Difficile d'éviter l'ombre de son père quand on a choisi de suivre ses pas. L'héritage est, en général, lourd à porter et les ”fils de” s'exposent souvent aux coups à l'instar de Marcel Cerdan Jr dont la carrière n'a jamais soutenu la comparaison avec celle de son père.
Dans un autre registre, Sébastien Prat (50 ans) ne fait pas exception à cette règle dans un métier oû tenir son rang s'apparente pour certains à un véritable chemin de croix. Surtout quand on a oublié d'être humble. Heureusement, ce n'est pas son cas mais bien celui de ce banquier d'affaires, homonyme d'un associé en anti trust de Bredin Prat.
Comme son père avant lui, il a été formé à bonne école chez Jeantet (7 ans) auprès de Georges Terrier. Ce grand ami de la famille l'impliqua sur plusieurs dossiers de Place (fusion Suez-Lyonnaise des Eaux, privatisations d'Aerospatiale et du CIC, création d'EADS, réforme des Caisses d'Epargne). En 2001, il rejoint le 130 rue du faubourg St Honoré encore marqué par le départ, 4 mois plus tôt de Dominique Bompoint, le plus proche collaborateur de son père.
Cette faveur n'a pas été du goût de tous. D'où le reproche (après son départ) par certains de ses confrères (ils ne sont pas lents, ils ont juste pris le temps de réfléchir) d'avoir rayé le parquet du cabinet à la manière d'un sanglier labourant un champ de maïs.
Après qu'on lui ait mis ”le pied à l'étrier”, le nouveau venu trouva sa place au sein de la plus prestigieuse law firm M&A de la Place. Un titre que ce french actor où Robert Badinter a exercé, se dispute avec Darrois Villey créé from scratch par l'époux de Bettina Rheims. Aussi en étant élu ”avocat de l'année” par Option Droit des Affaires, celui, parfois affublé par ses détracteurs du sobriquet ”papa m'a dit”, peut savourer sa revanche même si, n'étant pas dupe, cette consécration lui est égale.
Attendons de lire l'article (certainement dithyrambique) pour connaître les raisons de cette élogieuse distinction qui tombe à pic.
En effet, Bredin Prat part s'installer au 53 quai d'Orsay, emménager dans les 9200 m2 (à 800 € le m2/an) de l'ancien siège social de la SEITA. Immeuble Art Déco inoccupé depuis le départ, en 2011, de Latham & Watkins en contentieux avec le bailleur, le fonds allemand KanAm. Ce dernier conseillé par Gide, a soutenu (à tort) qu'il avait signé un bail civil et non commercial avant de se voir appliquer la clause de révision de loyer, avec à la clé le remboursement à l'occupant de 7 M€. Cet espace, un peu surdimmensionné pour la taille de Bredin Prat, ne va pas manquer d'être mis à profit, l'an prochain, pour les 50 ans du cabinet.
En tout cas, avec un tel volume, la collection d'Art Moderne de la famille y sera moins à l'étroit que dans les précédents locaux. Idem pour les oeuvres des lauréats et les nombreux invités du Prix Jean- François Prat créé, en 2012, en sa mémoire.
Quant à Didier Martin, l'initiative d'Option Droit des Affaires le plonge, bien malgré lui, dans l'embarras. Il s'attend à devoir expliquer à son épouse comment se fait-il que ce n'est pas lui qui l'ait reçu? A n'en pas douter, il va devoir se préparer à réaliser l'une des plus difficiles plaidoiries de sa carrière.