”Mieux vaut faire envie que pitié” et en ces temps de fêtes, les adeptes du ”bling bling” ne renieront pas cet adage que certains ont adopté dés leur plus jeune âge toute confession confondue.
Chez les plus précoces d’entre eux, la recherche de signes extérieurs - mais pas toujours de richesse - est un mode de ralliement.
Pour se reconnaître, ils n’ont pas besoin d’arborer un insigne ou un écusson comme les membres de l’ordre de la jarretière dont la célèbre devise ”honi soi qui mal y pense” figurait en bonne place dans les catalogues de feu Old England sous forme de boutons de manchette ou d’écusson.
Il fût un temps où ce blason ou d’autres du même acabit, porté sur un blazer bleu marine, faisait office de tenue correcte avec un pantalon en flanelle et des Alden ou mieux des Brooks Brothers au pied dans les rallyes parisiens, lieu de rencontre des enfants de la haute bourgeoisie.
Aujourd’hui, il n’y a plus que les élèves des pensionnats privés dont les parents ont les moyens de dépenser 20.000 €/an qui portent encore l’écusson de leur école.
Exception faite des anciens combattants assistant impassibles aux interminables prises d’armes pour commémorer la mémoire des leurs tombés au champ d'honneur.
Une exemplarité peu suivie par une certaine jeunesse dont la position sociale des parents les autorise, voir les encourage à se faire remarquer. Et pas seulement sur le plan vestimentaire.
Cette définition pourrait s’appliquer aux rejetons de la gentry où se mêlent l’aristocratie et la haute bourgeoisie britannique.
Ces adolescents font parfois la Une des tabloïds au grand désespoir de leurs parents voir de tout un peuple comme ce fût le cas quand l’un d’entre eux - et non des moindres - apparu au cours d’une soirée déguisée, dans une tenue conçue à ses débuts par Hugo Boss destinée aux officiers de l’Afrika Korps.
Comble de l’indigne (et au passage de l'ignorance), ce représentant de la Couronne et cadet de l'académie royale militaire de Standhurst s'était aussi entiché d'un brassard à croix gammée, idéologie pourtant rejetée par la plupart des officiers de cette unité et en particulier de l'illustre Col Claus von Stauffenberg.
D’autres moyens plus appropriés auraient pu rappeler l’appartenance de sa lignée à la Maison de Hanovre dont l’actuel chef est Ernst-Auguste, le mari de Caroline de Monaco.
Pas besoin d'avoir du sang bleu et de fréquenter les public school pour se distinguer et parfois sortir du lot. Ce petit-fils d'un ancien dictateur africain du pré-carré, adepte de Napoléon 1er arrive plus ou moins à tromper son monde en s'attirant sympathie et estime au-delà du petit cercle de trompes-l'oeil qui l'entoure.
Idem pour Malcom McDowell découvert dans If, Palme d’Or à Cannes (1969) dont la description du système éducatif britannique tranche avec celle plus acidulée d'Eton décrite dans Another Country avec un Ruppert Everet plus vrai que nature.
Bien plus tard, l'acteur délaissera les habits de Guy Burgess pour endosser ceux du truculent Charles de Poulignac dans People (2004). Un statut que certains de ces jeunes aspirent à devenir tôt ou tard.
Si le 7ème art s’est penché avec plus ou moins de succès sur leurs parents dans La vérité si je mens, Coco, Comme t’y est belle et même dans un autre registre que celui de la comédie sur leurs grands-parents dans Le coup de Sirocco, aucun film ne leur a été consacré.
Un oubli qu'ils ne regrettent pas surtout après avoir vu comment leur alter ego les ”bons chics bon genres” aussi appelé Chabert, un nom connu dans le petit monde du M&A, ont été caricaturés dans l’insipide Neuilly sa mère. Eux méritent mieux et ils le savent ! Et comment pourrait-il en être autrement?
A l’âge où leurs camarades déjeunent en famille avec quelques invités autour d’un bon repas - mais sans plus - après avoir célébré leur communion solennelle, eux fêtent leur Bar Mitzvah (pour les garçons) ou leur Bat Mitzvah (pour les filles).
Un événement célébré comme il se doit où certaines réceptions n’ont rien à envier à celles données par Eddie Barclay. A la différence près qu'à 13 ans, ce dernier aidait ses parents, des bougnats installés en face de la gare de Lyon.
Depuis son ouverture, le Shangri La a surpassé le Doyen, le Pré Catelan, les Pavillons d’Armenonville et Gabriel de Potel & Chabot auprès de ceux qui disposent d'un budget no limit.
