Que l'on se rassure John MacAfee ne s'est pas pendu dans sa cellule à Barcelone en découvrant la liste de ces happy fews comme d'autres se sont étranglés en lisant le classement de Best Lawyers où quelques intrus se sont glissés.
Vu le pédigrée des 12 trentenaires retenus pour cette 40ème promotion de Young Leaders, le sérieux du programme de la French American Fondation, ne suscite pas la suspicion.
Mais cela n'a pas toujours été le cas des relations entre les États-Unis et son plus ancien allié, lesquelles ont connu quelques dissensions au gré des humeurs et des déconvenues de l'Oncle Sam.
Aussi au lendemain de la chute de Saïgon, éprouvant le besoin de se retrouver avec leurs homologues français pour applanir les différends et approfondir les relations entre les 2 pays, une poignée d'américains (politicien, universitaire et économiste) décide de créer la French-American Foundation.
L'année suivante pour rappeler le lien historique qui unit les 2 pays, ce cercle est officiellement inauguré en présence de Gerald Ford et VGE lors des célébrations du bicentenaire de la Déclaration d’indépendance.
Coïncidant avec l'ire de l'administration Reagan déclenchée par la présence de 4 ministres communistes dans le gouvernement de Pierre Mauroy, une nouvelle étape est franchie, en 1981.
Pour éviter que le dialogue transatlantique ne sombre comme le Titanic, le programme Young Leaders est lancé avec côté français Alain Minc en tête de proue. Ce choix est bien antérieur à sa condamnation, à 2 reprises, tout de même, en 2001 puis 2013 pour contrefaçon partielle.
Rapidement, cette fraternité réussit à faire son trou en détectant des trentenaires triés sur le volet disposant d'un potentiel de décideur, à faciliter leur rencontre en organisant des events (séminaires, voyages, dîners de gala) avec l'espoir qu'une fois parvenus à des postes clés dans leur pays, ils oeuvrent pour le bien des échanges crossborder.
Si côté américain, Hillary Clinton (1983), son mari Bill (1984) et Barack Obama (1988) figurent parmi les alumni, le comité de sélection français n'a pas à rougir de ses choix même si Jean-Louis Gergorin (1994) a ensuite été condamné (3 ans de prison dont 6 mois ferme et 40.000 € d'amende) dans l'affaire Clearstream.
Sans oublier Pierre Richard (1984) surpris à imiter son homonyme dans La chèvre (1981) à la tête de Dexia dont il causa la perte et Aquilino Morelle (1998), remplacé à l'Elysée par Gaspar Gantzer pour s'être fait remarqué comme Le grand blond avec ses chaussures. Que dire d'Anne Lauvergeon (1996) qui hérita de la presse américaine du surnom d'Atomic Anne ?
Avec le recul, la trajectoire de ceux qui ont suivi ce programme n'est pas sans rappeler celle empruntée par Thomas Pesquet (2017) pour rejoindre la Station spatiale internationale même si l'astronaute est devenu Young Leader qu'après son retour sur terre.
Dans la cuvée 2021, on retrouve Laura André-Boyet, l'un de ses instructeurs à l'Agence spatiale européenne. Soignant la parité homme-femme avec le petit doigt sur la couture du pantalon, la 40ème promotion est passée de 10 à 12 adhérents.
Vu l'agilité d'esprit d'une de ses rising stars qui le matin de l'annonce de sa nomination prenait le temps, sans rien laisser paraître, d'échanger avec l'un de ses nombreux admirateurs vêtu d'un sweet à capuche, ce badin serait bien capable de répondre, normal c'est le nombre d'année (12) où Emmanuelle (10 lettres) a été à l'affiche au Triomphe sur les Champs Elysées. Autant ne pas tenter le diable !
Parité oblige, parmi les 6 couples retenus, l'un d'entre eux est plus au service de la France que les autres, il s'agit de 2 officiers de la Royale, Aude Bray et Bruno de Goutard. Avec le succès rencontré par Le Bureau des légendes et Homeland, la présence récurrente de militaires montre bien que ce programme est ouvert à tous même aux journalistes.
