Les affres du M&A : Top 25 des banquiers et avocats d’affaires

mars 9, 2024

Si les banquiers d'affaires ne sont pas des serial killers, on peut tout de même en compter certains dans bien des catégories relevant de la psychiatrie comme l'autisme, la schizophrénie, l'hyperactivité, le trouble bipolaire sans oublier la mythomanie. Quant à l'hypnose, c'est le domaine réservé de Grégoire Chertok qui tient cela de son père.
Concernant les avocats d'affaires, plus d'un sont fréquemment surpris quand ce n'est pas la main dans la culotte à poser dans des magazines comme le faisaient en leur temps les starlettes au Festival de Cannes.
Avant d'arriver chez Capital Finance et être affecté à la réalisation from scratch des league tables M&A, une practice comme celle du private equity qui sans vous être inconnue ne vous était pas familière, les banquiers et les lawyers que vous fréquentiez, étaient ceux des financements structurés (titrisation cash et synthétique, project finance, tax lease, defeasance, restructuring corporate & sovereign). Et comme toujours les meilleurs d'entre eux.
Sans trop s'avancer “mais ce n'est pas à moi de le dire” comme OSS 117 aime à le répéter, qui peut le plus peut le moins.
Et cela n'a pas tardé à se vérifier lors d'un rendez-vous avec Françoise  Malrieu, la mère d'Anne-France, tout juste arrivée chez Deutsche Bank. Découvrir la defeasance de Vivendi sur sa participation dans BSkyB sur la deal list M&A de la banque, revenait à tomber sur un passager clandestin se cachant dans le train d'atterrissage d'un avion.
Ou plus ras des pâquerettes d'un cavalier budgétaire pour ceux familiers des finances publiques. À l'instar de Xavier Paper, responsable doctrine chez Salustro, appelé à se prononcer sur l'orthodoxie financière de cette opération avec le résultat et les conséquences que l'on connait, sa présence était inconcevable.
Du moins pour ceux informés de son rachat automatique par le cédant au bout d'une certaine période si jamais sa valeur ne s'était pas redressée entre temps. Plus tard, cette technique éculée de window dressing n'a pas résisté à la chute d'Enron et Parmalat.
Comprenant à qui elle avait affaire, l'ex-banquière de Lazard n'a pas insisté à la différence de Jean-Luc Biamonti alors chez Goldman Sachs.
Se drapant dans sa dignité à son exclamation “mais on marche sur la tête”, il avait reçu en écho “même sur la lune si vous le souhaitez mais ce deal n'est pas M&A compliance”. Joueur, cela n'a surpris personne que ce proche du Rocher et amateur de moules ait fini à la SBM.
Présente lors de cet échange, Agathe Zilber aurait préféré se trouver ailleurs dans le désert au milieu de nulle part où elle se retrouvera quelques semaines plus tard. Heureusement pas au fond d'un trou comme dans Casino (1995).
Pour avoir une petite idée du travail que demande, la 1ère fois, la réalisation d'un classement digne de ce nom avec vérification du montant et du rôle de chaque conseil, il suffit de voir Zodiac (2007). Sous bien des aspects, cela revient à mener une enquête digne d'un thriller où toutes les pistes doivent être explorées, le tout dans un temps limité.
À la différence près, qu'à la fin les coupables que vous avez coincés non seulement courent toujours mais en plus vous les retrouvez l'année suivante. Sauf ceux sortis du circuit, expression qu'Erik Maris connaît au sens propre, comme Séverin Brisay disparu des écrans radar depuis son départ précipité de Bank of America Merill Lynch. Idem pour d'autres qui s'estiment avoir été mal classés et ne vous envoient plus leur liste.
Qu'à cela ne tienne, vous pouvez vous les procurez auprès d'autres journalistes qui font aussi ce travail ou classer les récalcitrants après avoir regroupé les données obtenues auprès d'autres conseils ou leurs clients. Pour cela, mieux vaut être dégourdi, ne pas compter son temps et avoir un bon carnet d'adresses.
Certains qui ne doutent de rien, souvent après vous avoir dit le peu d'importance qu'ils attachent aux league tables, n'hésitent pas à se manifester après leur publication pour exprimer leur mécontentement.
Alors chez Lehman Brothers, Jérôme Calvet vous appelle à 8h30 et vous passe un savon en découvrant dans Les Echos que le crédit de la privatisation d'un opérateur d'autoroute ne correspondait pas à ses attentes. Et pour cause, conseil du management, le crédit avait été calculé au prorata du capital détenu par son client comme précisé dans la méthodologie.
Cela ne lui avait pas plu puisqu'il s'était ensuite plaint au directeur des Echos, lequel allait se faire débarquer juste après sa vente à LVMH. Entre temps, vous reprochant l'approximation de vos articles au point que Franck Moulin dans une attestation certifiait qu'il devait les retravailler, votre présence n'était plus désirée.
Résultat, Capital Finance a perdu ses classements M&A que reprenaient Les Echos tandis qu'Opérations Financières a lancé les siens intitulés M&A : Top 25 des banquiers et avocats d'affaires.
Ayant toujours disposé des coudées franches pour leur réalisation, le seul avantage d'être indépendant est l'absence de “mur des lamentations” comme il semblerait que ce soit le cas ailleurs.
