Bertrand Andriani n°1 au Top 50 de Jeune Afrique

juin 27, 2019

Sa ressemblance avec le Vice Amiral Laurent Isnard, d'1 an son cadet, n'a échappé à personne, tout comme sa capacité d'intervenir Loin de chez nous en Afrique.., le chant entonné par le Commando Hubert lors de l'hommage national rendu aux Invalides à 2 des siens tombés au Burkina Faso pour libérer 2 otages enlevés dans le parc de la Pendjari au Bénin. Des pays que Bertrand Andriani connaît bien comme beaucoup d'autres en Afrique.
Pur produit Linklaters qu'il a rejoint, en 1985 comme collaborateur avant de passer associé en 1993, ses débuts sur le continent noir remonte à 1989 où il fut amené à conseiller Shell lors de la mise en exploitation du bloc Rabi-Kounga au Gabon.
Devenu par la suite, la référence absolue en France dans le financement d'infrastructures où les prêteurs lui courent après, il a continué à intervenir sur des projets en Afrique mais le plus souvent côté sponsor comme le montre sa proximité avec Olam, ce major de l'agro-alimentaire singapourien intéressé par l'infra, un temps, candidat à la reprise de Necotrans.
Avec l'expérience acquise par son équipe, il a pu confier à Darko Adamovic certains projets en Europe et d'autres sur l'énergie à François April qui lui doivent beaucoup. Cette capacité à déléguer lui a permis de libérer du temps pour l'Afrique où si d'autres y ont laissé des plumes lui n'a perdu que quelques cheveux.
Avec succès si l'on en juge par la place que lui a réservée Jeune Afrique dans son classement, opportunément sorti pendant l'Energy Africa Forum qui s'est tenu cette année à Lisbonne où plusieurs des 2500 participants ont été surpris à déambuler non loin de l'Elefante Branco. Un nom bien connu des investisseurs pour désigner les projets laissés à l'abandon ou en perdition comme ce lieu situé rua do Conde de Redondo.
Pour se retrouver sur la plus haute marche du podium, où Pascal Agboyibor puis Hicham Naciri l'ont précédés, Bertrand Andriani nommé quelques mois plus tôt managing partner du bureau du magic circle à Parisa été bien occupé en 2018.
A commencer par les ports de San Pedro et Nouakchott impliquant Arise, la branche logistique d'Olam. Egalement par Scaling Solar, le programme de la Banque mondiale dans lequel Meridiam et Engie sont associés et dans une moindre mesure par le projet hydroélectrique Nachtigal au Cameroun où Stoa, le fonds créé par l’AFD et la CDC détient 10% de la société projet. Sans oublier, le pont devant relier Brazzaville et Kinshasa, un projet du fonds infra Africa50 toujours dans les cartons.
Même s'il n'a pas encore fini de déballer les siens depuis son arrivée au 63 avenue des Champs-Elysées, adresse de son nouveau cabinet baptisé Asafo & Co, Pascal Agboyibor complète le podium devant Hicham Naciri.
Revenant sur son départ d'Orrick, Jeune Afrique, pour qui “la rupture brutale avec son ancienne maison annoncée en mars n'a pour l'heure fait l'objet d'aucune explication détaillée”, a tout de même tenté d'en savoir plus pour informer ses lecteurs, “et pour l'avocat interrogé, l'heure n'est pas aux révélations mais au développement de son nouveau projet”. On comprend mieux pourquoi les journalistes de cette publication forcent autant le respect.
Citer Hélie Denoix de Saint Marc dont le neveu Valéry oeuvre de temps en temps pour l'Afrique chez August & Debouzy, en répondant “L'honneur est un acte de pauvre, il suppose le dépouillement. Il impose de tout mettre en péril pour ne pas déchoir”, aurait fait son effet. Mais on ne peut pas penser à tout. A moins de ne pas vouloir apparaître trop militariste après avoir déjà baptisé son cabinet du nom des guerriers Akan, ou sympathisant de l'Algérie Française ou encore fan d'Edith Piaf, l'interprète de “Non, je ne regrette rien”.
En tout cas, son essor semble bien parti avec l'annonce, il y a quelques jours, de l'ouverture d'un bureau à Joannesbourg confié à Philip Webster, une vieille connaissance. Cet avocat anglais a eu l'immense privilège de rencontrer à maintes reprises dans son enfance, Mohamed Ali, l'un des amis de sa soeur. Autant que Pascal Agboyibor le sache si jamais il veut se faire passer pour “The Greatest” comme Jeune Afrique a, un peu trop, tendance à le faire.
