Si les banquiers M&A ne se privent pas d'exhiber leur Sac à Dépêches, rares sont celles qui viennent pitcher avec leur Kelly ou leur Birkin. C'est une bonne raison pour ne pas les prendre pour des valises comme Hara Kiri l'a fait, en son temps, de manière choquante.
Et ce n'est pas Jean Raby qui dira le contraire. Non seulement cette expression lui est familière mais avant de lancer un SPAC avec Yoel et Michael Zaoui, comme les 2 frères, il en a croisé quelques unes sur des deals, sans trop se soucier de savoir à qui il avait affaire.
Aussi en découvrant l'article que Madame Figaro a consacré aux banquières d'affaires, notre cousin d'Amérique n'a pas manqué de s'étrangler en tombant sur l'illustration représentant une femme en talons aiguilles allongée sur un lit dans une chambre d'hôtel avec son laptop allumé.
Cette situation pouvant prêter à confusion surtout pour quelqu'un qui a fini sa carrière chez Goldman Sachs à Moscou.
Quand au contenu, n'en parlons pas tant il est aux antipodes du quotidien que vivent ces amazones des temps modernes évoluant dans un univers impitoyable tout en jonglant avec leur vie de famille et le souci de satisfaire au mieux les attentes de leur client. Quant à celles de leur époux cela ne nous regarde pas.
En dehors d'Anne Lauvergeon et Fatine Layte, elles ne sont pas connues pour faire des vagues, ni du genre à se mouiller ou à rechercher la gloire et la reconnaissance.
Si ces deux là, aujourd'hui disparues des écrans radars, ne sont pas passées inaperçues du temps où elles sévissaient, leur aplomb associé à leurs casseroles ont fini par les faire passer pour des trompettes.
Pourtant leurs aînées avaient pris soin de ne pas se faire remarquer dans cet univers très masculin où leur arrivée remonte à la 1ère vague de privatisation lancée en 1986.
C'est l'année suivante que Françoise Malrieu qui a usé ses fonds de culotte sur les bancs d'HEC avec Maurice Tchénio comme plus tard Dominique Sénéquier sur ceux de l'X avec Hervé Couffin, entre chez Lazard. À un détail près, la mixité à Jouy-en-Josas remonte à 1973.
Pour ne pas être en reste, Rothschild & Cie embauchait Luce Gendry, en 1993. N'échappant à personne, leur rôle de faire valoir a fini par forcer le respect des plus septiques et à avoir raison de leur patience même si l'une a prolongé le plaisir en allant chez Deutsche Bank pensant être mieux traitée. En pratiquant Marc Pandraud, pas sûr qu'elle ait gagné au change.
En revanche, la persévérance dont fait preuve Sophie Javary et dans une moindre mesure Valérie Landon, n'a d'égale que celle de la tortue dont les efforts répétés de cet animal à sang froid lui permet d'obtenir des résultats dépassant de loin ses capacités.
Reste à savoir si elles s'accommodent de l'étiquette de “bergère”, cette référence au fauteuil de salon, désignant le pendant féminin de “banquier de salon”.
À l'instar de leur alter ego masculin, plus à l'aise dans la représentation que dans l'origination puis l'exécution d'un deal, elles ont leur utilité. Ne dit-on pas mieux vaut aimer bergères que princesses. En tout cas, elles font le bonheur des organisateurs de conférences en tout genre.
Depuis qu'Emmanuel Macron, alors à Bercy, expliquait dans un interview au Wall Street Journal que la métier de banquier d'affaires s'apparente, en quelque sorte, à celui d'une call girl puisqu'il faut réussir à séduire le client, l'idée de voir sa fille “faire la pute” doit tourmenter de nombreux parents.
Et pourtant, leur degré de moralité dépasse celui de la plupart de leurs collègues masculins toujours prompts à se faire passer pour plus important qu'ils le sont. Quand ils ne sont surpris à mentir en s'octroyant un rôle qu'ils ne tenaient pas pour se faire créditer un deal dans les league tables.
On ne leur connaît pas non plus des aventures avec des people, comme ce fût le cas entre Ophélie Winter et Nicolas Chassard quand ce dernier officiait chez Morgan Stanley. Plus glamour et poussée selon l'expression consacrée, celle entre Matthieu Pigasse et Marie Drucker s'est révélée moins anecdotique.
Dans un autre registre, Grand Dieu !, aucune n'a fini assassiné comme l'infortuné Edouard Stern retrouvé en combinaison de latex. Un fait divers dont son beau-père, à l'époque, occupé par les préparatifs de l'IPO de la banque familiale, se serait bien passé.
En tout cas, une chose est sûre, les étudiantes, fraichement diplômées, ne se bousculent pas pour faire un stage dans une banque d'affaires avec l'espoir d'être ensuite prise comme analyste. Par promotion, le rapport est de seulement d'1 fille pour 3 garçons.
Difficile, dans ces conditions d'en croiser beaucoup en M&A, d'autant que plus on monte, plus comme l'oxygène leur présence se raréfie. Heureusement, il arrive qu'une poignée ne s'en laisse pas conter.