Dans le passé, L'Agefi avait été amené à modifier son classement après l'intervention d'une banque mécontente qui avait ainsi obtenu la pole position.
Sur Activision, Emmanuel Hasbanian qui n'avait pas encore blanchi sous le harnais, s'en ait rendu compte à ses dépens. Présent du mauvais côté du dual track lancé par Vivendi et après vérification directement auprès de Dominique Gibert vous assurant que la banque n'a ensuite pas eu un rôle de co-conseil comme elle l'affirmait, vous ne lui créditez pas le deal.
Quelle ne fût pas votre surprise de vous entendre dire ensuite “Tu sais Bertrand, quand Londres va découvrir notre place dans ton classement, je pense que ton abonnement ne sera pas renouvelé”. La réponse ne s'est pas fait attendre “Et alors, tu me prends pour qui, un crève la faim?”.
Pour obtenir les bonnes grâces de Thanh Vu qui vous avez précédé dans cet exercice périlleux, avec plus ou moins de bonheur, chez Fusions & Acquisitions où il n'était pas rare de retrouver un Big Five en haut de ce classement repris par Les Echos, les banquiers avaient pris l'habitude de l'inviter, à sa demande, dans l'un des restaurants du 13ème arrondissement.
À l'époque, voisin des parents de David Salabi, c'est lui qui aurait transmis au fondateur de Cambon Partners, le virus du M&A. À votre contact, cette tradition a perduré mais dans des endroits moins excentrés. Ainsi à l'invitation de Gilles de Dumast alors chez CA CIB, au Grand Verfour, le repère des savoyards, Arnaud Saint-Mleux, fils d'un ex-1er ministre de la Principauté, s'était étranglé.
Chargé par son patron de choisir le vin, vous lui avait lancé, “tu aurais pu faire mieux déjà que le menu est imposé et sans jeu de mots, il est dans le bas de la fourchette" en l'entendant commander au sommelier un Château Olivier 2002.
L'année où Jean-Marc Forneri vous avez invité au Plaza pour un breakfast où vous aviez vos habitudes, ce qui l'avait surpris. Comme vous plus tard, la découverte de ses sociétés-écrans établies aux Bahamas et du procès devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris qui l'attendait pour fraude fiscale et blanchiment.
Lors d'un plus frugal avenue Matignon dans le bureau de François Henrot, après avoir remis dans la corbeille des viennoiseries, un croissant qu'il avait mordu, vous rabattant sur la boite de chocolats Weiss, vous aviez du lui dire alors qu'il tentait de vous la reprendre, “Vous savez, le CCF me l'a également envoyée”.
C'est parfois à se demander comment se fait-il que seul Edouard Stern ait mal fini. Et encore quand on l'a retrouvé en combinaison de latex, celui qui avait fait fuir de Lazard J2M et d'autres, n'était déjà plus banquier d'affaires.
Idem pour Laurent Faugerolas, quand il a mis fin à ses jours dans les Caraïbes, il avait quitté la robe et cherchait une activité de substitution pour subvenir à ses besoins. Quant à Franck Duhamel, retrouvé pendu dans sa cellule après avoir assassiné son épouse, cela faisait depuis longtemps qu'il avait quitté UBS où il avait débuté comme analyste avant de s'essayer au private equity.
Dans ce registre, Erik Maris a eu plus de chance. À l'époque, en bisbille avec Matthieu Pigasse chez Lazard avant de l'être plus tard avec J2M qui l'avait recueilli non pas dans une poubelle mais tout de même sur le trottoir, il avait eu un grave accident en scooter devant le Grand Palais.
À sa décharge, un voiturier avait exécuté un U turn sans l'avoir vu arriver. Absent plusieurs mois, le temps de se remettre de ses blessures, ce dernier avait fait une réapparition remarquée à Saint Sulpice pour les obsèques de Jean-François Prat où il était venu débraillé.
En dehors de Delphine Deschamps, préférant, en son temps, appeler Agathe Zilber pour lui expliquer que Rambaud Martel n'avait pas besoin d'envoyer sa deal list car c'était le n°1 incontesté en M&A sur la Place, les law firms se gardent bien de vous envoyer des deals qui ne passeraient pas le contrôle anti-dopage.
Américain comme Lance Amstrong, Latham & Watkins doit s'y prendre autrement. Sinon comment le dauphin de Weil Gotshal en LBO large cap, réussit-il à être désigné aussi souvent chez Mergermarket comme le M&A adviser of the year for France alors que chez Opérations Financières, la law firm n'a jamais dépassé, les bonnes années, la 7ème place?
Interrompu par la crise sanitaire, le M&A : Top 25 des banquiers et avocats d'affaires dont nombreux sont ceux qui réclament son retour à corps et à cri, façon “Reviens JPP reviens” des Guignols, devrait refaire surface en 2024.
Mais que l'on se rassure “sans être porteur des foudres de Neptune après être sorti du ventre de la nuit” même si certains usual suspects ont du mauvais sang à se faire.
Depuis longtemps vacciné et pas encore “rangé des voitures”, Charles-Henri Filippi, toujours bon pied bon oeil chez Lazard, ne fait pas partie de cette catégorie.