de Francis Ford Coppola.
Reproduisant les lieux emblématiques (Galerie des glaces, bassins de Latone, d'Apollon, du Géant Encelade, etc..) du château, sans les grottes déjà croquées en 1969 dans un foulard éponyme, ce carré spécial s'inspire du réseau de canaux du parc. Présenté comme ”un écho au classicisme du grand siècle”, il est en vente (335 €) par souscription (du 1er mai au 31 juillet) pour une livraison à partir de décembre 2015.
Habitué à se mobiliser régulièrement, avant ”Promenade à Versailles”, ”Lettre d'Erevan” a récolté des fonds pour l'association Solidarité Protestante France-Arménie, Hermès était intervenu après la tempête du siècle survenue au lendemain de Noël 1999.
A l'appel des Parcs et Jardins de France sollicitant la solidarité nationale, Jean-Louis Dumas avait fait éditer en 2000 ”Axis Mundi” pour accélérer le reboisement du territoire, contribuant ainsi à la renaissance de nos paysages et de nos jardins.
Très endommagé par le déchaînement des éléments, le Bosquet des rocailles, aménagé par André Le Nôtre, avait été remis en état grâce à la générosité de la Fondation Bettencourt. Une partie de cette aide avait été employée au reboisement du parc où 18.500 arbres avaient été irrémédiablement touchés. D'autres bienfaiteurs ont soutenu Versailles d'une manière ou d'une autre.
En aidant à restaurer : Breguet (le petit Trianon), Monnoyeur (la grille royale), Dior (le hameau de la Reine), Philanthropia, la fondation Lombard Odier, (le bassin de Latone).
Dans ce domaine, le geste d'Antoine Zacharias, peu de temps avant sa destitution de Vinci, (12 M€ consacrés à la restauration de la Galerie des glaces) reste la référence de ces 15 dernières années. Il éclipse le don, en 1999, de Maryvonne Pinault d'une commode de Riesener (10 M€) acquise chez Christie's.
Plus modestement, le Plaza a planté 100 tilleuls pour ses clients préférés. Pour remercier l'agent de voyage Valerie Ann Wilson, le palace a fait inscrire son nom sur l'un des 2 bancs qu'il a parrainés. Auparavant, Equiteam avait financé la rénovation du vase aux raisins.
A la différence du mécénat autorisant dans la limite de 5/1000 du CA une déduction d'impôt (reportable sur 5 ans) de 60% du montant versé et l'acquisition de trésors nationaux où la déduction atteint 90%, pour ”Promenade à Versailles” Hermès a conclu un partenariat.
Acquis à l'issue de la période de souscription par le Château de Versailles à prix coûtant (environ 125 € l'unité), l'intégralité des bénéfices de ce carré collector sera affectée à la restauration des appartements royaux. Au delà du 31 juillet, Hermès dont la passion du jardinage est bien connue le commercialisera, sous d'autres coloris, mais ”pour sa pomme”.
Il est vrai qu'avec ses 6000 m2 de jardins (pas moins de 5) clairsemés d'arbres fruitiers, la Cité des métiers à Pantin dispose aussi de son Potager du Roi !
Espérons pour ce monument du patrimoine national qui accueille chaque année 7,5 millions de visiteurs (autant que la Tour Eiffel mais 2 fois moins que Disneyland Paris) que certains soutiendront cette initiative.
Peut être parviendront-ils à détrôner le record détenu par ”Brides de gala”, le carré le plus vendu au monde ? C'est tout le mal que l'on peut souhaiter à tous ceux qui, tant bien que mal, arrivent chaque année à récolter autour de 25 M€ d'aides pour maintenir en état ce joyaux inestimable, vestige du savoir-faire et de l'excellence à la française !