Pas venue pour photocopier du sable, Virginie Morgon a fait parler d'elle comme Anne Chopinet en son temps, en réussissant, et de quelle manière, à s'imposer chez Lazard.
Pourtant, la banque du boulevard Haussmann n'est pas la plus réputée pour la qualité de son ambiance. Promue associée à 32 ans, elle est devenue la plus jeune de la maison à accéder à ce poste. Ixabelle Xoual et Alexandra Soto ont mis plus de temps pour atteindre le Graal.
Idem pour la francophile Yan Lan, 1ère femme associée chez Gide dont elle a dirigé le bureau à Pékin avant de créer celui de Lazard dont elle est la CEO.
Le record établi par Virginie Morgon bat, d'1 an, celui de Grégoire Chertok chez Rothschild & Cie, qu'Emmanuel Macron a égalé lors de son passage avenue Matignon.
Mère de 4 enfants et mariée à un décorateur d'intérieur, celle qui a rejoint Eurazeo en pleine crise des subprimes avant de succéder à Patrick Sayer, 10 ans plus tard, a très vite pris ses marques comme CEO du fonds côté en Bourse. Cette rapidité n'a pas manqué de surprendre son prédécesseur qui ne s'attendait pas à un passage de témoin aussi éclair.
Toujours en private equity, en coverage des financial sponsors, le parcours de Céline Méchain qui se targue de n'avoir jamais manqué, en 25 ans chez Goldman Sachs, 1 jour de travail sauf pour accoucher, n'est pas sans rappeler à certains, un scénario à la Satanas et Diabolo.
A commencer par Charles-Edouard van Rossum. Fin 2016, ce dernier a estimé avoir été sacrifié sur l'autel de la parité, en découvrant qu'elle avait été promue partner à sa place aux côtés de Pierre Hudry.
Avec le départ de ce dernier, celle dont la practice a généré, les bonnes années, 80 M$ de fees en mandat M&A et financement, est passée co-head du bureau de Paris. Avec la présence d'Anne Bizien, transfuge de JP Morgan (18 ans) arrivée avenue Kléber, à l'été 2018, Thierry Sancier, l'alter ego de Céline Méchain, a du soucis à se faire.
Mais avant de se voir confier le poste qu'occupe Isabelle Seillier, l'espace entre les arcades a dû l'inspirer, a encore du chemin à faire.
Et dire que celle qui a débuté comme sales en produits dérivés chez SG avant de poser ses valises, en 1993, Place Vendôme avait été chargée par Philippe Lagayette de s'occuper de France Télécom alors qu'il entretenait les pires relations avec Michel Bon, pour des raisons sur lesquelles, mieux ne vaut pas s'étendre.
Pour celle qui a rencontré son mari à 18 ans, cette situation, pour le moins délicate, ne lui a pas posé de problèmes d'autant plus qu'elle était en charge du FIG.
Une autre practice a attiré l'attention de la soeur d'Augustin d'Angerville, Noémie Villeroy de Galhau. Avant de reprendre en main les 11.5 h de Volnay 1er Cru du domaine familial, leur père, Guillaume d'Angerville, a été head M&A France puis co-head M&A Europe chez JP Morgan.
Perpétuant la tradition familiale entre 2 vendanges, la belle-fille du gouverneur de la Banque de France, devenue, l'an passé, associée-gérant chez Rothschild & Cie, couvre avec beaucoup d'attention les clients dont elle s'occupe avec sa double casquette consumer goods/large cap où figure Engie.
Avec son petit air de Ledentu donnant la réplique à OSS 117 “Toc toc toc, le patron vous fait prévenir qu'il vous attend sans son bureau de la Bath”, reste à savoir si celle qui a pratiqué Jérôme Calvet, s'adresse ainsi à Cyril Dubois de Mont-Marin.
En tout cas, avec Le Domaine Marquis d’Angerville dans la famille depuis plus de 200 ans, cette descendante d'une lignée de vignerons tient bien l'alcool. Aussi, mieux vaut éviter de trinquer avec elle pour ne pas s'affaler sous la table ou en descendant les escaliers lors des dîners bien arrosés organisés par la banque au 1er étage du Griffonnier.
Un endroit bien connu de Jean-Michel Steg qui a fini sa carrière chez Greenhill. Pour relever le flambeau, la banque américaine a choisi de confier les clés de son bureau de Paris à la discrète Amélie Négrier-Oyarzabal, transfuge de Lazard.
Enfin, pas besoin d'être banquière d'affaires pour avoir sa place en M&A et y peser de tout son poids. Au contact de Christel Delaval, Erik Maris dont le mail adressé, à l'été 2020, à Alberto Nagel restera dans les annales, l'a appris à ses dépens.
A l'inverse, cet associé M&A de Lazard peut se réjouir de sa proximité avec Eléonore de Font-Réaulx. Banquier conseil d'Ipsen lors d'un carve out finalisé avec Mayoly Spindler, ayant fait l'unanimité contre lui, il n'a pas été invité au dîner de closing chez Akrame.