Pendant ce temps là, rue Pierre 1er de Serbie, Yves Lepage (n°10) qui doit sa place au closing de la dette de Nachtigal, a hérité du desk Afrique. Se retrouvant un peu esseulé après l'exode massif intervenue dans le sillage de celui présenté, à juste titre, comme “l'incarnation de la réussite d'Orrick sur le continent africain”, l'US law firm a fait appel à Michael Bühler.
Agé de 62 ans, cet associé arbitrage de Jones Day qui a certainement dû vendre son âme au Diable, il en paraît 15 de moins, est l'un des avocats de Michel Fotso, fils de la plus grande fortune du Cameroun, en délicatesse avec Paul Biya comme le montre sa condamnation à la prison à vie.
Fidèle au poste même si à priori elle doit être souvent en déplacement car difficilement joignable à son bureau, Naomi Omeonga wa Kayembe contribue, du haut de ses 29 ans, à rajeunir la moyenne d'âge de l'effectif qui se compte tout juste sur les doigts d'une main. A peine de quoi faire une partie de boules sachant que la pétanque, en sport collectif, se joue en triplette. En tout cas, sans Philippe Zeller bien décidé à ne pas prendre racine chez Orrick après 15 ans de présence.
Encore trop inexpérimentée, cette jeune associate qui a tout de même fait l'objet d'un article dans Opérations Financières, ne fait pas partie du contingent féminin de cette édition qui compte 6 femmes dont pour la 1ère fois, une “soeur”, en la personne de Salimatou Diallo (n°43).
Homonyme de Denise Diallo, la managing partner de White & Case Paris, afro-américaine ayant épousé un peul, cette guinéenne inscrite au barreau de NY, Paris et Conakry est passée chez Hogan Lovells et Herbert Smith.
Après avoir été nommée counsel dans l'équipe de Stéphane Brabant (n°16), elle a préféré retouner “au pays” créer son cabinet où ses compétences à la fois en dette et en corporate qui ne courent pas les rues surtout celles de Conakry la hisserait donc au niveau de Benjamin de Blégiers arrivé chez Weil Gotshal dont Frédéric Salat Baroux pourrait bien en faire son binôme sur ses dossiers Afrique. Ou encore de Pierre-Yves Chabert présenté là-bas comme l'associé de Barthélémy Faye chez Cleary Gottlieb. Cette prouesse doit combler celui qui a patiemment formé celle dont le nom est passé à la postérité avec l'aide de DSK.
Devant elle, figurent 5 “blanches” emmenée par Marie Bouvet-Guiramand (n°6) qui échoue de peu à intégrer le top five. Si certains sont étonnés de la voir aussi bien placée, d'autres le sont encore plus en constatant que Gide est le cabinet le mieux représenté avec 7 avocats.
Au moins, cette reconnaissance pour le moins appuyée a le mérite de faire figurer un avocat algérien, Samy Laghouati (n°30) dans le classement. Il était temps que le plus vaste pays d'Afrique soit représenté !
Pour l'heure, son compatriote Driss Berehri, associé infra chez Allen & Overy préfère ne pas intervenir de l'autre côté de la Méditerranée. Mais le jour venu, on peut compter sur celui dont “le sang ne fait qu'un tour” quand un kabyle se distingue comme ceux s'exprimant ainsi “je ne suis pas français, je suis corse” pour ne pas faire de la figuration. Il est déjà intervenu en Albanie pour le compte de clients chinois lors de la vente de l'aéroport de Tirana.
Derrière Gide, Asafo & Co avec Simon Ratledge (n°35), Bob Bastos (n°44) et Sébastien Gaudu (n°45) est le plus visible avec 4 avocats, un exploit pour un cabinet créé il y a à peine 2 mois juste avant la publication de l'enquête de l'ONG The Sentry, soutenue par George Clooney, sur Kwanza Capital dans laquelle apparaît son fondateur et le nom d'un de ses associés. Derrière, Norton Rose est représenté par 3 avocats, Christophe Asselineau (n°21), Anne Lapierre (n° 37) et Alain Malek (n° 40).
Pourtant très présents sur les dossiers largecap, les magic circle ne comptent que 2 avocats, Clifford Chance avec Delphine Siino Courtin (n°13), la protégée de Tony Gustini (absent du classement en dépit de son poids en infra) et Moustapha Mourahib (n° 27) basé à Casablanca. Idem pour Linklaters avec Roland Ziadé (n°11), un as du sifflet comme on dit au pays puisqu'il fait de l'arbitrage.
