Once upon a time in CIRI

juin 28, 2022

Connu pour faire l'unanimité et depuis peu la majorité dans les urnes, Louis Margueritte n'est pas le dernier à souffler les bougies !
Après celles des 40 ans, l'an passé, des young leaders de la French American Foundation, le nouveau député de Saône et Loire était l'un des intervenants les plus attendus pour fêter l'anniversaire du CIRI dont il a été le charismatique secrétaire général (2018-2021).
Aussi pour ne pas voler la vedette à son ex-ministre de tutelle assurant l'ouverture de la conférence avec 15 minutes de retard, en raison d'une actualité plus que chargée, il avait été relégué à la dernière des 3 round tables, chacune modérée par un rapporteur du CIRI.
Un bon moyen de s'assurer que les nombreux participants à cet event où le tout Paris du restructuring à quelques exceptions près, était présent, restent jusqu'à la fin. Pourtant personae non grata depuis ses fees (18 M€) facturés sur Bourbon, même Laurent Mabilat avait fait le déplacement.
Idem pour Adeline-Lise Khov, cheffe du service économique à l'Ambassade de France à Séoul. Ne voulant manquer, pour rien au monde, les 40 ans du CIRI rebaptisé ainsi, en 1982, 8 ans après la création du CIASI, l'ex-secrétaire générale adjointe (2017-2020) est rentrée pour la 1ère fois à Paris depuis son dépaysement au pays du matin calme.
Cette expression n'est pas étrangère à cette magistrate de formation. Au lieu de suivre comme Eugénie Amri, partie en mission extérieure, la conférence retransmise sur Linkedin, prise de nostalgie, l'ex-bras droit de Louis Margueritte a préféré poster sur son mûr, une photo d'un dîner avec 5 de ses collègues de l'époque (en comptant celui qui prend la photo).
En mentionnant dans son intervention Potel & Chabot, sans parler de l'abandon d'une partie de son PGE, Bruno Le Maire a réussi à semer la confusion chez les moins attentifs. Plusieurs s'imaginant que Bercy avait fait appel à ce traiteur pour le cocktail prévu à la fin de la matinée, certains ont commencé à décommander leur déjeuner.
En apprenant que le CIRI mettait à disposition des bouteilles Cristaline et du café marque distributeur dans la salle sans fenêtre, n°4297D, où se déroulent les interminables réunions avec les visiteurs, ils se sont vite ravisés.
Ce n'est pas pour rien que le centre de conférence a été baptisé Pierre Mendes France, connu pour sa frugalité. N'oublions pas que ses convives rentraient chez eux tout aussi affamés qu'à leur arrivée. Heureusement son neveu, Michel Cicurel, passé à la direction du Trésor mais pas au CIRI, après l'Inspection des Finances, né le même jour que le Roi Soleil, sait de qui tenir.
Quant à ceux ayant vu l'interview du ministre par le youtuber Hugo Travers, quelle ne fût pas leur surprise qu'il ne débute pas avec “Putain être au CIRI c'est trop la classe !”
Peut être en raison de la mise en extinction de son corps d'origine, à compter du 1er janvier prochain, celui qui tient un petit rôle dans Quai d'Orsay (2013), a fait dans la sobriété se contentant de marteler qu'au CIRI, “on ne lâche jamais rien”. Tiens donc !
“Ses agents ne laissent pas tomber les gens, les entreprises, les salariés, les dirigeants qui sont en difficulté, c'est le rôle de l'Etat et du CIRI de les épauler”.
Mais attention pas à n'importe quelles conditions ! Citant en exemple l'aciérie d'Ascoval disposant d'une usine moderne, de salariés motivés et de syndicats responsables, “seules celles ayant un avenir devant elles, méritent d'être accompagnées avec des fonds publics et privés appropriés et un calendrier adapté concernant le traitement des créanciers. L'effort devant être partagé par chacun”.
Fustigeant le manque de volontarisme économique passé, le mépris et l'indifférence de certains responsables politiques, très en verve, il en a déduit que cela avait conduit le RN à disposer de 89 députés avant de présenter le bilan du CIRI sous son quinquennat. Pas moins de 200 entreprises, 300.000 salariés ont été sauvés.
Hasard du calendrier, pendant ce temps à Nanterre, la liquidation judiciaire de Geoxia, repris en conciliation, à l'été 2009, par LBO France, au nez et à la barbe de Walter Butler, était prononcée, avec à la clé 1100 licenciements et 1600 chantiers arrêtés plongeant dans l'incertitude 3500 clients pour la plupart endettés jusqu'au cou.
