Même si cet homme de goût à l'énergie débordante aurait pu s'y rendre à la nage, c'est en Eurostar qu'il va prendre ses nouvelles fonctions de vice-chairman de la banque d'affaires canadienne à Londres, léguant la destinée du bureau de Paris qu'il dirigeait au binôme composé d'Olivier Dardel et Christian Ménard.
Disposant d'une table attitrée au Plaza, donnant sur la Cour Jardin, pour ses rendez-vous d'affaires, Nadim Barouki (64 ans) fait partie de cette génération de banquier d'affaires (en voie de disparition) dotée d'une forte culture industrielle. C'est chez Paribas (18 ans) qu'il l'a acquise avant de partir comme beaucoup lors de la fusion avec BNP.
Se rendant vite compte qu'UBS Warburg (2 ans) ne dispose pas des moyens de ses ambitions en M&A, il rejoint Hawkpoint, une jeune banque d'affaires créée par des transfuges de NatWest Investment Bank fuyant le rapprochement avec RBS.
Son arrivée coïncide avec l'essor des LBO relayé ensuite par la “révolution culturelle” des managers dont il va être l'un des tous premiers à anticiper les besoins. Devenu l'un des piliers de cette banque d'affaires et l'un des plus gros contributeurs à ses résultats, cet homme de culture à l'avis tranché comme une lame de rasoir, va garder la tête froide et ne pas céder aux chants des sirènes.
Sa fidélité est récompensée lors du rachat, en 2007, d'Hawkpoint (140 M£) par Collins Stewart repris, 4 ans plus tard, lors d'une OPA (253,4 M£) par Canaccord dans la foulée du rachat de Genuity Capital Markets (277 M$).
Rebaptisée, fin 2013, Canaccord Genuity, la banque assiste (avec regret) au départ de Pierre-Arnaud de Lacharrière qui avait participé, en 2001, à l'ouverture du bureau de Paris puis de Charles Andrez, le “Padawan” de Nadim Barouki devenu à sa grande satisfaction un “Jedi”.
Après une carrière bien remplie et un millésime 2017 record, ce dernier est appelé à prendre du recul tout en restant toujours indispensable. Parti de Lazard, la veille de Noël, Stéphane Droulers (65 ans) n'a pas eu droit à une telle reconnaissance.