Quant à Allen & Overy dont le bureau de Paris a choisi Hervé Ekué comme managing partner, information que Jeune Afrique n'a pas daigné relayer, la law firm ne place qu'un seul avocat et non des moindres.
Discret et efficace, on ne risque pas de voir rouler ce spécialiste capital markets et regulatory dans une BMW 730 comme l'ambassadeur à Paris (35 CMD 1) et de plusieurs capitales européennes de son pays d'origine limitrophe de celui de son ami Pascal Agboyibor. Cette anomalie justifie bien que le top 50 de Jeune Afrique en recense également. Ainsi la présence de plusieurs avocats paraît incongrue idem pour la place occupée par certains. A l'image d'un “singe savant” beaucoup d'entre eux ne font que répéter les choses qu'on leur a apprises sans faire preuve de discernement. Mais cette année, pour éviter d'être répétitif, cet aspect qui fait le charme de cette publication, n'a pas été abordé en détail. On imagine déjà les personnes concernées pousser un ouf de soulagement.
Côté US law firm, Mayer Brown réalise une percée avec la 8ème place d'Olivier Mélédo et Dany Khayat (n°14) lequel peut s'estimer heureux de ne pas avoir été placé dans le contingent féminin avec le prénom qu'il porte. Pouvant compter sur Emmanuel Gaillard (n°15) qui n'est pas le 1er avocat en arbitrage dans ce classement malgré son emprise sur cette practice, Shearman Sterling est également représenté par Maude Lebois (n°34) après l'avoir été dans une précédente édition par Yas Banifatemi.
Mais la femme la plus connue en Afrique après Naomie Campbell dont plusieurs filles ont hérité du prénom à leur naissance, pourrait bien être Paule Biensan (n°19) qui a reçu celui du mari de l'ineffable Chantal, une 1ère dame dont on ne se lasse pas des facéties.
L'infatigable associée de White Case est parfois surnommée “tanti” par ses interlocuteurs y compris chez les “mami dada” dont elle force l'admiration. Après avoir éreinté Jacques Bouillon, celle dont le parcours s'apparente à l'ascension de l'Everest d'abord comme sherpa puis comme alpiniste, a hérité d'un nouveau partner, François-Guilhem Vaissier, formé chez Gide par François Krottof.
Pourtant son cadet, ce dernier a décidé de raccrocher les gants en 2017. Beaucoup plus jeune, Carine Chassol, ex-associée d'Allen & Overy, n'a pas hésité à changer de vie pour se consacrer au théâtre et passer plus de temps en Martinique. Sa dernière pièce OffenBlack qu'elle a écrit et interprête, est à l'affiche du Festival Off d'Avignon.
Passionnée par Offenbach, une diva noire se voit imposer un pianiste blanc sans filtre passionné par la musique et la cause noire.Dommage de ne pas avoir choisi un journaliste à la place d'un musicien, elle aurait tout de suite su à qui faire appel.
A noter parmi les absents de ce classement, Jean-Jacques Essombéhead finance et Afrique chez Bird & Bird et Jacques Naguet Radiguet de Davis Polk impliqué sur tous les dossiers de l'opérateur de télécom Millicom en Afrique. Secteur infra dominé par Remy Fekete (n° 26) de Jones Day, un peu à la manière de Vincent Le Stradic chez Lazard. Sans oublier Stephan Alamowitch à qui le “bélier noir” doit tant, qui sillonne l'Afrique depuis plus de 20 ans.
Ne parlons pas de Barthélemy Faye dont la place devrait devancer celle de Sena Agbayissah (n°5) d'Hughes Hubbard si l'on tient compte du critère de l'influence, l'intitulé de ce classement.
Pour ceux qui estiment que travailler en Afrique n'est pas sans risque, ce dernier est bien placé pour dire que la réciproque est aussi vraie en France. L'hôtel particulier occupé par son cabinet a été incendié lors de la 2ème manifestation des Gilets Jaunes, le 4 décembre (jour du sacre ubuesque de Bokassa 1er) dernier après le saccage de l'Arc de Triomphe.
Peut être qu'en lisant ces quelques lignes, Jeune Afrique qui a déjà rectifié le tir sur l'Algérie et les “soeurs”, en tiendra compte pour l'an prochain.