Me Too : La peur s’abat sur les law firms

novembre 3, 2019

Dans le clip “Que mon cœur lâche” réalisé par Luc Besson, un ange (Mylène Farmer) descend sur Terre pour mener une enquête différente de celle en cours visant l'influent producteur.
N'étant pas Dieu, il a fallu faire avec les moyens du bord, après avoir découvert dans Les Echos, l'article à 4 mains (heureusement pas baladeuses) réalisé par 2 consoeurs. Même s'il est bien plus sérieux que celui paru, 1 an plus tôt dans GQ, il nécessitait d'être élargi sinon complété.
Le Barreau de Paris comptant autant d'avocat que la Capitale de taxi, par souci de cohérence et non par facilité, ce travail a été limité aux utilisateurs de G7 Affaires.
Ce service est, en général, l'apanage des law firms réputés pour leur discrétion dont le standing leur permet d'en faire bénéficier les associates habituées à rentrer tard chez eux bien souvent après la fermeture du métro.
Cela leur évite de se retrouver au détour d'une conversation comme la “Catherine des Echos”, à ne pas confondre avec la “Martine de la Vérité si je mens”, avec une main sur la cuisse remontant tranquillement sa jupe mais surtout de faire de mauvaises rencontres.
Connu du grand public pour avoir défendu Guy Georges, libérable en 2020, Alex Ursulet visé par une plainte pour viol et harcèlement sexuel déposée par l'une de ses ex-collaboratrices, pourrait connaître le même sort que son client si jamais les choses tournent mal. Prévoyant, l'ex-disciple de Jacques Vergès s'est entouré de 7 confrères.
Plus d'une de ses collaboratrices qu'il emmenait dans sa Jaguar au Flore ont entendu “mettez votre énergie sexuelle dans votre travail”, au grand désespoir de Coralie Blum, l'auteur d'Entre ses mains qui en pinçait pour lui dans son livre sans le nommer.
Un confrère de Chartres, Sydney Amiel, parti à la retraite en 2011, 1 an après le dépôt d'une 1ère plainte, a été rattrapé par la justice pour des faits s'étalant sur pas moins de 30 ans. Condamné, en appel, à 5 ans dont 2 avec sursis, pour le viol, en 2003, d’une collaboratrice et l'agression sexuelle d'une cliente, ce fils de tailleur manifestement plus destiné à prendre qu'à confectionner des vestes, a fini par être incarcéré l'an passé.
Le succès aidant, la perte du sens des réalités peut conduire certains à devoir répondre de leur comportement déplacé et inapproprié incompatible avec l'exercice de leur profession. Et pour cela, nul besoin d'être un amateur de Havane comme Bill Clinton dont les ennuis avec Monica Lewinsky n'ont pas vraiment servi de leçons à tous ceux s'imaginant occuper le Bureau Ovale tellement ils ont pris le melon. Même si Caura  Barszcz n'est pas Amélie Poulain, sa passion pour la photo a fait des émules dans cette law firm proche du Trocadéro. L'un des associés a été prié d'aller exercer son talent ailleurs après avoir été surpris à photographier plusieurs collaboratrices (en jupe) à leur insu alors qu'elles se penchaient en lui tournant le dos.
Aussi les chasseurs de tête qui ne vont pas manquer d'être sollicités pour lui trouver un nouveau point de chute, seraient bien avisés de ne pas faire entrer le loup dans la bergerie déjà que les moins scrupuleux y introduisent parfois des chèvres.
Si la crainte peut dissuader les plus vulnérables, des proies faciles en particulier pour ceux réputés “forts avec les faibles et faibles avec les forts”, à dénoncer les agissements qu'elles ont subis, les moins timorées connaissent le prix à payer et la “perte de chance” auxquels elles s'exposent. Toutes n'ont pas un parent, magistrat, policier ou influent pour les protéger.
Le droit de la défense et la présomption d’innocence ont parfois bon dos. Les plus retors pour qui l'attaque est la meilleure défense, ne reculent devant rien. L'issue du procés en diffamation intenté par Denis Baupin, l'ex-député EELV contre 2 médias, 2 témoins et 6 femmes qui l'accusaient de harcèlement et violences sexuels, devrait faire réfléchir les plus procéduriers.
