C'est pour intégrer le staff d'un prestigieux palace et s'y retrouver plus vite au sommet que certains suivent une scolarité à 120.000 CHF dans des écoles hôtelières de renom dont les diplômés sont autant appréciés que les truffes par des chefs comme Alain Ducasse.
Pour ceux moins fortunés inscrits en CAP, le chemin sera plus long et difficile. Sortis du rang, certains peuvent faire une belle carrière à force de détermination et de talent. François Delahaye, le charismatique DG du Plaza également COO de Dorchester Collection, auteur d'un parcours exemplaire, en est le parfait exemple. Avant d'intégrer l’Ecole Hôtelière de Saint Cergue (Suisse), il a débuté à 17 ans dans un restaurant lillois avant d'entrer, à 19 ans, au service du Duc de Westminster en qualité de valet de pied.
C'est en Suisse, pays d'accueil par tradition, où l'on trouve les meilleures d'entre elles. La plus ancienne, l'Ecole Hôtelière de Lausanne (1883) dont l'un des enfants de Patrick Sayer y effectue sa scolarité, fait figure de référence en hospitality management juste devant celle des Glion (1962) et Les Roches (1954) toutes les 2 dans le giron de Laureate.
Avec plus d'1 million d'étudiants scolarisés dans 80 établissements répartis dans 28 pays à travers le monde, c'est le plus important groupe d'enseignement supérieur privé au monde. En prélude à son projet d'IPO, Laureate détenu notamment par KKR et Bregal, l'ex-propriétaire de Studialis, a décidé de se retirer de Suisse mais également de France. L'annonce de la vente de ses 4 établissements - École Centrale d’Electronique, École Supérieure du Commerce Extérieur, European Business School Paris et l'Institut Français de Gestion -, au CA (85 M€) pour 15 M€ d'Ebitda, ne saurait tarder.
Déjà intéressé par Studialis qu'il a préféré laisser (à ce prix là) à Providence, Eurazeo, très au fait des besoins en personnel de qualité du secteur hôtelier avec Accor dont il a longtemps était l'actionnaire de référence, s'est beaucoup investi. Au finish, il a distancé Capvis Equity Partners AG et Barings Private Equity propriétaire de Nord Anglia Education en valorisant (380 MCHF) la cible au CA (170 MCHF) pour 28 MCHF d'Ebitda. L'apport par ICG d'un unirate (170 MCHF à 7 ans) sans warrant à 7,5% cash limite le niveau d'equity à 220 MCHF.
Outre l'étude de build up en fonction des opportunités, l'inauguration de nouveaux campus en plus de ceux déjà ouverts (Royaume-Uni, Espagne, Jordanie, Chine et bientôt aux Etats-Unis) est prévue comme le renforcement de l'offre executive et la formation continue on line.
Accueillant chaque année 4900 étudiants issus du monde entier, ces 2 écoles affichent un plus faible contingent suisse que l'EHL.Il est vrai que l'Etat fédéral prend à sa charge la moitié des frais de scolarité de ses nationaux dans cet établissement. Des bourses ou des prêts étudiants sont également disponibles pour des frais de scolarité dépassant les 25.000 CHF par an avec un taux d'embauche à la sortie proche de 100%. Au bout de quelques mois, les jeunes diplômés occupent, en général, un poste de supervisor, un rang entre assistant (1650 €/mois) et maître d'hôtel (1850 €/mois). Soit l'équivalent de la solde d'un sous-lieutenant ou enseigne de vaisseau de 2ème classe (1852.81 €/mois) pour un célibataire sans enfants à charge (1er échelon), un autre métier où la rigueur, la tenue, la discipline et les astreintes sont de mise.
A la différence près (il y en a d'autres) que pendant leurs études (3 ans), les élèves officiers reçus sur concours (Bac+4) perçoivent 1559.68 €/mois remboursables en cas de pantouflage.
■ Intervenants : Eurazeo (Virginie Morgon, Viviane Akriche), Crédit Suisse (Sam Shah), ICG (Mathieu Vigier), Bredin Prat (Benjamin Kanovitch, Martin Jaunait), WFG (Paul Lombard).