Pas de chance ! Alors qu'il doit bientôt s'expliquer face au DJ qui l'accuse de l'avoir giflé en public, la rétrospective de la Cinémathéque consacrée à Louis de Funès, reportée pour cause de crise sanitaire, a finalement ouvert ses portes.
De quoi mettre Hervé Pisani dans l'embarras avant sa convocation devant la justice, une broutille pour Freshfields comparée au procés du Cum-Ex, si jamais lors d'une visite scolaire un enfant s'exclame “Tiens on dirait le patron de papa !”.
Non pas qu'il mesure 1,63 m, la taille de l'acteur le plus populaire du cinéma français affichée à l'entrée de l'exposition mais plutôt pour sa capacité à s'emporter même si plusieurs invités ont remarqué qu'il se tenait toujours 2 marches au-dessus d'Elie Kleiman, pour les accueillir aux events organisés par le magic circle.
Aimant par dessus tout, citer Tancrède Falconeri “Il faut que tout change pour que rien de change” quand celui-ci converse avec son oncle, Don Fabrizio Salina, cela n'étonnerait personne si Hervé Pisani songe lors de ces réceptions à Alain Delon dans Le Guépard (1963) de Luchino Visconti.
Malheureusement ses sautes d'humeur font plus penser au commissaire Juve, “un français moyen, banal, d'apparence insignifiante, ne payant pas de mine”, qui tour à tour, peut se montrer anxieux, colérique, menaçant et même violent quand il lui arrive de perdre ses moyens.
Depuis qu'il a succédé, au printemps 2018, à Elie Kleiman comme managing partner du bureau de Freshfields à Paris, les choses ne s' arrangent pas.
Alors qu'il n'osait pas se servir d'Elie Kleiman comme Louis de Funès de Bourvil, errant en rase campagne déguisés en soldats de la Werhmacht, monté en grade, il ne se gêne pas de le faire avec le sympathique Florent Maseron.
Sous couvert de renforcer la collégialité des associés pour accentuer le cross selling tout en les affectant à des comités ad hoc pour mieux déléguer, cet adepte “du changement et de l’interrogation perpétuelle” a commencé à en mettre plusieurs au pas, prenant des décisions sans trop les consulter ou parfois contre leur avis.
Celle de se charger d'insuffler un nouvel élan à la communication du cabinet, fait craindre à certains d'entre eux, déjà exaspérés par la tournure que prennent les évènements, que cet exercice ne vire au culte de la personnalité.
Déjà la teneur de certains articles parus dans Décideurs le présentant comme “un deal maker dont les qualités s'illustrent sur des transactions de grande ampleur... doté d'une double casquette d'avocat en M&A et en contentieux des affaires” tout en lui attribuant un rôle plus important que la réalité sur des deals dont certains ne sont pas du ressort de ses compétences, a fait grincer des dents et en a amusé d'autres.
Plus sérieusement Chambers qui le classe en Band 2 en corporate M&A tout en le snobant en dispute resolution, précise que les commentaires (pour le moins élogieux) qui accompagnent son ranking proviennent de l'intéressé lui même, manifestement plus enclin à être malheureux et pathétique qu'indifférent et digne.
Lequel n'hésite pas à se présenter comme “recognised as one of the leading M&A corporate lawyers in France. Hervé has solid experience in advising listed and non-listed companies in relation to their most strategic M&A transactions, either in France or globally. In addition, Hervé has particularly strong expertise in relation to stock market litigation and represents French and international corporates, public companies, and the French state in relation to their most complex disputes”. Rien que cela !
Seul point commun avec Yves Wehrli dont la longévité comme managing partner le fait saliver, leur passion commune pour Pierre Bachelet. Si l'ainé, aperçu au Stade Bollaert souvent accompagné, a un faible pour Les Corons (1982), le second, pour d'autres raisons sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s'étendre, préfère Emmanuelle (1974).
Pourtant rien ne prédestinait celui qui rêvait de devenir pilote de chasse plutôt que poinçonneur des Lilas “le gars que l'on croise et que l'on ne regarde pas”, à porter la robe. “Un métier où il faut mieux passer pour un fou que pour un imbécile même si certains ont peu de chance de revêtir la camisole“.