Pour la Bar Mitzvah de son fils, Arnaud Mimran n'a pas hésité à inviter Puff Daddy, Pharrell Williams, Patrick Bruel, Craig David, Bar Refaeli et Akon. En guise de carton d'invitation chacun des 500 invités a reçu un Ipad sans trop se soucier de l'origine de toute cette abondance.
Pour les autres qui en sont dépourvus mais veulent tenter de faire illusion, le Salon Hoche est une destination prisée. Mais attention à ne pas se tromper de salons quand plusieurs bar mitzvah ont lieu en même temps.
Au premier abord, cet endroit ”tape à l’œil” se situe aux antipodes de l’austère Cercle Militaire, place Saint Augustin. Mais à y regarder de plus prés pas tant que cela. En effet, ces lieux partagent certains points communs.
Au Cercle ont lieu aussi en duplex, plusieurs soirées de mariage souvent entre ”redede” désargentés sous la surveillance de belles mères à l’affût des ”pique-assiettes” en tout genre.
Surnommés ”Chalala” par une partie de la communauté à qui ils mettent parfois ”la hchouma” selon l'expression consacrée - eu égard à l'image véhiculée par ces adolescents aux repères plus ou moins faussés -, ces groupes de jeunes sont ouverts à presque toutes les religions même si certaines sont plus représentées que d'autres. En tout cas, Il est moins difficile d’en faire partie que de voyager avec des routards israéliens réputés pour leur sens de l'hospitalité.
Habitués à se retrouver et à déambuler dans les beaux quartiers de la Capitale - 16ème (Nord), Neuilly et la Plaine Monceau -, où la plupart habite et y est scolarisée, certains sont livrés à eux même par leurs parents divorcés.
Alors que leur père s'est remarié ou vit dans le pêché avec une femme beaucoup plus jeune d'une autre religion, leur mère cherche désespérément à se recaser avec un homme pouvant continuer à lui assurer son train de vie.
Du coup, l'argent de poche fait office d'ersatz, en tout cas pas d'éducation. Et si jamais ils n'en n'ont pas assez, ils savent monétiser les actifs fongibles comme les sacs à main de leur mère ou les montres et les bouteilles de vin de leur père. Cela est plus discret que de leur subtiliser leur CB pour épater la galerie.
Mais elle reste indispensable pour faire venir une go-go danseuse comme cadeau d'anniversaire à un ami qui se retrouve à 14 ans à découvrir l'origine du monde surtout qu'à cet âge là, certains n'ont pas les yeux dans leurs poches. Demander à l'une ou l'un d'entre eux, ce qui veulent faire plus tard et invariablement la plupart vous répondent “être riche”!
En principe, ils fréquentent les collèges de la République comme Janson de Sailly, Molière, Pasteur, Saint James, Carnot et pour les rares qui sont inscrits en cours privés à Active Bilingues.
Une adresse moins recommandable que d’autres écoles privées comme Franklin, Saint Jean de Passy, Lubeck, La Tour, Saint-Dominique ou encore Sainte Croix à Neuilly.
Ces établissements où la discipline est réputée plus stricte que dans le public, sont peu propices à leur mode de vie. Pour certains, ils leurs sont même hostiles.
Là-bas, ils ont aussi plus de chance d’y supporter les remarques condescendantes de leurs camarades dont les parents émargent eux aussi à l’ISF que dans le public où ils s’attirent, en général, les regards envieux des autres élèves moins aisés. De toute façon, ils ne laissent pas indifférents.
Au point qu’à chaque rentrée en 6ème, le Proviseur de Janson de Sailly n'hésite pas à accueillir les parents, en les exhortant à ne pas laisser leurs enfants venir au collège avec des objets de valeur.
Tout le monde sait à qui le message s’adresse. Équipés toutes options, ces collégiens peuvent disposer sur eux d’une panoplie digne d’un cadre supérieur. A la différence près qu'ils n'ont qu'à piocher dans leur argent de poche alors que les adultes doivent attendre le feu vert de leur hiérarchie pour les passer en note de frais.
Sans chercher à être désagréable, ils peuvent facilement dire à quelqu'un de l'establishment dont ils ne feront jamais partie, “il faut tout de même investir un peu” si jamais vous ne disposez pas du dernier modèle qui vient de sortir.
Cette frénésie de consommation fait la joie des marques qui ”ont la cote ” auprès de ces adolescents à fort pouvoir d’achat dont la philosophie de la vie est une adaptation personnelle de Carpe Diem, cette locution extraite d’un poème d’Horace reprise dans ”Dead Poets Society”.
