N'en déplaise au Comité France Chine, le succès du Chinese Business Club ne se dément pas ! Pour preuve Emmanuel Macron, en dépit d'un emploi du temps (très) minuté, a tenu à honorer de sa présence ce rendez-vous incontournable qui n'a pas son pareil pour allier l'utile à l'agréable.
Avec une aisance déconcertante, le Ministre de l'Economie a capté, sans difficultés, (entre le Conseil des Ministres et la séance des questions au Gouvernement) l'attention des 240 convives présents, éclipsant tous les invités d'honneur qui l'ont précédé depuis 3 ans (Arnaud Montebourg, Jean-Pierre Raffarin, HGE, Pierre Gattaz, Jean-Paul Agon, etc..). Sa parfaite connaissance des dossiers et son sens inné de la formule ont fait la joie des spécialistes des relations franco-chinoises autres que Bruno Bézard détaché à l'ambassade de France à Pékin juste avant sa nomination comme Directeur du Trésor.
Après avoir salué, non sans malice, ”l'audience impressionnante” composée d'anciens ministres (de tout bord) assis à la table d'honneur (au bilan cumulé de réformes inférieur au sien), Emmanuel Macron est rapidement entré dans le vif du sujet.
Tout en se félicitant de la reprise de Louvre Hôtels (1,3 Md€) par Jin Jiang International et du rachat par Symbiose des 49,9% (308 M€) de la concession de l'aéroport Toulouse-Blagnac, il n'a pas hésité à pointer du doigt le déséquilibre bilatéral du stock d'investissements directs étrangers entre la France (17 Md€) et la Chine (4 Md€).
Ne manquant pas de rappeler ”l'aide sincère et désintéressée” apportée, ces 30 dernières années, par la France à la Chine pour lui permettre de se doter d'une industrie nucléaire civile digne de ce nom sans qu'EDF n'en tire aucun bénéfice, l'ex-associé gérant de Rothschild & Cie a habillement enchaîné sur la nécessaire coopération entre les 2 pays au moment où Areva fait face à de sérieuses difficultés chiffrées à 8 Md€. La mention de la dimension symbolique de l'investissement de Dongfeng (800 M€) à parité avec l'APE au capital (14%) de PSA, est venu appuyer cet ”appel du pied”.
Alors que le dernier déjeuner du Chinese Business Club animé par J.P Raffarin s'était tenu au (même) moment où le 1er Ministre indien, Narendra Modi, reçu à l'Elysée, officialisait la commande de 36 Rafale, Emmanuel Macron a tenu à souligner que la Chine était le 1er client d'Airbus souhaitant évidemment qu'il le reste.
Avant de finir son discours sur une note romantique (浪漫) et de répondre aux questions, le Ministre de l'Economie a rappelé le rôle très actif de la France dans l'internationalisation du renminbi et de son action auprès de la BCE pour mettre en place un swap entre cette devise et l'euro. Il a également abordé au nom du couple franco-allemand les enjeux géopolitiques, commerciaux, économiques et civilisationnels induits par les choix de l'Empire du Milieu, regrettant, au passage, le sort (peu enviable) réservé aux créanciers privés de la Grèce parmi lesquels figuraient plusieurs investisseurs chinois. Encore sous le choc traumatique, certains ont, depuis, développé une forte aversion à l'euro.
A la question de Zhou Jian Fang ”La France était-elle malade de sa démocratie?” que Patrick Drahi a déjà fait comprendre à demi mot aux parlementaires lors de sa fameuse audition après le rachat de SFR, Mingpo Cai que l'on ne présente plus, s'est montré plus nuancé. Affectueusement surnommé le Mushu (le sympathique lézard de Mulan qui se prend pour un dragon) du private equity, le fondateur de Cathay Capital, avec l'habilité qu'on lui connait, a demandé à son voisin de table, tout sourire aux lèvres,”Comment s'y prendre pour décomplexer l'excellence française ?”.
Il n'en fallait pas plus pour qu'Emmanuel Macron endosse l'uniforme d'un garde rouge et prône la ”Révolution culturelle” pour qu'en France l'échec fasse partie intégrante de la vie des affaires et que ceux qui veulent rebondir sur d'autres projets puissent le faire sans être marqués au fer rouge ou attirer la suspicion en cas de réussite. Exhortant l'esprit révolutionnaire français, ce digne héritier de Bonaparte a souhaité qu'il soit employé à bon escient en portant des réformes structurelles et non pas en faisant obstruction (par la grève) au maintien des acquis sociaux dont certains remontent à la Libération, voir plus loin.
De fait après plusieurs décennies d'immobilisme, il y a urgence à faire bouger les lignes et pas seulement aériennes comme Air France tente de le faire avec l'énergie du désespoir !