Plus jamais cela ! C'est en général le cri du cœur lancé par d'ex-dircom de law firm dont l'expérience, à entendre certaines ayant développé un syndrome de stress post-traumatique comme ces soldats revenus de théâtres d'opérations extérieurs, n'aurait rien à envier à celle vécue par nos poilus de 14-18.
Dieu soit loué ! malgré le choc enduré, aucune n'a fini comme l'infortunée et dépressive Amandine Poulain, la mère d'Amélie.
A leur décharge, mêmes si certaines en rajoutent, leur métier n'est pas sans risque. A se demander surtout pour celles qui sont mariées - il traîne dans cette profession (toutefois moins que chez les journalistes) plusieurs ”vieilles filles” et on comprend parfois pourquoi -, comment leur cher mari peuvent-ils les laisser partir travailler et côtoyer de si près une profession aussi exposée aux règlements de comptes ?
A la lecture de ”Cher maître ! 8 ans de viol conjugal” relatant la vie privée d'un avocat d'affaires formé chez Gide, ce prestigieux cabinet dont l'un des 3 fondateurs disposait de 3 secrétaires et d'une salle de bain personnelle, le doute n'est pas permis.
Il l'est encore moins avec la garde à vue infligée, au cours d'un divorce houleux, à 2 associés (M&A et restructuring) d'un cabinet ”ayant pignon sur rue” désormais installé rive gauche (ndlr pour éviter tout égarement au lecteur susceptible de l'être depuis la loi n° 2013-404 du 17 mai 2013, ces 2 hétéros, déjà durement éprouvés, ont chacun été victime du travail acharné de l'avocate de leur future ex-épouse).
Cette loi censée libérer les crispations de l'intelligence a convaincu un managing partner d'une law firm d'”échanger ses vœux” sans partir à Las Vegas avant de se rendre à Mikonos pour sa ”lune de miel”.
Destination également retenue par cette rising star du M&A, marathonien émérite et invétéré joueur de poker, parti se ressourcer après s'être fait déloger par un coach sportif. Plus attiré par le Maroc, ce fiscaliste d'un magic circle a été prié de s'expliquer au sujet d'un mail adressé par le mari de sa secrétaire à plusieurs managing partners d'autres bureaux.
Aussi pour travailler dans un univers aussi impitoyable où tous les coups semblent permis,”mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade”. Au demeurant les dircoms qui s'en sortent le mieux sont celles dont la profession du mari les met à l'abri du besoin.
Cela peut aider surtout quand on est amenée à succéder à la femme d'un célèbre avocat en M&A intronisée par ce dernier partner envers et contre tout avant de se voir confier la communication du cabinet éponyme, fonction reprise en main après le passage de celle longtemps considérée comme la Calamity Jane de la profession.
Formée chez un magic circle, cette dernière a laissé une trace indélébile au Trocadéro avant de circuler dans plusieurs autres cabinets de la Place. Devenue consultante, elle a depuis ”mis de l'eau dans son vin” et retravaille avec certains de ses ex-patrons dont l'un d'eux s'est depuis remarié. Elle a décidé de convoler avec un général à la retraite qu'elle met de temps à autre au garde à vous.
Etre capable de prendre du recul face aux situations diverses et variées inhérentes à ce poste n'est pas facile, surtout quand on sort de l'EFAP où que l'on est aussi fait pour ce métier qu'un Sumotori devant remplacer au pied levé un jockey expérimenté engagé dans un steeple-chase.
Ce changement improbable a pourtant été pris par un magic circle dont on se demande encore, 6 ans plus tard, quelle mouche l'a piqué. Très contestée en interne pas plusieurs associés dépités par son travail, l'intéressée a senti le souffle du boulet lors des dernières élections du managing partner. Comme celui qui l'a nommée a été reconduit pour une période transitoire, son sursis ne devrait pas s'éterniser.
Chargé de véhiculer l'image du cabinet, le poste de dircom est évidemment politique et ce au sein d'une profession très attirée par la chose publique et soucieuse d'apparaître sous son meilleur jour. Gide qui a compté plusieurs parlementaires dans ses rangs avait pensé trouver la solution en recrutant Marie-France (Tricornot) de Rose ex-députée européenne, expérimentée, charmante et délicieuse.
Après avoir suffisamment donné, cette dernière a préféré repartir faire de la politique. Créateur du GAG, un ex-Gide avait confié la communication à son ancienne documentaliste avant de changer son fusil d'épaule sous la pression de ses jeunes associés considérant que cela donnait au cabinet une image un peu poussiéreuse. Pris au dépourvu et faute de mieux, Cleary Gotlieb, a egalement suivi cette voie avec des résultats en adéquation avec le niveau de celle qui en a hérité auparavant gratifiée du titre pompeux de knowledge management & library specialist.
Pour occuper ce poste où la probabilité de ”se retrouver entre le marteau et l'enclume” correspond à celle de voir retomber une pierre lancée en l'air, mieux vaut savoir donner le change. Pas facile d'y parvenir quand le managing partner d'une US law firm joue au apprenti sorcier en prenant l'initiative d'accorder une exclusivité aux Echos en prévision de l'arrivée complète d'une équipe PPP et n'assume pas les conséquences de son erreur.
