Hermès : de Chantilly au Grand Palais toujours avec la crème

avril 19, 2013

Forcément quand Hermès fait quelque chose, ce ne peut être qu' ”absolument génial et sensationnel” selon les mots employés par Bernard Arnault s'accordant un petit brin de fantaisie lors de l'AG de LVMH, le temps de vanter les bienfaits de ”l'Or de vie”, une crème de soin de Dior à base de cire de sarment d’Yquem. Au 24 faubourg, on ne fait pas dans la cosmétique mais dans l'authentique. Ce n'est pas pour rien que les articles de maroquinerie ont la réputation d' ”avoir le cuir dur” comme les occupants des lieux qui ne s'en laissent pas conter surtout quand on les met devant le fait accompli.
Remettre l'ouvrage sur l'établi fait aussi partie du quotidien de la Maison en particulier de ses artisans. Après avoir contribué, un quart de siècle (1983-2007) durant, au rayonnement international du Prix de Diane, la marque de luxe par excellence s'est lancée un nouveau défi, là où 15 ans plus tôt, le CCF s'était aventuré dans l'outdoor devant l'Ecole Militaire.
Abandonnant Chantilly en laissant derrière lui de nombreux nostalgiques heureusement moins remontés que ceux de l'Algérie française, Hermès s'est invité, en 2010, au Grand Palais avec pour objectif de redonner ses lettres de noblesse à ce haut lieu de l'équitation. Très prisé de la vie parisienne, il accueillit de 1901 à 1957 des concours hippique, d'attelages et de sauts d'obstacles.
Avec l'efficacité et l'humilité qui le caractérisent, le sellier harnacheur établi depuis 1837 comme il aime à se définir, a imaginé et créé de toute pièce un concours international de saut d'obstacles rapidement devenu l'un des plus prestigieux Grand Prix indoor du circuit. Sans surprise, la fédération internationale d'équitation ne tarda pas à lui accorder le label CSI 5*, la plus haute classification de cette discipline olympique.
Avec sa touche si personnelle, Hermès apporte à cette compétition une dimension particulière. Chaque année, la scénographie, les spectacles et les animations ajoutent aux performances des cavaliers et de leur monture, un esprit festif avec pour dénominateur commun : le cheval dont une sculpture en bois de Pégase trône à l'entrée de la nef du Grand Palais.
Pour sa 4ème édition, le Saut Hermès a convié les écuyers du Cadre Noir de Saumur et les Elastonautes, une compagnie qu'accompagne la fondation Hermès pour la danse. De cette rencontre originale est né le spectacle ”Entre ciel et terre” qui allie précision, grâce, puissance et apesanteur.
Durant les 3 journées de compétition conclues par la victoire du quadruple champion olympique, l'allemand Ludger Beerbaum, arrivé la veille avec un seul cheval, Chaman, et auteur d'un double sans faute au Grand Prix Hermès doté de 411.500 €, 12.000 spectateurs ont suivi les épreuves avec ferveur et tact, retenant leur souffle au passage du vertical orange.
Plus habitué aux loges du court central et aux vociférations du public de Rolland Garros, Arnaud Lagardère s'est montré avec Jade Foret juste après avoir cédé 7,5 % d'EADS pour 2,350 Md€. Trop occupés à finaliser cette transaction, plusieurs associés de Darrois Villey invités par Hermès, n'ont pas pu se déplacer. Autre protagoniste du dossier, Laurent Dassault était présent. N'étant pas de service au Plaza Athénée, Alain Ducasse a fait un saut au Grand Palais, de quoi donner des sueurs froides à Saint Clair, le traiteur attitré d'Hermès, capable de se surpasser pour les grandes occasions comme en témoigne la surprenante pizza au chocolat servie aux convives.
Grand adepte de cette discipline mixte où les femmes sont l'égal des hommes, Jean Rochefort a apprécié, en spécialiste, les performances des cavaliers et notamment celles de la française Pénélope Leprévost sur Nayana. D'où la présence dans les tribunes d'un imminent représentant du private equity, Dominique Mégret, l'heureux propriétaire de cette formidable jument de 12 ans.
Porte drapeau de la campagne de la Fédération Française d'équitation, Thierry Lhermitte n'a pas fait faux bond à l'évènement à la différence de Guillaume Canet, scénariste et acteur du film ”Jappeloup” dont l'hommage à ce cheval de légende faisait l'objet de commentaires appuyés dans les travées du Grand Palais de la part d'un tout jeune cavalier émerveillé par la démonstration de Nicolas Andréani, champion du monde de voltige équestre.