En surprenant le frêle Jean-Charles Parisot à deviser en compagnie de l'imposant François-Denis Poitrinal, difficile pour un cinéphile averti de ne pas comparer cet aparté à cette scène de ce film de Robert Enrico qui a pour cadre une scierie des Vosges.
D'autant que son titre s'applique sans difficultés à plusieurs des 234 membres de l'ARE. Mais ne faut-il pas de tout pour faire un monde ?
A commencer par Olivier Marion, son président, dont le patronyme est identique à “Eagle Four”, le surnom de l'ancien chef de la DNAT. Sans lien de parenté avec cet ex-“grand flic” ni avec Arnaud Marion appelé à la rescousse par Smovengo, l'head TS de PwC a tout de même hérité du surnom de “Neymar” par plusieurs fans du PSG au sein de l'ARE. Non pas pour son talent précoce mais en raison de ses blessures à répétition.
Faisant preuve d'un courage exemplaire, l'associé d'Emmanuel Pick a assisté à la cérémonie et au cocktail en béquilles. Impressionnant mais toutefois moins spectaculaire que l'arrivée de Tancrède Falconeri le bras en écharpe à la villa Boscogrande. Même si des salons de l'ACF, les 1000 invités de l'ARE surplombaient la Place de la Concorde. Parmi les sujets évoqués autour des buffets distress faisant regretter à Stéphane Perriquet le cocktail organisé, 5 jours plus tôt, par 8 Advisory sur un yacht à Cannes, celui des récents et futurs mouvements d'avocats en restructuring, allait bon train.
Beaucoup ont cherché à extirper des informations à cet invité (pas toujours sage comme une image) dont le nom chinois 柏立疆 signifie le cyprès qui se tient droit comme une sentinelle pour protéger la frontière. En vain, ce dernier refusant de colporter la moindre rumeur, se limitant à écrire sur des faits avérés tout en respectant, entre autre, la jurisprudence Debtwire-Consolis.
Cette année, parmi les 4 sociétés ayant connu un retournement exemplaire, l'ARE a pris soin de ne pas glisser par inadvertance un moribond placé sous assistance respiratoire. Tel avait été le cas, l'an passé, avec Ludendo (Grande Récrée) finalement repris, 9 mois plus tard, pour 10 M€ par Michel Ohayon. Pour cette société dont 45% du CA est réalisé sur les 2 derniers mois de l'année, l'impact des gilets jaunes risque d'être aussi douloureux qu'un tir de LBD.
En dépit de l'entregent de cette association dynamique, peu de candidats se pressent au portillon du Prix Ulysse car il est toujours difficile en France de trouver des dirigeants qui acceptent de parler d'échec même si cette épreuve est derrière eux. Ils savent qu'après une embellie, ils peuvent se faire rattraper à tout moment. D'où leur discrétion susceptible de déboucher dans certains cas sur un début de schizophrénie.
Cette attitude timorée tranche avec celle d'Arnaud Marion toujours partant pour parler de son engagement et ses combats même s'il garde un mauvais souvenir de ce prix qui avait consacré Jardiland aux dépens de Poulet Doux. Mais la liquidation judiciaire prononcée, en avril dernier, du groupe avicole, 4 mois après la vente pour 242 M€ du distributeur de plantes à In Vivo, a conforté, à posteriori, le choix du jury.
Se présentant comme pluri-disciplinaire et hautement qualifié, cet aéropage de 10 personnalités dont Dominique Gaillard, l'actuel président de France Invest, assistant, à ses débuts chez Charterhouse, au 1er rang à la faillite de Nasa Electronique puis plus tard chez Ardian à la déconfiture d'Audosdistribution, a eu du pain sur la planche.
Cette année, le jury a dû départager un industriel du graphite (Carbone Lorraine), un acteur de la formation professionnelle à distance (Skill & You), un distributeur d'articles de cuisine (Mathon), homonyme de personnes que Didier Calmels a bien connu heureusement sans qu'ils le cuisinent. D'autres s'étant chargés avant eux de le faire. Enfin, l'un des “champions du monde” de l'accessoire de mode (MOA) dont l'avenir semble trancher avec celui de Camaïeu. Sans surprise, le sort de la fiducie-sûretés a animé les discussions lors de cette soirée réussie où l'impudent enseignant de Lyon III qui s'était fait remarquer à mauvais escient sur Linkedin le soir du réveillon pour abonder, sans le moindre scrupule, dans le sens de son opinion destinée à Equitis, n'avait pas été convié.
Peut être faudrait-il lui rappeler que des magistrats de la chambre sociale de la Cour de cassation amenés à trancher un litige concernant Wolters Kluwer pour lequel ils sont intervenus à plusieurs reprises dans des conférences, sont en train de passer un mauvais 1/4 d'heure.
