Jean-Philippe Lambert : Quelqu’un de sans cesse occupé

avril 1, 2023

Tout aussi crédible en légionnaire que Pierre Mondy en bidasse, l'inamovible managing partner de Mayer Brown Paris n'aurait pas tenu 10 jours au 4e RE installé à Castelnaudary.
Aussi, son choix cornélien entre la robe et le képi blanc que sa bien aimée l'aurait aidé à résoudre en le dissuadant de s'engager, est destiné à donner le change à ses interlocuteurs les plus crédules dont les étrangers et les jeunes étudiantes dont il aime s'entourer.
Nul risque que l'attaché militaire à l'Ambassade US à Paris ne tombe comme d'autres dans le panneau.
Pour lui, Jean-Philippe Lambert a été, tout au plus, JAG à la Légion Étrangère durant son service militaire après 2 mois de classe.
Cela n'en fait pas vraiment un combattant comme on peut se l'imaginer mais plutôt un gratte papier chargé d'aider les miloufs, et ils en ont bien besoin, à régler leurs problèmes en dehors de ceux de la caserne.
Pour faire bonne figure, cette fonction, au demeurant forte utile, est gratifiée du grade d'aspirant, l'équivalent d'un chef de section en herbe et vous donne accès au mess des officiers.
Avant lui François Bonteil, Pascal Narboni, Philippe Rozenpick et Marc-Etienne Sébire ont été CIJAS à la Légion, affecté au Fort de Nogent, Gilles Lebreton aussi mais sans en faire autant état que lui.
Quant aux atteintes menaçant sa singularité militaire en provenance du droit commun et de Bruxelles, elles sont du ressort de la direction des affaires juridiques de Balard souvent confiée à un membre du Conseil d'Etat.
Nostalgique de l'Algérie Française et l'OAS, sans oublier du 1e REP dissous après le putsch manqué “d'un quarteron de généraux à la retraite”, ce fils de pied noir, a adhéré aux valeurs de cette institution à la discipline stricte et efficace qu'il sert à sa manière sans aller jusqu'à faire don de sa personne, le coeur serré.
Ainsi, il accueille dans les locaux de Mayer Brown l'amicale des anciens parachutistes de la Légion Étrangère et préside Atout Légion, une association destinée à aider ces anciens soldats d'élite à se reconvertir du mieux possible une fois leur retour dans le civil.
Arrivé en Métropole, comme bien d'autres abandonnés par “la grande Zohra”, une main devant une main derrière, son père ne devait pas être lié aux plâtres Lambert dont Jean-Marie Le Pen, un temps officier de renseignement rattaché au 1e REP en Algérie, a hérité de la fortune.
Habitant Saint-Cloud comme celui qui surnomme affectueusement Floriant Philippot, “Gestapette”, Jean-Philippe Lambert n'est pas pas son plus proche voisin.
Si l'ainé réside au Parc de Montretout, son cadet loge au Quartier de Montretout où il apprécie quand il fait son marché le dimanche, avant d'aller à la messe, d'être considéré par les commerçants comme un grand avocat parisien.
Élève assidu du Pr Annie Toubiana quand l'ex-femme de Juan-Antonio Cremades, déjà mal en point, s'occupait, tant bien que mal, du DESS d'affaires internationales à Paris V, il a su se la mettre dans la poche comme plus tard les américains de Mayer Brown. À l'évidence, tout le monde ne possède pas ce genre de talent.
Entre temps, formé chez August & Debouzy, il sympathise, une fois chez Fried Frank, avec Jean-Pierre Lee, transfuge de Coudert Frères NY. Ensemble, ils décident de s'associer et créent, en 1996, Lambert & Lee.
Se débrouillant du mieux possible, ce cabinet spécialisé en financements trouve une planche de salut en rejoignant Mayer Brown qui décide de s'implanter à Paris en 2001.
Ce n'est qu'après l'arrivée, en 2003, de Xavier Jaspar fuyant le rachat d'Arthur Andersen par E&Y, suivi, l'année suivante, en tax par Laurent Borey et ses 2 lieutenants que le cabinet prend son envol.
Depuis la practice tax, forte de 20 avocats dont 5 partners, est la référence de la Place et suscite bien des convoitises mais soudée comme elle l'est, toutes les tentatives de débaucher l'un d'entre eux ont toutes échouées.
D'autres ont eu moins de succès comme la practice droit public dont le développement a été confié, fin 2012, à Jeannette Bougrab, peu de temps après son départ du gouvernement Fillon III. Si la mayonnaise n'a pas pris, en revanche cette initiative a fini devant le conseil de l'Ordre avec tout le tintouin que l'on connaît, l'ineffable Avi Bitton ayant décidé d'y mettre son grain de sel.
Juste avant la venue de cette fille de Harki, Jean-Philippe Lambert décidait de s'associer à Emmanuel Brochier de Darrois Villey et Christopher Baker à l'époque chez Skadden Arps pour créer HEAD, une école d'enseignement supérieur privé destinée aux étudiants en droit.