Après avoir été représentée plus ou moins dignement par Erik Izraelewicz (1994), Emmmanuel Chain (1999), Annick Cojean (2000) et même par Yves de Kerdrel (2005) c'est pour dire, cette profession semble être passée de mode et fait tapisserie depuis plusieurs années.
On retrouve la même tendance avec les jeunes loups de la politique représentés cette année par Othman Nasrou.
Devenu le plus jeune vice président de la région Île de France, cet HEC passé par le Lycée Lyautey de Casablanca puis par Ginette à Versailles où Valérie Pécresse (2002) l'a précédé, sort du lot. Membre fondateur du collectif du 31 mai contre la honteuse circulaire Guéant destinée à limiter l’accès au marché du travail aux étudiants étrangers diplômés, son engagement n'est pas sans rappeler celui d'Erwin Bruder, au prénom évocateur dans l'Afrika Korps , appelé à une belle carrière chez la grande muette.
En 2019, ce jeune Lt-Col parachutiste a atterri dans ce club privé, 20 ans après que l'état major ait changé le nom de commando de recherche et d'action en profondeur (CRAP) en groupement des commandos parachutistes (GCP).
En apprenant lors d'une discussion avec un officier américain la signification en anglais de l'acronyme de sa prestigieuse unité, son chef n'avait pas tarder à faire remonter l'info à ses supérieurs. Comme quoi de la qualité du renseignement nait l'action.
Cette année, le M&A est à l'honneur avec la délicieuse et discrète Florence Haas, associée chez Bredin Prat, dont le passage chez Cravath (1 an) et les louanges de ses clients américains ne sont certainement pas étrangers à sa présence.
Il faut remonter à Mathieu Pigasse (2005) et dans une moindre mesure à Emmanuel Macron (2012) peu de temps après qu'il ait vendu Unify, spin off de Siemens, à Atos pour que cette practice tant décriée, soit aussi bien représentée. Après cela, on verra bien si Chambers qui surclasse Sébastien Prat en band 1, continue d'ignorer cetre amazone.
On peut même dire que le M&A l'est a double titre puisque le porte-drapeau de la culture, Véronique Cardi, CEO des Editions Jean-Claude Lattès est la cadette de Bertrand Cardi, l'un des associés les plus en vue chez Darrois Villey, band 1 chez Chambers. Alors à la tête des Editions Grasset, Olivier Nora (2005) a précédé sa soeur comme Young Leader.
Autre motif de satisfaction, le présence dans cette promotion de Louis Margueritte qui a laissé aux acteurs du restructuring un souvenir impérissable de son passage au Ciri.
Devenu dircab du ministre délégué en charge des PME, un ancien chauffeur de taxi dont le succès n'a rien à envier à celui rencontré par le film éponyme de Luc Besson, gageons qu'il aura à coeur, malgré sa charge de travail, à s'investir dans cette aventure passionnante avec ses 11 nouveaux camarades de jeu.
En espérant que son successeur, Cédric Garcin, fan de Vanessa Paradis, ne mette le son trop fort en écoutant Joe le taxi mais surtout n'ait pas à se pencher au chevet de l'un de ces happy fews comme par exemple Eric La Bonnardière, organisateur de voyages bespoke avec Evaneos. Il est vrai que ce secteur a payé un lourd tribut avec la crise sanitaire.
Nul n'est à l'abri d'une mauvaise surprise, pas même la French Américan Fondation dont le responsable de l'antenne française a rejoint, l'an passé, la France China Fondation créée, en 2012, par Nicolas Macquin (2010) dans le rôle de l'agent infiltré aux côtés d'Arnaud Ventura et du diplomate Emmanuel Lenain nommé ambassadeur de France à Delhi après avoir été en poste à Pékin et Shanghai. Habile comme le dirait Hubert Bonnisseur de la Bath.
Après 12 ans de bons et loyaux services, Hugues de Revel a rallié ce sistership comme DG, anticipant, sans doute, le centenaire de la création du PCC dont les festivités scrutées par le monde entier, vont débuter à compter du 1er juillet.
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