En particulier ceux qui n'ont pas tardé à demander l'annulation des procédures en cours pour violation du secret de l'instruction après l'initiative de Valérie de Senneville et de Delphine Iweins.
Preuve que 2 ans après les débuts de l'affaire Weisntein et la condamnation, l'an passé, de Bill Cosby à 10 ans de prison, l'essor du mouvement Me Too, la peur a changé de camp. Pour s'en persuader il suffit de parcourir RollOnFriday, ROF pour les intimes.
Co-fondé par Piers Warburton, avant qu'il ne devienne head of funds practice chez Ashurst, ce site d'information “young, irreverent and a bit cheeky” comme nos amis “brit” savent l'être quand “bourrés comme un coing”, ils assistent dans un Pub à la déculloté du XV de la Rose, “ne fait pas dans le dentelle”.
S'étant retrouvé coincé dans un bar à New York au milieu d'une horde de supporters, sujets de sa grâcieuse majesté, Laurent Halimi en a fait l'expérience. Malgré le résultat, il a, comme à son habitude, préféré avoir le triomphe modeste.
Après l'incarcération en février dernier, de Thomas Elser, l'un des tax partners du bureau de Münich, condamné à 3 ans de prison pour agression sexuelle sur une stagiaire lors de l'Oktoberfest, Linklaters s'apprête à mettre en place un dispositif pour prévenir ce genre de débordements.
Pour aider ses ouailles à se tenir correctement lors des events, le magic circle s'apprête à lancer une campagne accès sur la sobriété. Là haut, cette mesure ne manquera pas de faire sourire le regretté Thierry Vassogne.
De fait, il ne se passe pas une semaine sans qu'un naughty partner d'une law firm de la City “dismissed for inappropriate conduct, according to inside sources”, ne se fasse épingler par ROF.
Parfois, cette publication réserve à certains d'entre eux un traitement dont la brutalité n'est pas sans rappeler celle promise par Marcellus Wallace aux 2 pervers croisés dans une cave dans Pulp Fiction. Un lieu où se déroule l'une des scènes de “Cher Maître, 8 ans de viol conjugal”, laquelle en a marqué plus d'une ayant lu ce livre dédié à un ex-associé en M&A connu de tous, parti s'exiler à Londres.
Même si un managing partner d'un magic circle à Paris a été quelque peu malmené par ROF pour ses goûts musicaux, de ce côté du Channel, les lawyers sembleraient faire preuve de plus de retenue vue le peu de cas répertoriés.
Il ne faut pas se fier aux apparences, tous ne sont pas aussi sérieux que cette rising star (pas un ersatz sur papier glacé affublé d'un hochet à l'issue d'un prix de pacotille) en M&A, impassible comme Le Gendarme et les Gendarmettes (1982) au milieu de ses 6 collaboratrices qui l'adulent dans cette law firm que tout le monde envie en real estate.
Pourtant de l'aveu de Grandgil dans La traversée de Paris (1956) “dans chaque français, il y a un cochon qui sommeille”.
Depuis longtemps des noms de harceleurs présumés circulent avec insistance comme celui de cet associé M&A habitué à se reposer sans vergogne sur l'un de ses ex-collaborateurs qui l'a depuis dépassé pour devenir la référence absolue en private equity.
Si le surprendre avec une collaboratrice assise sur ses genoux pour relire son travail n'étonnait plus personne, le retrouver dans une US law firm qui a défrayé la chronique pour une histoire de sexting confirme bien le dicton qui se ressemble s'assemble.
D'autres cas comme ceux de ces fils de notaire et de serrurier sont également bien connus dans cette practice. Mais à la différence de ce MCO dont le cabinet spécialisé en contentieux international est la proie depuis plusieurs mois d'une série de défections et non des moindres, aucun de ces usual suspects, habitués à passer entre les gouttes, ne fait l'objet d'une plainte ni même d'une instruction.
De quoi désespérer cette counsel en litigation de K&L Gates, auteur d'un post sur Facebook abondamment partagé dénonçant, à sa manière, la passivité de la profession face à ce fléau. Dommage que Sophie Vermeille ne se soit pas emparée de ce dossier brûlant, avec elle, les choses auraient certainement avancé plus vite.
Mais si l'on se fie aux paroles de Michel Sardou, nul n'est à l'abri d'être surpris par la maladie d'amour.