En dépit de l'indéniable intérêt du projet, proposer aux étudiants en droit des Master 1 et 2 axés sur la pratique des affaires, les résultats attendus n'ont pas été au rendez-vous. Le volte-face du doyen de Paris I La Sorbonne après la levée de bouclier auquel il a été confronté à l'annonce de cet audacieux partenariat public-privé, n'étant pas étranger à cette situation.
En 2020, l'accord passé avec la Faculté de Droit de Bordeaux redonne espoir à HEAD mais n'arrivant pas à trouver son public les cursus L3, M1 et M2 en corporate et tax restent trop confidentiels pour renverser la tendance. Du coup, pour renflouer l'école, les actionnaires dont plusieurs associés de Mayer Brown sont régulièrement mis à contribution.
En 10 ans, seuls 300 étudiants ont été formés avec à la clé un stage chez plusieurs law firms partenaires. Motif de satisfaction, le M2 pratiques des affaires (majeure contrat d'affaires) vient d'être classé n°15 par Eduniversal. Peu ou prou, le rang qu'occupe Mayer Brown Paris, toutes practices confondues (hors tax), sur la Place.
À force de se disperser, celui qui siège au board mondial de l'US law firm ne sait plus où donner de la tête.
Difficile de pouvoir concilier autant d'activités quand on doit en plus gérer au quotidien le cabinet, jongler avec des dossiers en M&A, private equity, droit boursier, financement, litigation et restructuring.
Il est vrai qu'être sans cesse occupé fait de vous quelqu'un d'important. Comment s'étonner alors du psychodrame lié au départ, en 2015, de Laurence Dumure Lambert, son associé en droit social et épouse, chez Fieldfisher après 14 ans de bons et loyaux services mais dont la présence commençait à créer quelques frictions avenue Hoche. Idem pour Alexis Dargent dont la proximité avec une collaboratrice n'a pas été du goût de tout le monde, l'obligeant à aller quelques mois en Australie pour réfléchir à ce qu'il allait faire à son retour. Au final, il opta pour poser sa plaque.
Mais en quittant Le cabinet, plusieurs associés ont eu la désagréable surprise non seulement de ne pas revoir la totalité de leurs avances remboursables mais en plus avec retard, plusieurs années pour certains d'entre eux. Et que dire du manque de discernement concernant Sabina Comis dont la nature des doléances en a surpris plus d'un au plus haut niveau de la law firm à Chicago avant que le masque finisse par tomber et révèle ses manoeuvres. Arrivé à se faire aussi longtemps mené par le bout du nez, le board est apparu pas trés fûté.
Quand au recrutement comme partner de Gautier Elies venu de Weil Gotshal après les départs d'Arnaud Pérès et Jean-François Louit, quelle ne fût pas la surprise de Guillaume Kuperfils de s'être vu reprocher d'être passé par un chasseur de têtes après la réussite de la mission.
C'est à n'y plus rien comprendre comme son désir de reproduire ailleurs ce qu'il a déjà réalisé avec Mayer Brown. Mais pour cela encore faudrait-il que la chance lui sourit à nouveau et surtout que ses troupes acceptent de le suivre. Il ne faudrait pas tenter le diable, personne n'a oublié avenue Hoche que Lambert est aussi le nom que porte Coluche dans Tchiao Pantin.
Et que dire de la situation de Jean-Pierre Lee, toujours partner bien que son implication ne cesse de chuter, et ce, bien avant le départ de Mathieu de Varax. Lequel en a tiré les leçons en créant, en 2017, Odi-sé Avocats.
Connus pour avoir la langue bien pendue, certains avocats qui supportent mal cette situation la considérant comme injuste, l'ont surnommé “Pénélope”. Ce dont se serait bien passé cet honnête père de famille connu pour ne pas être un aussi ardent défenseur de la cause LGBT que celui surnommé le “rainbow warrior” chez Freshfields.
Quant aux consulting fees payés au Pr Xavier Boucobza, cela est devenu un sujet sensible qui est remonté jusqu'à Chicago. En tout cas, tous ceux qui se demandent comment Jean-Philippe Lambert a pu décrocher Veolia auquel il a facturé 30 M€ l'an passé, en l'apercevant comme Eric Haza, le petit doigt sur la couture du pantalon devant cet universitaire, certains commencent à se faire des idées.
Eminence grise d'Antoine Frérot dont il est le conseiller spécial, moins de Jean-Charles Naouri auquel il a aussi accès, ce Pr de droit que l'on dit très introduit au TC de Paris, joue plus de son influence que de son autorité juridique.
Mais que l'on se rassure, croisé sur certains arbitrages, sa réputation n'est pas entachée comme celle de Thomas Clay après l'annulation par la Cour d'Appel de Paris d'une sentence arbitrale rendue en faveur de Bolloré et APM Terminal sur la concession du port de Douala.
En devenant l'égal de J2M qui a touché le même montant pour conseiller Veolia sur son raid sur Suez, Jean-Philippe Lambert va-t-il emprunter la même trajectoire? Au moins, ce managing partner ne risque pas d'avoir maille à partir avec le PNF comme l'infortuné banquier d'affaires pour 2 mandats d'1,4 M€ accordés, en 2011 et 2012, par Henri Proglio alors à la tète d'EDF.