Pour être franc, vous n'aviez pas prévu de déjeuner 2 jours d'affilée dans un restaurant japonais mais le plaisir de retrouver un vieil ami, patron d'une salle de boxe à Clichy où le sang et la sueur coulent à flot, vous a fait baisser votre garde.
La veille chez Kiyomizu, non loin de Weil Gotshal, tout c'était déroulé à merveille et votre convive vous avez confié que le choix du lieu non seulement lui convenait mais qu'il espérait bien pouvoir se retrouver à la même table dès le lendemain. Certainement pour une question de Feng Shui.
Malheureusement les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Pour répondre favorablement aux contraintes de temps de votre autre convive confortablement installé Place Vendôme à côté du Ritz, vous acceptez à contre coeur d'aller chez Kinu.
La dernière fois que vous y avez été le restaurant s'appelait Kinugawa et cela remonte à 2010. Précisément le jour de la publication dans Les Echos de l'arrivée de l'équipe infra de Freshfields chez Willkie Farr Gallagher. En entrant, vous aviez croisé Marc Lavoine et échangé quelques mots avec lui.
Concours de circonstances, ce jour là, vous aviez prévu de déjeuner de longue date avec Daniel Payan, lequel 6 mois plus tôt vous avez invité à L'Epicure au Bristol, vous laissant même choisir le vin, pour solliciter votre humble avis sur le bon usage des agences de com pour faciliter l'annonce de mouvements dans la presse.
Manifestement, il n'avait pas été très attentif à ce que vous lui aviez dit puisqu'il venait de découvrir, avec stupeur, que la journaliste des Echos n'avait pas respecté l'embargo auquel elle s'était engagée. Comment s'étonner alors qu'Aroun Benhaddou inspiré par Muriel Jasor ait été surpris à en faire autant en quittant L'Agefi.
Pour ne pas l'accabler, mettons cela sur le compte d'une erreur de jeunesse.
En tout cas, le déjeuner avait été tendu. Ne sachant pas comment réagir, votre convive dont le Blackberry ne cessait de vibrer en raison des appels de son bureau de New York ayant été contacté dès potron minet par celui de Freshfields Londres, se décomposait lentement mais sûrement.
Incapable d'assumer son erreur et de se contenir, ne sachant plus à quel saint se vouer, ce qui devait arriver, arriva, il perdit pied et l'estime de celui qu'il avait invité. Lequel ne le reverra plus jamais et attend toujours qu'il finisse son ouvrage sur la guerre de Sept Ans (1756-1763). Aujourd'hui de ce transfert, pas moins de 15 avocats à l'époque, depuis le départ de Michael Armandou, en octobre 2021, il ne reste plus qu'Anne-Laure Barel dont le binôme avec Thierry Laloum en marge de celui avec Amir Jahanguiri n'a rien à envier à celui formé par Audrey Nelson et Brice Pommiès, preuve que le travail en équipe paye.
La restauration également si l'on en juge pas les prix pratiqués par Kinu, rapportés à la qualité des plats servis. À l'évidence, son plongeon n'a rien à envier à ceux effectués dans Le Grand Bleu. Un film prisé par Brice Pommiès puisque sa Fiat 500 est la copie conforme de celle d'Enzo.
En tout cas, on peut dire sans trop s'avancer que la copie rendue par les cuisiniers de Kinu fait dans l'indigne. Le black cod sauce miso (44 €), servi en portion congrue et sans accompagnement, est sans saveur. La qualité du cabillaud et sa préparation n'étant pas étrangers à ce résultat.
Quant aux Nori Tostada (28 € les 6 pièces), après en avoir goûté un, votre convive a préféré ne pas prendre de risque. Pour éviter de finir malade comme cet ex-secrétaire général de l'Elysée à sa sortie de chez Matsuhisa, il s'est abstenu de poursuivre sur sa lancée et le serveur a rapporté l'assiette avec les 5 suspects encore intacts. Mais tenaillé par la faim, il a fini les Cali Unagi (20 € les 6 pièces).
Pensant abréger ce supplice avec une simple mangue (12 €) en dessert, la présentation d'un demi de ces fruits à la couleur orange avec des reflets marrons a fait lever de sa chaise le moins bienveillant des 2 convives. Pas l'habitué des lieux qui regardait ses chaussures pour vérifier si l'un de ses lacets était défait alors qu'il portait des mocassins, mais l'autre.
Lequel, aprés avoir traversé la salle à manger redécorée façon fashion week, se dirigeait comme le Cne Stanley White dans Year of the Dragon(1985) vers les cuisines pour réclamer des explications.
Mais se rappelant que le dragon dont c'est l'année calendaire, est le symbole de la sagesse, il se ravisa au dernier moment, en pensant au plat servi à l'occasion du nouvel an chinois. Celui appelé Boudha saute par-dessus le mur pourrait être renommé pour résumer l'expérience vécue chez Kinu, Là où Boudha prend ses jambes à son cou.