Silence de mort chez Park Square

février 25, 2017

psInterviewé l'été dernier, Robin Doumar ne croyait pas si bien dire en annonçant la couleur dans Private Debt Investor avec cette fausse candeur qui en dit long sur sa personne.
A l'occasion d'un drame de la vie conjugale, le safety first approach vanté par son managing partner a pris, une toute autre dimension.
En apprenant le suicide en détention de Franck Duhamel (45 ans), Park Square, pour le moins embarrassé, a tardé à réagir.
Mais une fois, le moment de réflexion écoulé, le fonds de dettes n'a pas fait dans le détail, 12 jours plus tard, il mettait en ligne, un document laconique “termination appointment of a member under judicial factor“ daté du 18 janvier, le lendemain du drame.  
Vu les circonstances ayant poussées la victime à mettre fin à ses jours, la publication d'un vibrant hommage à sa mémoire aurait été particulièrement mal venu même s'il s'agissait d'un partner de 12 ans d'âge comme le whisky.
Proche de 1855.com, cet amateur de vins & spiritueux, organisateur de nombreux wine tasting où se pressaient Michel Frieh, Thomas Boulman, Olivier Moatti et bien d'autres, en connaissait un rayon dans ce domaine.
En imitant Didier Calmels, spécialiste de la liquidation (pas seulement) de sociétés, il a, lui aussi, commis l'irréparable en tuant lâchement son épouse rencontrée sur les bancs du collège à Castres.
Cette mère de 2 enfants, avait quitté Londres, l'été dernier, pour s'installer à Talence près de Bordeaux pour s'éloigner de son mari. Lequel a été la retrouver pour son plus grand malheur.
Interpellé le jour même du drame après s'être rendu, le meurtrier a reconnu les faits avant d'être mis en examen puis incarcéré à la maison d’arrêt de Gradignan où certainement pris de remords, ce fils, devenu l’opprobre de toute sa famille et ce sur plusieurs générations, s'est pendu dans sa cellule 3 jours après les faits.
Preuve qu'en dépit des allégations de Robin Rousseaumanaging director chez Goldman Sachs, sorti d'HEC comme le défunt qu'il connaissait bien, tout le monde dans la haute finance n'a pas comme il le prêtant (un brin vantard) le cuir épais.
Autodictate sans scrupule, Bernard Madoff pourrait s’enorgueillir de cette capacité de résilience. Si l'on en juge par l'actualité, le plus grand escroc de Wall Street, reconverti dans le commerce de chocolat, semble plutôt bien s'accommoder de sa condamnation à 150 ans de prison.
De peur du scandale, Park Square a fait rapidement disparaître toutes traces du passage dans son unité (sur son site et ailleurs) de celui au nom répandu en finance, dans la presse, au Barreau de Paris et en politique.
Non sans rappeler des méthode staliennes d'un autre âge, ce nettoyage méticuleux semble arranger beaucoup de monde.
Avant son arrivée, début 2006, 18 mois après la création de ce CDO, Franck Duhamel, formé à l'analyse financière chez UBS (2 ans), avait rejoint l'infortuné fonds de private equity de la banque suisse (7 ans) dont la série d'impressionnantes casseroles (Valfond, Valliance, Eugène Perma etc...) marque toujours les esprits, 12 ans après sa disparition. Vouée à l'échec, sa tentative de monter un fonds avec Hervé Marion, son mentor chez UBS Private Equity, ne vit jamais le jour.
Par chance, il réussit à rebondir chez Park Square et à gravir tous les échelons.
En tout cas, cette terrible tragédie restera à jamais ancrée dans les mémoires surtout si dans quelques années, un cinéaste peu scrupuleux décide de l'adapter à l'écran.
Retrouvé mort, en 2005, dans son appartement à Genève en tenue (de latex) pour le moins inappropriée, Édouard Stern n'a toujours pas inspiré le 7ème art en dépit d'une biographie (non autorisée), “Le fils du serpent”, bien documentée, publiée 3 mois après l'assassinat de l'ex-gendre de Michel David Weill.
La coupable, sa maîtresse, avait été condamnée par la justice suisse à 6 ans de prison. Idem en France, pour Didier Calmels pour crime passionnel. Mais en bénéficiant d'une remise de peine pour bonne conduite, l'ex-plus jeune administrateur judiciaire de France, en est sorti au bout de 3 ans.
Remis en selle par Georges Pébereau, il créa D&P Finance dès son élargissement de prison (expression judiciaire malvenue susceptible de prêter à confusion).
Invité, 25 ans après les faits, lors de la remise du Prix Ulysse de l'ARE à Poulet Doux, sa présence (en qualité d'actionnaire de référence) sur l'estrade aux cotés d'Arnaud Marion, n'avait pas manqué de déclencher une vague de réprobation dans les couloirs de l'Automobile Club de France.
Mais cet habitué des lieux (comme acteur des sports mécaniques et non de membre), avait feint de ne pas s'en apercevoir, acceptant le déshonneur comme d'autres savent porter leur croix avec résignation, peut être dans l'espoir vu (le lieux) de “se racheter une conduite”.

 

 

 

cc