De fait, ce marseillais d'origine est le 1er de sa famille â prêter serment après une maîtrise de droit à Paris I avec son passage obligé à Tolbiac couronné par un DESS en fiscalité des entreprises à Paris-Dauphine et un service militaire bien loin de ses ambitions de jeunesse. Monté à la Capitale avant lui, Le Schpountz (1938) n'a pas eu la même réussite.
Par l'entremise d'Edouard Didier, l'un de ses chargés de TD et également celui de David Aknin, il parvient à rentrer, en 1989, chez Gide comme fiscaliste dans l'équipe de Philippe Derouin, aujourd'hui disparu (des écrans radar), avant de rejoindre sur le tard l'équipe M&A. L'un de ceux qu'il cite parmi ses mentors, Thierry Vassogne, ne l'a pas invité à le rejoindre, en 1998, chez Linklaters où Olivier Diaz, Marc Loy (et non pas Lol comme certains l'appellent chez BDGS), Emmanuelle Henry, Agathe Soilleux, Arthur Baudry d'Asson et bien d'autres, sont du voyage. Dommage, il aurait retrouvé, rue Marignan, David Aknin qu'il avait aidé à obtenir un stage en fiscal chez Gide.
Après cet exode massif en M&A, il profite de l'appel d'air ainsi créé et devient associé Cours Albert 1er. Au bout de 3 ans, sur les recommandations d'Olivier Diaz arrivé l'année précédente chez Darrois Villey, il atterrit au 69 avenue Victor Hugo.
Il ne le sait pas mais sa rencontre avec Jean-Michel Darrois lors d'un voyage à Lille pour un client également défendu par Gide, va être déterminante. Après l'avoir perdu de vue, “le Gatsby du M&A” se souvient quelques années plus tard, au moment de rajeunir son équipe, de ce garçon sympathique croisé dans le train.
Si Olivier Diaz auquel il est souvent comparé, est considéré comme un bon technicien mais un peu moins à son aise par gros temps, l'obstination de celui présenté comme son binôme à vouloir concilier M&A, droit boursier et contentieux, fait sourire les spécialistes qu'il croise dans les prétoires. Avec malice, certains soulignent qu'il n'a pas été lauréat du Prix Freshfields.
Décidé à rejoindre cette law firm, son départ, volontaire, est accueilli avec soulagement chez Darrois Villey. Appelé par Antoine Vignial qu'il a connu chez Gide, son arrivée, le lendemain du nouvel an 2012, est annoncée avec tambours et trompettes mais sans majorettes.
Après s'être targué de pouvoir ouvrir à Freshfields les portes des directions juridiques du CAC 40, il est directement nommé head de la practice corporate à Paris. Mais cette affirmation qui n'avait pas fait l'objet d'une due diligence, n'a pas vraiment été suivie d'effets.
Ce n'est que beaucoup plus tard qu'EDF deviendra son client. Lequel vient tout juste d'écoper d'une amende (5 M€) pour défaillance de communication sur Hinkley Point. PDG à l'époque des faits, Henri-Proglio a également été condamné à 50.000 €.
Suffisamment persuasif, le candidat a été cru sur parole, quoi de plus normal pour quelqu'un qui a prêté serment. A Marseille, une ville que Fabrice Grillo surpris à jouer au Fangio en charmante compagnie dans sa 911 Cabriolet, connaît bien comme son ainée, Ambassadeur de France au Liban, on a l'habitude de dire dans les quartiers Nord où l'on roule plutôt en scooter “Fatche de con ! C'est un 5 doigts, 6 bagues”. Comme “arrête ton char”, cette expression imagée stigmatise l'exagération.
Surpris en train de tourner autour de clients d'autres associés, cette initiative va provoquer quelques remous. Lui reprochant sa façon de faire, Fabrice Cohen se retrouve vivement pris à partie dans les couloirs de Freshfields par Hervé Pisani prêt à en découdre.
Ne se déroulant pas dans une entreprise mais dans une law firm, cet incident fait le tour de la Place et contribue à sa réputation, avant de retomber comme un soufflet alimenté de temps à autres par des rumeurs plus ou moins fondées. L'entendre vociférer au téléphone ou en salle de réunion rue Paul Cezanne n'étonne plus personne. A croire qu'il est comme Antoine Beretto ou encore Joe Star “la perpétuelle victime de l'esprit querelleur de ses contemporains. On le cherche, on le provoque, on le persécute ! Une sorte de fatalité”.