Porter des tenues affriolantes - mais il faut toutefois savoir s'arrêter à temps pour ne passer pour une ”cagole” - comme cette ”mama italienne” qui peut se le permettre, n'est pas donné à tout le monde. Attirer le regard peut servir à tempérer les éventuelles sautes d'humeur des avocats. Tout dépend avec qui on travaille mais parfois elles peuvent être nombreuses et fréquentes.
A commencer par l'émoi et l'incompréhension suscités par les leagues tables. Rien que devoir gérer les frustrations suscitées chez certains à leur lecture, suffit à remplir sa journée sachant qu'elles foisonnent dans cette profession ce qui multiplie d'autant les motifs de contrariété.
Ne parlons pas du contenu des articles où le journaliste n'a bien sûr pas saisi la limpidité des propos clairs comme de l'eau de roche distillée par le spécialiste incontesté de la matière. De l'absence dans la rubrique ”carnets” de son mouvement ou de sa promotion, de l'oubli de son nom dans les press release déclenchant des recall du plus mauvais effet comme les embargos rétroactifs. Sans oublier la dimension de la photo de l'intéressé lorsqu'elle n'est pas de la taille souhaitée ou la position trop en retrait de son nom dans une liste de conseils sur un deal.
Éviter la cacophonie entre les associés relève parfois de l'exploit surtout quand celle censée faire office de chef d'orchestre, ne connait pas le solfège.Aussi pour remédier à cette situation, plusieurs anglo-saxons, pensant bien faire, ont placé une avocate à ce poste en leur attribuant le business development auquel la communication est rattachée.
Toujours en place, Marina Lott chez Latham & Watkins fait figure de pionnière. Fille d'un ancien chef de corps du 2e REP, elle a été formée à bonne école pour ne pas subir. A l'instar d'un ex-joueur de foot reconverti dans le baby-foot pour rester en contact avec son ancien métier, Isabelle Eid s'occupe du marketing chez DLA Piper.
Le cas de Sophie Boyer Chammard est différent. Avocate chez Gide, elle a ensuite rejoint Clifford Chance pour s'occuper du BD avant d'embrasser une carrière politique de conseillère municipale qui l'a, un temps, tenu éloignée des law firm. Désormais chez Hogan Lovells, elle mène ses 2 activités de front mais laisse son écharpe tricolore au vestiaire.
Idem pour Corinne Coman, nouvelle BD d'Ashurst, dont la sienne, frappée de la cocarde tricolore, lui a été remise (en grande pompe) à l'issue d'élections nationales (2003). A l'instar de son cousin, Kingsley Coman, elle a porté haut les couleurs de la France et des Antilles et plus particulièrement de la Guadeloupe.
Moins familier avec les règles non écrites inhérentes à cette fonction, les hommes se comptent sur les doigts d'une main. Chez Linklaters, Antonin Lamberty-Garric a fort à faire pour gérer le déclin du magic circle dans la dernière édition du guide Chambers & Partners avec un managing partner aux ambitions pour le moins contrariées par cette publication qui fait office de guide Michelin chez les lawyers.
A l'opposé, Charles Henry Gridel chez Herbert Smith et Patrick Ramon chez August & Debouzy font preuve (surtout le dernier) d'une discrétion qui n’étouffe pas leur patron.
Pour durer mieux vaut s'économiser. Le plus capé d'entre eux, Charles Jorcin l'avait bien compris. Venu des cabinets ministériels après un passage chez TBWA et Publicis, il a tenu 10 ans (Debevoise & Plimpton, Hogan Lovells et Kirkland & Ellis à Londres) avant de quitter cet univers pour celui de l'immobilier (CBRE). Pour d'autres ce fût plus compliqué.
Ex-collaboratrice de Thierry Schoen chez Clifford Chance, Kate Davis n'a pas tenu longtemps une fois chez Linklaters. Après avoir jeté l'éponge, elle est devenue personal shopper.
Dotée des mêmes attributions, l'australienne Jennifer Mackinley chez Clifford Chance, handicapée par le départ de Cécile Paillard, a préféré rejoindre son ambassade non pas pour y trouver refuge mais pour y travailler.
Aujourd'hui seule, Céline Sureau, avocate corporate, occupe ce poste chez Freshfields où elle mène sa barque avec habileté. Chez Weil Gotshal, cette fonction réduite à sa plus simple expression est confiée à l'office manager.
Alors que Bredin Prat a fini par embaucher à ce poste une journaliste défroquée (au sens figuré), Darrois Villey a externalisé cette fonction auprès d'Image 7 rencontré lors du contentieux Hermès-LVMH.
Quant aux adeptes de Jean de La Fontaine et en particulier de la fable La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf comme De Gaulle Fleurance et dans une moindre mesure August & Debouzy, ils n'hésitent pas à consacrer l'équivalent du salaire annuel d'un associé pour figurer en bonne place dans plusieurs classements. D'autres comme CMS Bureau Francis Lefebvre préfèrent payer pour publier des avis d'expert ou intervenir dans des conférences.
Fâchée depuis peu avec Florence Henriet longtemps considérée (à juste titre) comme la mère supérieure de cette corporation, Caura Barszcz est la journaliste la plus au fait des préoccupations des dircoms. Ses réunions au cours desquelles ces dernières ont tout loisir d'échanger entre elles sur des sujets divers et variés (parfois croustillants), font également office de thérapie de groupe pour les plus émotives et les moins bien préparées.
Pour l'heure et c'est bon signe, aucune ne fréquente le cercle des alcooliques anonymes. Preuve que chez certaines, lever le coude, ne figure pas dans leur ADN.