Même si à l'idée d'être pris pour des pervers ou vicieux, cela devient de plus en plus compliqué pour les émotifs anonymes de trouver l'âme soeur sur son lieu de travail. Par les temps qui courent, la discrète Emmanuelle Henry aurait pu finir “vieille fille”. À l'opposé, chez celles connues pour être plus expansives, placer au détour d'une conversation “mon fils l'avocat”, peut désormais créer la suspicion.
N'est pas Arthur Baudry d'Asson ou Alexandre Lagarrigue qui veut ! Jeune avocat “frappé par Cupidon”, ils ont convolé avec une consoeur de leur âge bien avant d'accéder au rang d'associé. Même si plus tard, une fois partner, l'un de ces “gasby” s'est épris d'une counsel devenue plus tard son égal après que son ex-compagne dont il était séparé, ait quitté la law firm.
Il n'y a rien à redire, tout a été fait dans les règles. Idem pour ce couple ethnique et iconique ayant conduit un partner en restructuring à changer de law firm après sa dissolution. Ce “coeur d'artichaut” ne supportait plus de la croiser dans les couloirs.
Un peu moins pour cet associé qui invitait au Racing sa collaboratrice et son mari avant d'en faire sa partenaire mais pas de tennis comme son époux s'en est rendu compte plus tard.
Idem pour l'épouse de cet associé en droit public constatant à son retour au domicile conjugal que l'associate déjà son égale l'était aussi devenue de son mari qui l'avait fait passer associée. Cette promotion s'accompagnant d'une suspicion de favoritisme.
Par chance, il n'a pas épousé une carnassière comme ce partner dont la femme furieuse mais heureusement pas enragée, est venue le mordre sur son lieu de travail. Depuis cette law firm qui a pignon sur rue, a mis en place un dispositif de sécurité digne de celui de l'UFC.
Dans ce cabinet éponyme proche de l'Elysée, les jeunes collaboratrices occupant le même bureau, se regardent en chien de faïence après avoir découvert qu'elles jouaient à tour de rôle celui de Gong Li dans ce film de Zhang Yimou où il est question de lanternes rouges.
Même si cette situation n'est pas répréhensible s'agissant de relations entre adultes consentants, elle a conduit à plusieurs départs en raison de l'ambiance pesante qui en découle.
Impossible de rencontrer ce genre de situation chez Allen & Overy où tout partner surpris à entretenir une relation avec une stagiaire ou une collaboratrice se voit proposer de quitter la firm en échange d'un arrangement. On se croirait chez McDonald’s où le directeur général, Steve Easterbrook, a été remercié, pour avoir débuté une relation avec un membre du personnel. C'est à se demander s'il n'a pas été surpris avec le clown de l'enseigne de fast food ?
Précisons pour ceux qui connaissent l'épouse de Wim Dejonghe qu'il ne l'a pas rencontrée dans un fast-food. Cette règle est d'application récente. Outre Atlantique, le puritanisme peut aller encore plus loin. Depuis peu, des law firms et non des moindres comme certaines white shoe demandent désormais à tous les lawyers de déclarer au partner in charge de leur practice de discloser les “relations incestueuses” entretenues avec leur pair.
En cas d'absence de notification préalable, cela revient à un breach avec les conséquences que cela peut impliquer. Chez cette law firm qui a déménagé, ce type d'entrave à la liberté sexuelle ne semble pas d'actualité.
Rien d'étonnant quand on sait qu'un associé surpris par une femme de ménage tôt le matin en compagnie d'une stagiaire plus en pleine action qu'en plein travail, n'a pas eu à se justifier partant du fait qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien !
Mais après avoir divorcé, il a eu à coeur de régulariser la situation en l'épousant. Plus tard, il a élu managing partner. Cette fonction n'a semble-t-il pas laissé indifférente cette jeune associate en litigation d'un magic circle au prénom porté à l'écran.
Même si cet associé ne risque pas de l'être dans celui où il sévit, se montrer galant à défaut d'autre chose, est dans ses cordes. Cette jeune collaboratrice d'une autre law firm peut en témoigner après avoir accepté de se faire raccompagner dans sa puissante berline allemande à la sortie d'un signing tardif.
Devenue sa compagne, il a bien fallu un moment qu'elle se retrouve avec une main sur sa cuisse remontant tranquillement sa jupe sans en faire tout un plat même si elle est réputée être une piètre cuisinière.