Ne pouvoir rien refuser à ses enfants pour leur donner souvent ce que l'on n'a pas eu dans sa jeunesse n'est pas un crime ! Surtout quand on a dû quitter son pays avec comme seule alternative la valise ou le cercueil. Sans oublier que certaines mères Séfarades considèrent leur homologue Ashkénaze comme des castratrices.
Oubliant comme cette descendante de l'inventeur de la Boukha, connue pour son langage fleuri, que la mère de son mari, l'un des tout meilleurs lawyers en finance de la Place, est Ashkénaze.
A croire qu'elle est tombée dedans quand elle était petite comme Obélix. Son coach sportif s'employant à ce que ce cordon bleu ne lui ressemble pas.
Phénomène récent, l'apparition des Chalalas remonte au début des années 80 et à son origine, il ne concernait que les garçons. Il fallut attendre l’émergence d’une bourgeoisie ”pied noir” dont les enfants - une fois adolescent -, ont profité de la réussite de leurs parents dont certains s’étaient laissés séduire par la mode yé-yé.
A l’époque, le New Store des Champs Elysées était leur point de ralliement. Aujourd’hui, le Scossa Place Victor Hugo et d’autres lieux de rendez-vous aux alentours, ont pris le relais.
A 16 ans, les mercredi et samedi après-midi, leurs ainés se retrouvaient entre copains en Chappy avec au pied des Sebago ou pour les plus chanceux des Weston et sur le dos un dubon ou un flight jacket.
Associé chez Ayache Salama, cet ex-Chalala dont le père, serrurier, a fait fortune en franchisant son concept, n’a absolument rien perdu de ses habitudes à 50 ans passés. Sauf que maintenant, il chausse des Berluti, porte au poignet une portugaise d’IWC après s’être lassé de sa Paneirai Luminor et circule en scooter TMAX avec sur le dos une doudoune Moncler.
On peut avoir des penchants Chalala et être bon élève à l'école comme cette jeune fille dont les goûts vestimentaires - déjà toute petite- n’avaient rien à envier à ceux aiguisés d’une rédactrice en chef de magazine de mode.
En âge de se marier, la position de son boy friend américain qui ne vit pas à Borough Park à Brooklyn, fait beaucoup jaser. Au point de se demander, si certaines mères juives, pour le moins envieuses, ne souhaiteraient pas que la réception du mariage ne finisse comme celle de Relatos salvajes (2014), le film argentin calqué sur I mostri (1963), réalisé par Damián Szifró et produit par Pedro Almodovar.
Si chez les garçons, la garde de robe type s’articule autour de jean Diesel ou True Religion, de pull camionneur Abercrombie & Fitch, de basket Nike sans oublier le maillot du PSG, chez les filles, la panoplie est largement plus sophistiquée.
A côté de Zadig & Voltaire, True Religion, Boy Friend, Manouche, Paul & Jo, se côtoient Moncler dont les tailles débutent comme chez Petit Bateau dés le plus jeune âge.
Idem pour Doc Martens, portée dans les 50's par le milieu ouvrier avant d’être adoptée par les skinheads, cette marque rachetée par Permira, déjà propriétaire d'Hugo Boss et de Valentino, pour 350 M€ a séduit - pour son plus grand bénéfice - une clientèle plus jeune et jolie.
Quant à Moncler, n'en déplaise à certains, moribonde en 2003, cette marque a bénéficié en plus du coup de génie de Remo Ruffini qui a remis au goût du jour la désuète doudoune, d'un coup de pouce des Chalalas qui ont (largement) contribué à sa résurrection.
Ensuite, ces jeunes ont été relayés par la clientèle chinoise et sa cohorte de Tu Hao (土豪), Bao Fa Hu (暴发户) et Mai Dan Xia (埋单侠), tous enviés par les Diao Si (屌丝).
Ces adeptes du ”bling bling” régulièrement épinglés par la blogosphère locale, ont le don d'exaspérer bon nombre de chinois devant tant d'indécence. Surtout quand les fils - Gao Fu Shuai (高富帅) - et les filles - Bai Fu Mei (白富美) - à papa s'y mettent sans réfléchir aux conséquences de leurs frasques.
Ling Jihua, l'ex-directeur général du Comité central du PCC l'a appris à ses dépens après que la jeunesse de son fils pris fin prématurément au volant d'une F458 noire avec 2 jeunes filles, retrouvées en petite tenue.
Dans l'Empire du Milieu, ces débordements font regretter à certains, l'abolition par Xi Jinping des camps de rééducation par le travail !