Lionel Zinsou dans les pas de Marlon Brando ?

Anticipant de 4 mois son départ de la rue de Rivoli, Lionel Zinsou (60 ans) a été nommé premier ministre du Bénin le jour de l'appel du Général de Gaulle.
En rejoignant Yayi Boni comme Nicéphore Soglo l'avait fait avant lui avec Mathieu Kérékou, 15 ans après l'affaire Kovacs, l'ex-plume de Laurent Fabius (1984) passée par Danone (1986) avant de rejoindre Rothschild & Cie (1997) comme associé-gérant puis PAI Partners (2008) dont il assurait la présidence, a décidé de changer radicalement de vie.
Ce Mahi né en France, l'année de la chute de Diên Biên Phu d'une mère infirmière et d'un père médecin, neveu d'un ancien Président béninois (au pouvoir pendant 17 mois) et descendant d'un conseiller du Roi Béhanzin, symbole de la résistance africaine à la colonisation, n'a que 10 mois (jusqu'aux prochaines élections présidentielles) pour s'attaquer à la corruption et à la mauvaise gouvernance qui gangrènent l'ex-quartier latin de l'Afrique.
Au point de pousser le gouvernement hollandais à interrompre l'aide bilatérale destinée à financer l'accès à l'eau potable après la découverte du détournement opéré au sein même du Ministère de l'Energie et de l'Eau sous l'ère de Barthélémy Kassa.
En relevant ce défi, celui qui avoue ne pas connaître grand-chose à l’Afrique mais qui a tout de même conseillé plusieurs gouvernements (Sénégal, Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun et Gabon) comme économiste et banquier d’affaires, fait preuve d'un courage que l'on ne lui connaissait pas.
Reste à savoir si comme Christian Fletcher (interprété à l'écran par Marlon Brando) débarquant le capitaine Bligh pour prendre possession du Bounty, il est appelé à prendre en main le destin de ce pays où le vaudou est toujours roi?
En tout cas, ce normalien (1975) agrégé passé par la London School of Economics avait déclaré (avec cette malice qu'on lui connait si bien), ”en 1971, à mon entrée à l'hypokhâgne de Louis le Grand, j'ai fait le rêve de suivre les traces de Georges Pompidou alors Président de la République. Si le hasard a réalisé une partie de ce programme, je n'ai toujours pas accédé à la fonction suprême”.