Il faut dire qu'il ne l'a pas choisi pour cela sinon il aurait emballé Maïté comme aime à le souligner avec malice celui appelé à lui succéder.
D'autres lawyers ont également eu des aventures avec leur secrétaire qui se sont parfois finies à la mairie puis à la maternité ou inversement. Parfois seulement à la maternité comme cela est arrivé à un partner du temps où il était chez Coudert. Que l'on se rassure, son cas n'est pas isolé, un autre associé, pur produit de Gide, l'a imité.
Quant aux dircoms, déformation professionnelle oblige, préférant observer que participer, elles font souvent tapisserie. Toutes ne sont pas de bois, en particulier cette n-1 habituée à partir en week-end ou même en vacances avec plusieurs partners (un à la fois) dont le départ le lendemain de l'annonce de celui d'un membre du board de cette US law firm a bien failli orienter les curieux mais surtout les plus indiscrètes sur une mauvaise piste.
Pour cet associé tax d'un magic circle, à tout choisir il aurait préféré faire l'objet d'un redressement plutôt que tomber sur un mari jaloux. Après avoir découvert le “pôt aux roses”, ce dernier, un brin taquin, a averti, à sa manière, plusieurs managing partners d'autres bureaux pour le faire passer pour un “petit canailloux”.
Parfois certaines femmes ont de la suite dans les idées. Ainsi cette collaboratrice du bureau de Prague d'un magic circle en stage à Londres ne parlant pourtant pas le français, a suivi à la lettre les paroles de Né ici, en recevant chez elle la visite d'un partner “lourd” en pleine nuit. Avec élégance, son boyfriend qui travaillait avec ce dernier, a choisi, d'aller dormir à l'hôtel pour ne pas les déranger.
Que dire de cette counsel mise sur le track du partnership poussée par son associé? N'ayant pas été cooptée, elle a été voir ailleurs en s'exilant à Londres pour atteindre son objectif sans pouvoir en profiter longtemps.
Lors de son passage chez Mayer Brown, jamais avare de compliments, Jeannette Bougrab a su se faire apprécier pour son côté fort sympathique que certaines ont plutôt considéré comme aguicheur. Il est toujours difficile de faire l'unanimité.
À l'instar du monde des affaires où un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès, les relations peuvent s'envenimer avant d'éclater au grand jour. Abondamment commentée, pas toujours avec justesse, celle concernant Pascal Agboyibor et présentée un peu vite comme un cas de Me Too, a fait couler beaucoup d'encre. Encore plus quand toute la lumière sera faite.
Saisi de cette affaire, le conseil de l'Ordre du Barreau de Paris, compétent en 1er ressort en lieu et place des prud’hommes ou du juge judiciaire, ne s'est pas encore prononcé.
Dans le passé, un cas concernant une autre US law firm pour des faits remontant entre fin 2001 et l'été 2006, a agité le Landerneau de l'infra. Après plusieurs renvois, la chambre criminel de la Cour de Cassation a clos cette longue et pénible affaire de harcèlement sexuel et moral, 10 ans après le dépôt de la 1ère plainte d'une associate visant son partner.
En dernier recours la justice a confirmé, le 26 avril 2017, l'ordonnance de non lieu. Depuis la rentrée, le relaxé a fait jouer ses droits à la retraite tandis que son accusatrice est devenue son égale dans un autre cabinet basé à Singapour.
Même s'il y a urgence, attention à ne pas confondre vitesse et précipitation sur un terrain aussi miné que celui du Me Too. Quand les temps sont lâches, se risquer à faire l'amalgame peut être brutal!
Même si elle sont une infime minorité, il ne faut pas occulter celles qui se retournent contre leur ancien amant en leur reprochant de ne pas avoir la carrière qu'elle espérait. Les moins scrupuleuses n'hésitent pas à les menacer de les dénoncer en agitant le chiffon rouge du Me Too pour arriver à leur fin.
Heureusement même si l'une d'entre elles a été aperçue au stade Félix Bollaert, ce phénomène n'égale pas celui qui sévit dans le football où les compagnes des joueurs, il est vrai pas toujours exempt de reproches, n'hésitent pas à déballer leur vie privé après leur rupture avec ceux qui les entretenaient.
En tout cas une chose est sûre, désormais avec Me Too : La peur s'abat sur les law firms.