Breakfast (entre soi) au Prince de Galles

avril 11, 2018

La dernière fois que ces 2 habitués du Plaza avaient pris leur breakfast ensemble hors des murs du palace cela remonte à 4 ans. A l'époque, il était fermé pour rénovation et Vinci avait contribué à faire en sorte que son ouverture soit retardée de 8 mois.
Pour le plus grand malheur du Raphaël, l’aîné y avait convié son benjamin. Avec le sens du devoir qu'on lui connait, ce dernier avait relaté cette exécrable expérience en terminant sur une note apaisante “A croire que dans ce haut lieu de l'Occupation, le temps s'est arrêté et que le rationnement est toujours de mise !”.
Aussi en découvrant avec émoi que la réservation était faite au Prince de Galles, un hôtel ***** qu'il avait découvert après sa rénovation en prenant un verre avec Pascal Agboyibor, était-ce bien raisonnable de tenter le diable ? Sachant que le “bélier noir”, considéré comme le satan du zodiaque, aime s'échapper d'Orrick pour venir s'y désaltérer d'un simple Coca Light. En pleine savane, le jovial et simplet Pumbaa se contente d'eau croupie dont la couleur ressemble à celle du célèbre soda.
Arrivé à 8h30 au bar Les Heures où l'accueil est épuré comme le décor, même Snoopy (qui n'est pas un phacochère) a, tout de suite, senti la différence avec le Plaza. A croire que la brigade venait d'être réaffectée à d'autres tâches ou que devant l’aréopage qui occupait les lieux ce matin là, plusieurs ont préféré prendre leurs jambes à leur cou. Heureusement parmi les 3 rescapés figuraient une chef de rang connue au Shangri La. Sa présence allait contribuer à rendre le service plus fluent à la table des 2 “intrus”.
Après un rapide tour d'horizon, tous les clients (une douzaine en tout) se connaissaient tous sans pour autant s'apprécier à l'unisson. Parmi eux figurait Alain Minc qui y a établi son nouveau QG après avoir déserté le Plaza à sa réouverture. Là-bas, Il ne manque à personne tant sa suffisance inversement proportionnelle à sa taille, agaçait. Son dernier fait d'arme en a fait sourire plus d'un au tribunal de commerce de Paris où il s'est aventuré sur l'épineux dossier CGG comme un soldat partant à la guerre “la fleur au fusil”.
Une fois parti avec son client, sa table a été rapidement redressée (une grande serviette faisant office de nappe) pour y accueillir Michel Roussin et un ministre congolais. Élevé au grade de commandeur de la Légion d'Honneur en dépit de sa condamnation (4 ans de prison avec sursis, 50.000 € d'amende et 5 ans de privation de ses droits civiques, civils et familiaux) dans l'affaire des marchés publics d'Île-de-France, l’ancien “dircab” de Jacques Chirac à la ville de Paris puis à Matignon a donc été réhabilité. Pour être ainsi hissé aussi haut dans cet ordre, cet ancien de la DGSE a certainement dû être récompensé pour les nombreux services rendus dans l'ombre.
En signe de reconnaissance, il tournait le dos à François David attablé avec Serge Weinberg. Siégeant au Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur, espérons que l'ancien président de la Coface connu pour avoir la dent dure et avoir été l'un des “poussins” d'Edith Cresson, n'ait pas pris ombrage de cette posture? En tout cas, une chose est sûre, son vis à vis ne risque pas de se voir décerner une décoration par les LP's de son fonds.
Très à cheval sur les principes qu'il a parfois du mal à s'appliquer à lui même, Antoine Gosset-Grainville remis des déboires politiques de son poulain, complétait l'assistance en compagnie de Charles-Eduard Van Rossum, l'ex-co-head Europe énergie, chimie et ressources naturelles chez Goldman Sachs. Depuis son départ de l'avenue Kléber dont Céline Méchain est la cause, ce dernier a lancé Ravel & Co. Une boutique spécialisée dans les family offices et le conseil au management en cas de crise notamment déclenchée par les fonds activistes.
Après avoir passée en revue la fréquentation des lieux favorisée par le restaurant La Scène, plus destiné à accueillir les touristes avec sa formule buffet moins aguichante que celle du Shangri La, il est temps d'aborder les choses sérieuses. Non sans avoir souligné auparavant que pour ceux qui aiment rester entre gens du même monde, cette ségrégation a pour avantage de rendre Les Heures plus propice au petit-déjeuner d'affaires.
Pour ne pas prendre de risque inutile et pouvoir ensuite profiter pleinement d'un déjeuner Chez Antoine qui remplace avantageusement le Lobby du Peninsula depuis le départ de Laurent Poitevin et la disparition des nappes des tables, la formule continentale (38 €) a été retenue.
Rien à redire pour ceux qui ne sont pas difficiles, les pains aux raisins sont corrects, le café également tandis que le jus d'orange est décevant. Et pour cause, il n'est pas pressé sur place. Aussi vue la modique différence de prix, nulle doute que se rendre au Plaza est plus festif. Son accueil, son service et sa corbeille de viennoiseries (sauf si l'on a le malheur de tomber sur l’ersatz de kouign-amann) n'ont pas d'équivalent, sans parler des suggestions servies à la carte. Mais pour profiter pleinement de cette expérience, mieux ne vaut pas se retrouver en galerie.