Par la suite, Fabrice Cohen tout comme Yannick Piette, 3 ans plus tard, rejoignent une US law firm. Tombé en disgrâce, Antoine Vignial devient le 1er associé du magic circle à ne pas finir son mandat au partnership council. Arrivé, en septembre 2000, avec lui et Benoît Marcilhacy, Antoine Colonna d'Istria, parti précipitamment, en avril 2016, a également dû écourter le sien de managing partner.
S'étant pourtant quitté en mauvais termes, une fois chez Orrick, Patrick Tardivy va le recontacter pour que la practice global investigations de Freshfields l'aide à démêler les accusations portées contre Pascal Agboyibor par l'une de ses collaboratrices dont il est inutile de rappeler l'identité.
En plein Metoo, sa passion pour le cheval qu'il partage avec une collaboratrice en litigation, passée par Reed Smith, va le pousser à jouer avec le feu, sans se soucier que Lucie (1996) a mis le pied à l'étrier à Pascal Obispo.
Apparemment moins que son associé anglais en restructuring, Ryan Beckwith. Son aventure, il est vrai arrosé (mais en Angleterre le contraire serait considéré comme suspect), avec une collaboratrice a conduit, cet homme marié de 41 ans devant le Sollicitor Disciplinary Tribunal. Condamné à 35.000 £ (235.000 £ avec les frais d'avocat et de procédure), il a dû quitter le magic circle. Bafouée, son épouse ne devrait pas tarder à en faire autant.
Repéré par un adepte de Grandgil, celui qui a maille à partir avec Jambier dans une cave du 45 rue Poliveau dans La Traversée de Paris (1955), personne ne souhaite cela à Hervé Pisani. Encore moins de le voir tomber dans une cuve à chewing-gum comme Louis de Funès dans Les aventures de Rabbi Jacob (1973) pouvant rappeler le châtiment du goudron et des plumes.
A commencer par le Ciel, si l'on en juge par les soucis rencontrés par Arash Derambarsh, l'avocat du DJ, dont la thèse de doctorat en droit soutenue, en décembre 2015, lui permettant de porter la robe, a été annulée pour plagiat par la section disciplinaire de la Sorbonne.
Au contraire, sur l'air de Tea for Two servant dans La Grande Vadrouille (1966) de signe de ralliement aux bains turcs, tout se présenterait pour le mieux pour ce féru d'équitation dont la monture (Valentine de Bonce) est pensionnaire à l'Étrier.
Laquelle semble s'accomoder des performances de son cavalier qui ne fait pas des étincelles en CSO (1,05 m), soit 1 cm de moins que les haies franchies par Carl Lhomond, lauréat du 26ème Prix Freshfields et hurdler sur 110 m haies avec un record personnel (14''30). Pourtant entraîné par Franck Curti, l'un des coachs prisés à l'Étrier, ses résultats aux CSO de Fontainebleau, Deauville et Jardy (forfait, éliminé ou disqualifié sur abandon) laissent ses supporters pentois.
Quand il se hasarde sur un CSI* amateur (1,10 m), par décence mieux vaut passer sous silence sa prestation à celui de Mantes la Jolie. De là à le comparer au MdL Chef Cruchot montant à cheval dans Le Gendarme en ballade (1970), serait pour le moins déplacé.
S'il taquinait le ballon, non loin à Bagatelle, son niveau serait celui d'un joueur évoluant en division régionale avec un temps de jeu limité sur le terrain.
Serait-il devenu raisonnable en changeant de selle pour celle d'un vélo qu'il aime enfourcher pour s'échapper avec Pascal Cuche, un adepte de la pédale mieux équipé que lui dont la “petite reine” est une compatriote d'Eddy Merckx.
Mais ne nous égarons pas comme ce tandem à l'habitude de le faire en Vallée de Chevreuse et revenons à la comédie musicale No No Nanette.
Décrivant son avenir tel qu'il l'imagine le duo mixte chante “Picture you upon my knee, just tea for two and two for tea, just me for you...We will raise a family, a boy for you, a girl for me. Oh, can't you see how happy we would be?”.
A moins que l'archange Michel, armé d'une lance, n'en décide autrement ?