A l'instar du Club des 30 qui chaque année distingue (à sa manière) les meilleures Opérations Financières lors d'une remise de prix notamment parrainée par 2 law firms où se presse le Gotha de la Finance, l'un des titres de Condé Nast vient de publier son dernier classement des 30 avocats (soit disant) les plus puissants de France. Se faisant GQ vient piétiner, sans le moindre scrupule, les plates bandes de Leaders League, le spécialiste incontesté dans l'Hexagone des classements d'avocats.
Cette appétence pour ceux réputés pour leurs effets de manche, a conduit le Conseil de l'Ordre à prendre position. “Ayant constaté qu'un certain nombre d'acteurs proposent aux avocats de figurer dans des classements de performance, il faut rappeler que pour intéressantes que puissent être ces sollicitations, elles sont incompatibles avec nos règles déontologiques dès lors qu'elles trouvent leur source dans des partenariats, qui ne sont, avec ces acteurs, basés que sur leurs propres intérêts économiques et financiers. A ce titre, le Conseil de l'Ordre dénonce en particulier les offres faites par Leaders League (Magazine Décideurs - Décideurs Juridiques -Trophées du droit) qui semblent reposer principalement sur une proposition commerciale".
Moins grégaire que Leaders Leaque, le classement établi, depuis 2010, par GQ permet aux heureux élus d'avoir leur photo sur papier glacé non loin d'un article sur “les 6 règles du cunnilingus parfait” et d'un autre énumérant “les mots crus les plus utilisés pendant une relation sexuelle?“. Peut être un clin d’œil (appuyé) de la rédaction à l'endroit de ceux qui partagent l’amour des mots mais également réputés pour avoir la langue bien pendue d'où leur surnom de baveux?
Particulièrement bâclé, ce périlleux exercice réalisé par ce magazine qui se définit comme la référence en matière de mode, sport, politique, culture (de légumes?) ou de sexe, se borne à mettre en évidence les avocats les plus médiatisés souvent à travers les faits divers qui les ont occupés.
A commencer par les pénalistes aperçus en prime time qui fournissent chaque année le plus important contingent de primés mais également de KIA (killing in action). Habituée à retenir chaque année les mêmes avocats (entre 65 et 80%), en 2013, la rédaction a été prise au dépourvu par le meurtre d'Antoine Sollacaro, le suicide d'Olivier Metzner et le trépas du plus mystérieux et de l'un des plus endettés d'entre tous, Jacques Vergès. Cette hécatombe n'a pas manqué d’entraîner une surcharge de travail aux apprentis journalistes chargés de traiter ce sujet.
Affublé du sobriquet “le mal aimé”, Jean Veil (69 ans), chiffre qu'il affectionne si l'on en juge par le n° de téléphone de son cabinet, a échappé à une allusion déplacée sur son âge mais pas à la couverture avec Ryan Gosling dont la ressemblance avec le grand mufti de Jérusalem l'a certainement mis dans l'embarras. Toujours bien placé, le fils de Simone Veil, lauréat du millésime 2016, est plus disséqué à la hache qu'au scalpel en 4 courtes rubriques (actualité, fait d'armes, clients, signes particuliers) rédigées à la va vite.
Nul risque que ces auteurs ne suivent la voie du regretté Thierry Vassogne détourné de sa vocation de journaliste par son ami Jean Veil tout comme lui fils de magistrat. Il l'avait persuadé de quitter RTL pour le rejoindre chez Gide (après être passé chez le coiffeur et le tailleur) avec la bienveillance de l'illustre Jean Loyrette rappelé à Dieu, en octobre dernier, dans sa 90ème année, quelques jours après l'arrêt des Gitanes maïs dont il fumait 1 paquet par jour. Aux origines beaucoup plus modestes, Eric Dupond Moretti, plus en retrait dans ce classement, tient sa revanche avec un rôle inversement proportionnel à son égo démesuré dans Chacun sa vie, le prochain film de Claude Lelouch où il fait une courte apparition.
Pour le bicentenaire du rétablissement du barreau de Paris (la révolution avait supprimé la profession d’avocat en 1790 que l'Empire a restauré en 1810), fêté “en grande pompe“ avec 2 soirées d’affilé au Grand Palais animées par Thomas Dutronc, Paris Match avait marqué le coup.
Le célèbre magazine avait réuni dans la bibliothèque de l'Ordre avec panache et talent sous le titre “L'orchestre du Barreau de Paris", 28 des plus grands avocats parmi lesquels Jean-Michel Darrois et Maurice Lantourne s'étaient glissés. Même si aucun des 2 n'ont été secrétaire de la Conférence comme la moitié de leurs confrères posant avec eux dont Pierre-Olivier Sur, l'un des benjamins du cliché (devenu ensuite bâtonnier) se tenant à quelques mètres de son ennemi juré, ils étaient à leur place. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de tous ceux cités par GQ ! Sans surprise, destiné à un public dont la soif de reconnaissance est intarissable, ce numéro assure chaque année au magazine son meilleur tirage.