Cet aveu là, Costa Gravas ne doit pas le partager tant lui, Nikos Aliagas et d'autres personnalités, de tout genre, apprécient le sens de l'accueil d'Andreas et des 2 frères Evagoras. Mais pour celui qui a connu, étudiant en droit rue d'Assas, la 1ère adresse des frères Mavrommatis, dès son ouverture, en 1981, assister à sa déchéance est un véritable crève-coeur.
A croire que depuis que le chef, Andreas Mavrommatis a obtenu, en février dernier, son * au Michelin, après avoir sué sang et eau, il n'y a plus que le restaurant gastronomique qui compte. Lequel après sa consécration étoilée, a fermé pour 5 mois de travaux.
Réouvert depuis peu, le décorateur Régis Botta l'a transformé en s'inspirant des maisons troglodytes de Santorin avec un mêlange de pierres, bois et incrustations mais de façon moins accomplie que le Palais Bulles d'Antti Lovag, l'une des demeures de Pierre Cardin.
A deux pas de l'établissement de la rue Daubenton, la taverne de la rue Candolle a conservé son côté spartiate qui s'est accentué avec le temps. L'accès aux toilettes reste toujours aussi périlleux surtout dans le sens de la descente. En revanche, ses spécialités grecques préparées par une famille d'origine chypriote (du Sud de l'île) ont perdu leur fraîcheur et leurs parfums ensoleillés d'antan.
Déjà lors de la dernière visite, un déjeuner qui remonte à l'été 2016, avec un confrère de Marianne, non loin de la table que Patrick Devedjian partageait avec Andreas Mavrommatis, les Keftédès (boulettes d’agneau et de veau à la menthe fraîche) laissaient à désirer.
Mais ce soir là, après avoir assisté, près de 2 heures durant, à une conférence à Paris II Sorbonne co-organisée par Sciences Po Finance, Essec Transaction et Assas Finance, sur le rôle des banquiers et des avocats en M&A, laisser les étudiants et les intervenants entre eux, poursuivre les échanges de façon informelle autour d’un cocktail (de leur âge), fût l'option retenue. D'autant que certaines questions posées montraient bien que la matière n'était pas encore tout à fait assimilée mais en revanche que leur auteur était inconscient ou désinhibé voire même effronté. L'exercice revenant peu ou prou à un saut à l'élastique réalisé en dehors des règles de l'art. Que ces étudiants dont les professeurs ne sont pas toujours à la hauteur de leur réputation, se rassurent, plus tard dans leur vie professionnelle et cela n'est plus excusable, ils seront amenés à croiser ce type de profil, non sans rappeler celui de Léonard Michalon.
Maîtrisant le sujet tout en distillant son expérience à bon escient, Xavier Petet, counsel chez Clifford Chance s'est retrouvé très entouré (par plus d'étudiants que d'étudiantes) à la sortie de l'amphithéâtre. A croire que certains d'entre eux s'étaient mépris sur le sens de l'expression closing entendue plus tôt. A moins que la visibilité du magic circle aux derniers Gay Games les ait persuadés que la law firm voulait élargir le cercle de ses collaborateurs.
Pris de nostalgie et se trouvant à 10' à pied des Délices d'Aphrodite dont les cuisines ferment à 23h00, l'ancien étudiant en droit qui le fréquentait à l'époque avec Yasmina Comnos, s'y rendit, en oubliant que c'était le jour de l'anniversaire de Jacques Chirac.
Réputé pour son coup de fourchette, notre ancien président avait confié à Pierre Moscovici et Hubert Védrine, surpris de le voir se resservir 4 fois au petit déjeuner avant un voyage officiel dans un pays d'Europe Orientale, qu'il prenait des réserves avant d'affronter l'immanquable Moussaka que son hôte allait lui servir à midi. Ayant prévu de ne pas terminer son plat, sous un prétexte quelconque, prévoyant, il prenait les devants pour éviter d'avoir faim.
A l'intérieur du cadre bleu et blanc censé rappeler, à certains, les paysages des Cyclades, la doublure de Michaelis (absent ce soir là) devait avoir hâte de rentrer chez lui, certainement après une longue journée tant il a été difficile, en dépit de son amabilité, d'être assis à une table avec une nappe au lieu de dîner sur un set de table.
Déçue par l'entrée, un Hoummous et une aubergine fumée (9.90 €) totalement insipides et heureusement servis en petite portion (cela passe mieux) la personne qui l'avait commandée, regrettait à voix basse le délicieux et généreux Hoummous (8 €) de Rimal. De loin, la référence en cuisine méditéranéenne, ce restaurant gastronomique libanais n'a jamais répondu aux sollicitations du petit guide rouge et lui a encore moins couru après.
Quant à l'autre convive qui avait choisi un Tyropitta (mini feuilleté à la féta de brebis) & Kréatopitta (mini feuilleté d’agneau au fromage kasséri et menthe) à 12,50 €, mal réchauffés (au micro-ondes vu l'aspect et la texture du plat), il les renvoya en cuisine. A leur retour, 4' plus tard, une seule bouchée suffit pour s'en convaincre.
Pour ne pas rester sur une mauvaise impression, un gratin de légumes (19,50 €) et une moussaka (19.50 €) suivirent. Venant du même laboratoire que celui de la boutique Mavrommatis de la rue Censier qui juxte celle de l'excellent pâtissier Carl Marletti, ces 2 plats (réchauffés) n'étaient pas dignes de la déesse de l'amour et de la beauté. Pour faire plus court, ils n'avaient rien d'aphrodisiaque.
Quant à ceux qui considèrent qu'un repas sans dessert c'est comme passer un week end sans fille (ou sans garçon pour d'autres), finir sur une note sucrée s'imposait.
Malheureusement le Mahalepi (crème de lait à la fleur d'oranger) servi à 9 €, avait un arrière goût de savon à vous faire regretter le délicat Mouhallabieh, son équivalent libanais plus élaboré que l'on savoure chez Rimal.
Mais en souvenir du bon vieux temps et pour tenter de leurs venir en aide, souhaitons aux frères Mavrommatis qu'ils puissent redresser au plus vite cette adresse qui a fait leur succès avant de perdre son âme. Cette miséricorde qu'Angela Merkel n'a pas accordé aux grecs, à ses yeux coupables de n'avoir pas respecté les règles et d'avoir menti, suffira-t-elle ? Sachant qu'il est déjà trop tard pour effacer certains commentaires désobligeants comme cher et mauvais, sans intérêt, à fuir à tout prix !