Breakfast at Plaza: what else?

décembre 18, 2010

L’auteur de l’article ’’8h30 au Plaza, rdv du CAC 40’’, désormais '’tricard'’ dans ce palace, aurait été bien inspiré de reprendre à son compte le slogan ’’Don’t judge too quickly'’ adopté par Ameriquest Mortgage.
En dépit d’un petit air de ressemblance avec l’une des passagères du spot de l’avion, ce fut manifestement au-dessus de ses moyens.
Mais comment pouvait-il en être autrement quand ce banquier, époux de la directrice générale d’Artemis, l’actionnaire du Point, préfère se rabattre sur Ladurée rue Royale, plutôt que de prendre un breakfast continental au Plaza, par souci d'économie de bouts de chandelle.
Dans ce salon de thé où la proximité des tables défie les lois de la discrétion, pas de risque de croiser le gotha de la haute finance, pas même leurs assistantes.
Habitués à fréquenter des endroits plus exclusifs comme le Polo de Paris, le Tir aux Pigeons ou le Jockey Club, ces décideurs attachent beaucoup d’importance à la bien séance et affectionnent les lieux où le service n’a rien à envier à celui d’un mess d’officiers, là où les convives sont, en général, peu enclins - en particulier à la Légion Etrangère - à tolérer de leurs subalternes le moindre écart. Cet état d’esprit ne semble pas obséder le personnel des élégants salons d’HSBCMata Hari fut arrêtée. Autre lieu chargé d’histoire, les salons de BNP Paribas situés à l'orangerie de la banque où fut célébrée l’union entre l’Empereur et Joséphine de Beauharnais.
A l’exception de BNP Paribas, Lazard et Rothschild & Cie, rares sont les banques en mesure de recevoir leurs clients avec un certain égard. Si le 36ème étage de la tour SG et le 14ème du siège de CA CIB, malgré tous leurs efforts, se situent, à peine, au niveau d’un mess de sous-officiers, la situation n'est pas plus enviable chez les banques étrangères, à l’exception de JP Morgan.
Chez la plupart des grandes entreprises et des law firms, les invités ne sont pas mieux lotis. Ce cabinet dont la réputation n’est plus à faire, reçoit les visiteurs de marque avec des viennoiseries de Dalloyau qui se trouve juste en face, voire avec des gâteaux secs (de marque distributeur) quand vous êtes reçu par Benjamin Kanovitch. Mais déjà qu'avec un morceau de pain et des olives, il remercie Dieu, on ne peut lui en vouloir.
Pour satisfaire les plus exigeants, il ne reste plus que les palaces au nombre de 7 (comme le nombre des péchés capitaux) à Paris depuis l’ouverture du Shangri La. Même si le Royal Monceau Raffles ne fait pas partie de ce club, un personnel qui fait encore ses classes y sert un breakfast continental avec un bon rapport qualité prix.
Mais tous ces établissements où le minimun syndical est assuré par les banquets, en charge notamment des road show - et pour cela inutile de compter dans ses effectifs le fils d’un responsable d’une grande centrale ouvrière aussi à l'aise dans cet exercice qu'un éléphant dans un magazin de porcelaine -, réservent le must aux privilégiés qui passent la porte de leur restaurant.
En dépit d’une politique tarifaire qui a conduit, en 2005, la DGCRF a infligé une série de sanctions, Meurice (55.000 €), Bristol (81.000 €), Ritz (104.000 €), Plaza Athénée (106.000 €), Four Seasons Georges V (115.000 €) et Crillon (248.000 €), ces hôtels de luxe n’offrent pas tous la même qualité de prestations aux petits-déjeuners, loin s’en faut !
Deux et non des moindres, le Plaza et le Georges V, se détachent nettement, reléguant en queue de peloton le Bristol, plus agréable l’été que l’hiver, et le Ritz dont la vente attendue après celle d’Harrod’s à QIA pour 1,5 Md£, n'a pas eu lieu.
Une place que le Crillon aux chambres décaties, racheté 250 M€ par le fils aîné du roi Abdallah, est en passe de leur disputer avant sa fermeture pour travaux après celle du Ritz prévue en juin 2012. Quant au Meurice dont le choix se limite à des croissants et pains au chocolat accompagnés de simples confitures Fauchon, il n’est évidemment pas l’endroit le plus couru de Paris même si les délégations chinoises s'y succèdent.
Là où l’on peut considérer que le Plaza fait la différence avec le Georges V, c’est au niveau de l’atmosphère ’’régnante’’. Les habitués du 25 avenue Montaigne s’y sentent chez eux et ont plaisir à s’y retrouver. Mais, contrairement à une enquête menée de façon expéditive et loin d’avoir été réalisée selon les règles de l’art par Mélanie Delattre, les patrons du CAC 40 ne s’y bousculent pas. A l’exception de Nicolas Bazire, bras droit du plus important si l'on en juge par sa fortune personnelle, lequel vient en voisin. On le croise souvent le midi chez Hanawa.
Les autres capitaines d'industrie n'y ont pas leurs habitudes. Au mieux, les plus chanceux ont pu apercevoir Stéphane Richard s’entretenant avec un convive retiré des affaires, Patrick Kron en compagnie de Jean-Bernard Lafonta, Franck Riboud avec Amaury de Sèze, Thierry Breton avec Franck Dangeard, Patrick Sayer avec Alain Madelin, jeune recrue du private equity.
Sans oublier Denis Hennequin avec l'une de ses ex-collaboratrices passée chez LVMH cela avant qu’il ne quitte le fast food pour l’hôtellerie grand public. Ceux qui ont cru reconnaître Henri Proglio - un habitué du Bristol - l’ont confondu avec René, son jumeau de Morgan Stanley.
En fait, les clients les plus réguliers du Plaza sont les banquiers d’affaires avec le grade de managing director ou d’associés gérants comme Thierry d’Argent ou encore Marc Vincent.
Homme de goût et de discrétion, Nadim Barouki y a ses habitudes et, malgré l’affluence des lieux, est toujours assuré de trouver une table libre. Une faveur accordée par la brigade du Plaza - dont le sens du discernement n’est pas la dernière ni la seule qualité -, à quelques rares clients dont Georges Terrier, Denis Kessler et Alain Minc font notamment partie. Aucun risque de les trouver comme certains, attablés dans la galerie des Gobelins sauf à leur demande.
Redevenu banquier d’affaires, J2M y fait quelques furtives apparitions, la dernière en compagnie d’Eric Revel de LCI. A l’instar de Nicolas Beytoux surpris avec le managing partner d'un magic circle proche de l'hôtel, tenant sa tasse comme un paysan son bol, ce dernier n’est pas le journaliste le plus assidu des lieux. Ceux qui ont reconnu Paul Lignières connu pour avoir les 2 pieds dans le même sabot, n'ont pas fait fausse route.
Le private equity gagnerait à être mieux représenté. Cette practice doit se contenter de l'être par Lionel Zinsou, auteur d'un putsch chez PAI et Jean-Luc Allavena, l’un des monégasques proche d’Alain Ducasse, ou encore Frédéric Stolar.
Il arrive aussi au Plaza de perdre des clients mais le plus souvent pour cause de rappel à Dieu ou d’émigration comme ce cousin d’Amériques, grand amateur de poupées russes, parti pour de nouvelles aventures au pays des Soviets.