Choucroute de la mer à la Brasserie d’Alsace

mars 16, 2024

Achtung ! Autant d'entrée de jeu, éviter tout malentendu en précisant qu'il ne s'agit pas du film Le Mur de l'Atlantique (1970) mais de La Grande Vadrouille (1966).
En effet, c'est immédiatement cette scène avec Bourvil et De Funès qui vous est venue à l'esprit en entrant dans cet établissement pour déjeuner avec un vieil ami qui s'apprête à convoler en justes noces en cassant un verre sous son pied.
Comme la cérémonie va se dérouler à Londres, espérons que parmi les invités, personne n'aura vidé dans les pubs aux alentours quelques pintes de bière avant de s'y rendre. En tout cas, là où vous entrez on en sert.
À voir la tête de celui qui se tient devant l'entrée, c'est une évidence.
En guise d'accueil chaleureux comme la Maison d'Alsace qui représente cette région l'annonce sur son site, vous avez l'impression d'être tombé nez à nez sur un gardien de prison, aussi aimable qu'une porte d'une centrale.
Mais qu'à cela ne tienne, vous ne vous formalisez pas pour autant, surtout à l'idée du bon moment que vous allez passer avec votre ami, devenu un habitué des lieux après l'avoir détenu.
À son arrivée, celui qui vous a fait penser à "un malgré nous" revenant du front de l'Est et trouvant dans son lit sa femme avec un autre, devient tout mielleux. À un moment, vous vous attendiez même qu'il claque des talons sans toutefois lever le bras. Cela aurait été mal venu.
Pour vous éviter de faire la chenille avec des chaises comme sont entrainés malgré eux, ceux que l'on retrouve dans une cave dans un autre film sur l'Occupation, on vous installe sur des banquettes à une table pour 5 personnes près de la baie vitrée côté rue Marbeuf.
Là qu'elle ne fût pas votre surprise de voir Justin Faye et Sonia Cissé, heureusement pas main dans la main, en train de papoter. Mais de quoi pouvait-il bien donc parler?
De la nomination d'Hervé Ekué comme managing partner d'A&O Shearman, comme ils ont peu chance d'en arriver là, certainement pas. Des élections présidentielles au Sénégal à la fin du mois? Peut être.
À moins qu'il ne s'agisse de l'arrivée par la petite porte du frère de Barthélemy Faye dans le classement de Chambers en up & coming en debt infra sur l'Afrique. A ne pas confondre avec I'm coming out de Diana Ross.
Alors qu'ils disparaissent de votre vue, on vous amène la carte, pendant que votre convive s'occupe du vin. Son choix, judicieux, s'arrête sur un Santenay Les Charmes de Roger Belland 2021 (78 €) servi comme il se doit dans des verres à Bourgogne, bien joufflus, comme on aimerait en voir plus souvent au restaurant.
Après avoir bien débuté par des gambas grillées sauce crustacés, risotto crémeux au Parmesan AOP (34,50 €), votre enthousiasme s'estompe avec la choucroute royale de la mer (½ homard flambé, bar, saumon d’Écosse, haddock fumé).
Pour le prix (46,90 €), le crustacé a pris l'avion et en plus un long courrier, quant au saumon, son goût vous a laissé dubitatif. Au Vin Dieu, la choucroute et le haddock ont plus de caractère à la différence de la Pavlova bien famélique et décevante comparée à celle du Café des Ministères.
En tout cas, à la brasserie d'Alsace, le Strüdel aux pommes et raisins avec 1 boule de glace vanille (11,50 €) pourrait être bon, s'il n'était pas servi mal réchauffé sorti du frigidaire.
Après l'avoir renvoyé à 2 reprises car toujours chaud au-dessus et froid à l'intérieur, il vous est facturé 3 fois alors que vous avez fini par vous rabattre sur les (2) crêpes flambées au Grand Marnier Cordon Rouge (13,50 €). Lesquelles valent le détour.
Avec la fermeture progressive des cinémas sur les Champs Elysées, en particulier le Gaumont Marignan où se tenait le FCCF, interrompu depuis 2020, organisé tant bien que mal pendant 9 ans par Pékin et le dernier, le Publicis, situé à son opposé, nul risque que l'on vous y croise aussi souvent qu'au Grand Colbert.
Une brasserie digne de ce nom où il vous arrive de vous rendre en sortant de la Comédie Française quand les spectacles valent le déplacement, ce qui est de plus en plus rare.