Autre point de discorde, le sort du site Ford de Blanqueford. A Bercy, il semblerait que ses conseillers ont omis de parler à Bruno Le Maire, très impliqué sur ce dossier, de l'état de la jurisprudence dans ce domaine dont les arrêts Electrolux LDA ont certainement dû calmer les ardeurs du constructeur américain. Plus habitué à mettre les mains dans le camboui, Christian Estrosil, du temps où il était ministre de l'Industrie, avait orchestré une conférence de presse surprise pour la reprise de l'usine de Molex Automotive France à Villemude par HIG Capital. Surpris par les flash, Olivier Boyadjian pourtant habitué comme son ami Rudolf Mouradian à monter les marches du Palais lors du Festival de Cannes, a encore plein d'étoiles dans les yeux.
Alors qu'au même moment, Donal Trump décidait de lever les sanctions contre le russe Rusal, Carbone Savoie, repris, en 2016, à Rio Tinto Alcan par Alandia Industries pour 30 M€, recevait le prix de l'ARE. Si, en 2010, la regrettée Nina Mitz avait accompagné (en Falcon 2000) sur place plusieurs médias nationaux pour relater la recovery du producteur d'aluminium, Carbone Savoie a suivi l'exemple en invitant plusieurs journalistes de la presse locale en TER. A noter que les enjeux n'étaient pas les mêmes. Le remède de cheval administré à cette PME qui ne tournait qu'à 60% de ses capacités, a finalement porté ses fruits.
En 2 ans, après une baisse drastique des coûts et un repositionnement sur des nouveaux marchés soutenu par des capex (30 M€ sur 4 ans) pour moderniser l'outil productif, le CA a doublé passant de 60 à 113 M€ et l'Ebitda négatif (-18 M€) est devenu positif (11 M€).
Concernant le prix décerné par les lecteurs des Echos, remplaçant avantageusement celui de Challenge avec à la clé 40.000 € d'économie pour l'ARE, il est revenu à Skill & You, un LBO distress de 21 Centrale imprudemment mené, en 2011, sur l'un des acteurs du e-learning.
En 2016, Alma Learning Group (Cours Hattemer, Legendre et Saint Anne) a repris la cible pour 42 M€ dont la moitié apportée par Jolt Capital et Access Capital Partners. Après avoir hissé entre 2014 et 2017, le CA de 37 à 42 M€ et l'EBE de 0 à 6 M€, fin 2018, Andera Partners, Omnes et LGT European Capital prenaient le relais après le lancement d'une école de comptabilité avec Francis Lefebvre. Avec des prévisions de CA (70 M€) pour 9 M€ d'EBE, la cible a été valorisée 80 M€.
En dehors de Guilhem Bremond, un peu agacé qu'on lui conseille de passer chez le coiffeur, il n'y a pas eu de trop de grincheux. Certainement en raison de l'approche des festivités du nouvel an chinois qui cette année est placé sous le signe du cochon.
Même s'il n'en n'est pas un, Benoît Desteract, DG de Thémis et sponsor comme d'autres du Prix Ulysse, supervise désormais cet event comme il peut. Cette nomination qui en a surpris plus en raison de l'âge avancé de l'heureux élu et de ses capacités, ne doit pas occulter le besoin de sang neuf propre à chaque organisation.
A ce titre, saluons l'initative de ces 2 magic circle en passe de rajeunir leur équipe distress mais également celle des femmes regroupées au sein de WIR présidée par Mylène Boché-Robinet dont la plupart des membres sont unanimement reconnus pour leurs qualités professionnelles et humaines. Toujours prêtes à relever des défis, elles ont décidé de se présenter au Paradis Latin, le cabaret rive gauche repris par Walter Butler où un membre de l'ARE avait fêté sa Bar Mitzvah. Comme certains présidents de tribunaux de commerce, le rabbin s'était montré, ce jour là, pour le moins conciliant.
Evidemment les WIR ne vont pas tenter d'intégrer la revue mais la découvrir toutes ensemble. Espérons que leur hôte qui avait dû se retirer du capital du PSG sur les conseils de son docteur en raison de sa forte émotivité, n'ait pas surestimé ses forces. Lui offrir Showgirls (si possible en coffret collector) et pourquoi pas avec le calendrier Marc Dorcel qui trône dans le bureau de plusieurs membres de l'ARE, pourrait peut être l'aider à mieux se préparer aux affres de ce type d'entertainment. Mais à trop vouloir effeuiller la marguerite, celui allergique à The Remains of the Day, risque bien de s'attirer les foudres du CIRI.