Avec ce taux de réussite de 90%, après retraitement moins, qui aurait l'idée saugrenue de commander comme les amis de Noodles un gâteau d'anniversaire en forme de cercueil ?
Peut être “un ami qui veut du bien” à Gérard Pfauwadel, conseiller national à la sortie de crise, ancien secrétaire général du CIRI (1984-1985), accusé par certains de ses pairs d'avoir été le fossoyeur du MATIF après l'avoir présidé pendant une décade.
Quelques jours après l'homologation de la conciliation d'Orpea, comment ne pas faire le parallèle surtout quand on connaît le titre du livre par qui le scandale est arrivé.
Outre Rhin, celui sur Wirecard s'écrit avec un k, si l'on se réfère au titre du documentaire de Netflix consacré à cette fintech qui a laissé derriére elle une ardoise de 20 Md€ et coûté sa crédibilité à la BaFin.
Avant de passer le relais à l'ex-président du MATIF pour la 1ère table ronde, en conclusion de son discours introductif sans la moindre note, Bruno Le Maire s'est félicité de l'immense succès du “quoi qu'il en coûte” ayant permis d'éviter une vague de faillite et l'explosion du chômage, mais que le moment était venu d'y mettre fin, au vue de la cote d'alerte atteinte par les finances publiques.
Après une matinée, bien entamée, consacrée à dresser une analyse détaillée de l'action du CIRI, entrecoupée du témoignage en vidéo de chefs d'entreprise (Corsair, Mecachrome), de l'état de l'évolution du droit avec comme point d'orgue la croisade lancée par Jean-Pierre Farges contre l'impérialisme anglais exhortant les banques à ne pas utiliser la common law dans leur term sheet, le moment tant attendu, arriva.
Succédant à Michel Pébereau, le 1er secrétaire général du CIASI, créé, en 1974, après le 1er choc pétrolier, Louis Margueritte entra en scène en avouant “le plaisir de se trouver devant une assemblée aussi nombreuse, ce qui le changeait de celles (sous entendu clairsemées et moins prestigieuses) qu'il avait vu ces 3 derniers mois”.
Pince sans rire, il enchaîna en émettant le regret que “si les 3 principes de ce comité, sauver les emplois, aider les entreprises fondamentalement saine confrontées à des problèmes conjoncturelles et le partage des efforts à consentir pour les sortir de l'ornière, n'ont pas changé, à Bercy le CIRI n'est pas installé dans un somptueux bureau comme celui mis à la disposition du CIASI à sa création, rue de Rivoli“.
Avant de poursuivre par une anecdote concernant son 1er dossier Toys''R''Us, lequel revient, 3,5 ans plus tard, sur le devant de la scène avec l'examen attendu, sous peu, des offres de reprise de Luderix. Et pourtant, plusieurs WIR, et pas que des célibataires, avaient conseillé, en son temps, au repreneur de se débrouiller pour vendre des sex toys, sachant que la marque Toys “R” Us Sex avait été déposée
Quelle ne fût pas sa surprise non pas de découvrir cela mais que “les investisseurs étrangers, confrontés pour la 1ère fois à cet outil quasi unique au monde, craignaient de le voir agir comme l'Etat soviétique prêt à nationaliser tout et n'importe quoi”.
Si la règle au CIRI et de laisser faire le marché, il n'est pas question de laisser s'installer la chienlit, d'où la nécessité parfois de contribuer à remettre de l'équilibre pour éviter les excès. A ces mots, un associé de Freshfields a été surpris à regarder si ses lacets étaient défaits alors qu'il portait des mocassins.
Après avoir rappelé que le CIRI, garant de l'intérêt général, apporte aussi de la sérénité, en adressant pour conclure, sous les applaudissements, un clin d'oeil à Hélène Bourbouloux et Jean-Pierre Farges, avec ce cri du coeur “Après la Corrèze, il va falloir compter sur la Saône et Loire” comment ne pas penser au regretté Max Meynier, l'animateur sur RTL des Routiers sont sympa.
Et pour cause, quand on est affecté au CIRI, on y travaille d'arrache pied en découvrant la France profonde “avec son sac à dos et son couteau”, selon l'expression empruntée à Anne-Sophie Noury.